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- M. le professeur Charcot vient de publier
dans la New Review un intéressant
article dont nous extrayons les pssagea
suivants:
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- On peut, dit-il, définir le miracle
thérapeutique, et le lois qui
président à sa genèse et
à son évolution commencent
à être suffisamment connues pour
que l'ensemble des faits réunis sous
cette dénomination soient
présentés de manière
précise, de manière à ne
point échapper à
l'appréciation. Nons devons nous
féliciter aussi que, grâce à
une intelligence plus claire de son pouvoir, les
grandes ressources de la guérison par la
foi soient chaque jour plus complètement
dans notre main: et que, par suite la maladie
nous trouve plus fortement armés contre
elle.
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- Là se trouvent groupés tous
les éléments de la
définition que nous nous proposons de
discuter. Ce groupement nous conduira à
une conclusion que je puis, dès à
présent, formuler. La guérison
instantanée produite par la foi et connue
sous le nom de miracle est simplement, comme le
prouve l'immense majorité des cas, un
phénomène naturel, commun à
toutes les époques, aux
procédés les plus
différents de la civilisation et dans les
religions les plus variées. Il est aussi
irrégulier dans ses manifestations et
qu'il est généralisé sous
toutes les latitudes.
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- Les faits miraculeux out un double
caractère : ils naissent d'une
disposition spéciale du patient,
confiance, crédulité,
facilité à la suggestion comme on
dit aujourd'hui, toutes circonstances favorables
à la guérison par la foi, qui sont
du reste, survenues de mille manières
différentes
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- D'autre part, le domaine de cette
guérison par la foi est limité.
Pour produire ses effets, elle ne doit
être employée que dans les cas dont
le traitement réclame, pour unique
intervention, la puissance que l'esprit exerce
sur le corps. Par exemple, on ne saurait
trouver, dans les annales sacrées, de
cures prétendues miraculeuses dans
lesquelles là foi ait suffi pour
rétablir un membre amputé, tandis
qu'au contraire les cas abondent de
guérison de paralysies.
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- M. Charcot établit tout d'abord. une
importante constatation:
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- Les médecins nommés pour
examiner d'un peu près ces miracles. sont
obligés de convenir que la disparition
soudaine de la paralysie et des convulsions
n'est due à aucune cause qui sorte du
domaine de la loi naturelle. Ils se contentent
de chercher à démontrer que les
tumeurs et les ulcères sont marchandise
courante dans le royaume de la
thérapeutique miraculeuse. Cela
même, M. Charcot ne le conteste pas. Il
reconnaît que la foi peut, dans certains
cas, faire disparaître ulcères et
tumeurs; mais il affirme, en revanche, que les
lésions de cette
espèce,malgré leur dissemblance
apparente, sont de la même essence: que la
paralysie dont il a été question
tout l'heure. La science a
démontré que la paralysie et les
convulsions. avaient une commune origine
hystérique, ce qui revient à leur
donner un caractère, non pas organique,
mais dynamique; si l'on arrive donc à
prouver que les cancers et les tumeurs sont
aussi d'origine hystériques et
susceptibles du même traitement que la
paralysie et les convulsions, c'en sera fini de
la théorie des miracles.
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- Que la guérison par la foi, dit M.
Charcot, soit religieuse ou laïque, c'est
une distinction sans aucune importance : le
même travail du cerveau produit dans les
deux cas le même effet. Ce qu'on observera
pour le second cas peut donc, en tout
état de cause, s'appliquer au
premier.
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- L'antiquité et le moyen-âge
fourmillent d'exemples de cette thaumaturgie,
depuis Simon le Magicien jusqu'au prince de
Hobenlohe, au commencement de ce siècle,
sans parler du diacre Paris, qui jouissait du
pouvoir d'accomplir des cures miraculeuses. Et
il est curieux de constater avec quelle
unanimité ces différents
thaumaturges qui, d'ailleurs, appartenaient
presque tous à des ordres religieux,
fondaient des lieux de pèlerinage,
où les miracles continuèrent, bien
entendu, à se produire après leur
mort. Il est à noter que, dans ces
pèlerinages, ce n'est pas la
Divinité elle-même qui est
invoquée, mais ses prophètes ou
ses disciples.
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- Presque toujours, c'est un simple mortel,
favorisé de la canonisation pour avoir,
réalisé des miracles pendant sa
vie. Et souvent, ces thaumaturges eux
mêmes avaient été atteints
pendant presque toute la durée de leur
vie de ces maladies, qu'ils guérissaient
si rapidement chez les autres. Saint
Français d'Assises. et Sainte
Thérèse, dont les
pèlerinages comptent parmi les plus
renommé pour leurs cures miraculeuses,
étaient, à n'en pas douter, des
hystériques. Il faut remarquer
également que les guérisons par la
foi ne produisent pas toute leur
intensité dès le premier
moment.
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- Et, à ce propos, M.Charcot analyse
les phénomènes par lesquels passe
le futur miraculé avant le miracle
lui-même.
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- Un malade entend parler de guérisons
miraculeuses survenues dans tel ou tel
pèlerinage. II est rare qu'il
résiste à la tentation, de s'y
rendre immédiatement. Mais des milliers
de difficultés matérielels
s'opposent, au moins temporairement à
l'acte, à la réalisation de son
projet. Ce n'est point une petite, pour un
aveugle ou un paralytique, que d'entreprendre un
long voyage. Il interroge ses amis. Il demande
des détails sur ces cures miraculeuses
dont lui a parlé la rumeur publique. Bien
entendu, les encouragements lui parviennent de
tous côtés, non seulement de son
entourage, mais du médecin même qui
le soigne et qui se reprocherait d'enlever au
malade son dernier espoir, surtout s'il croit le
mal guérissable par la foi, remède
qu'il n'a pas osé prescrire
lui-même.
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- La cure miraculeuse est dès lors
commencée et elle poursuit son
développement. La conception du projet,
sa séparation, le pèlerinage
lui-même, deviennent une idée
fixe... Dans ces conditions, l'esprit n'est pas
long à prendre barre sur le corps. Et
quand, après la fatigue d'un long voyage,
les patients arrivent au lieu de
pèlerinage, ils se trouvent dans un
état d'esprit éminemment
susceptible de suggestion. « Si
l'esprit du malade, dit Barwell, est
dominé par cette idée qu'une cure
va s'opérer en lui, la cure est
opérée par cela même... Un
dernier effort, une immersion dans la piscine,
une dernière et fervente prière
aidée par l'extase que produit la
solennité du rite, et la guérison
par la foi produit le résultat
désiré, et la guérison par
la foi produit le résultat
désiré. La cure miraculeuse
devient un fait accompli.
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- M. Charcot passe ensuite en revue certains
cas de guérison par la foi et plus
spécialement celui de Mlle Coirin au
XVIII°siècle.
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- Au mois de septembre 1716, Mlle Coirin,
alors âgée de trente ans, avait
fait deux chutes de cheval successives et il en
était résulté chez elle-un
état pathologique grave. Une
première période avait
été marqué par des
vomissements de de sang et de la prostration.
Trois mois après, une énorme
glande apparut sur le côté gauche
de la poitrine. Cette glande, d'un rouge violet,
était dure et douloureuse. Une petite
cavité purulente y apparut bientôt,
qui ne tarda pas à s'étendre et
à augmenter graduellement de surface. Un
cancer fut diagnostiqué par le
médecin traitant et déclaré
incurable. Deux ans plus tard, la paralysie
envahit tout le côté gauche du
corps. La jambe gauche, violemment
contractée, était nettement
diminuée de longueur.
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- Le 9 août 1731, quinze ans
après le début de la maladie, Mlle
Coirin chargea une vieille femme de Nanterre de
faire pour elle une neuvaine au tombeau du bien
heureux François de Paris, de toucher le
tombeau avec une chemise qu'elle lui donna, et
de rapporter une motte de tarte prise au
même lieu. Ces instructions furent
ponctuellement suivies le lendemain dès
que la malade fut en possession de la chemise
qui avait touché le tombeau du saint,
elle put se retourner dans son lit, sans l'aide
de personne. Le jour suivant ; elle se
hâta d'appliquer la précieuse motte
de terre sur le cancer et elle s'aperçut
presque immédiatement que la plaie
était assainie et commençait
à se cicatriser. La paralysie céda
peu à peu. Le24 août, elle put
sortir, et le 3 septembre, elle fit sa
première promenade en voiture.
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- Je confesse, dit à ce propos, M,
Charcot, que il y a seulement dix ans,
l'explication des divers éléments
de ce cas étrange aurait
présentée maintes
difficultés. La nature hystérique
des vomissements de sang et de la paralysie
n'aurait fait doute pour personne; mais comment
expliquer l'atrophie qui accompagnait la
paralysie ? Il est heureusement
prouvé aujourd'hui que l'atrophie
musculaire est fréquemment
constatée dans les cas de paralysie
hystérique et de contractions de membres.
Il en est de même du prétendu
cancer. Chacun sait à présent que
les ulcérations persistantes de la peau
ne sont pas rares dans les dérangements
du système nerveux, comme en
témoignent les stigmates de Saint
François d'Assises et les ulcères
de Louise Lateau.
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- La conclusion découle tout
naturellement de ces prémisses. Chez les
sujets hystériques, l'influence de
l'esprit sur le corps est assez forte pour
guérir des maladies que le défaut
de connaissances a fait jusqu'à ce jour
considérer comme incurables. Tel est le
cas des troubles d'origine hystérique qui
commencent à peine à être
connus, et dans lesquels on range l'atrophie
musculaire, l'oedème, le tumeurs
ulcérées. Si l'on entend parler de
la guérison miraculeuse d'un cancer
à la poitrine, ii est permis de rappeler
le cas de Mlle Coirin.
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-
- Voir
d'autres portraits, le cabinet de consultation,
le cabinet photographique,
- une
lettre manuscrite de
Charcot
- Une
leçon de Charcot à La
Salpêtrière, tableau de M
Brouillet
- uvres
principales de Charcot
- Charcot
JM The topography of the brain Forum
1886
- Charcot
JM Magnetism and hypnotism Forum
1889
- Hypnotisme
and crime Charcot JM
1890
- Augustine
Gleizes (1861) une hystérique à La
Salpêtrière
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- Les
internes de JM. Charcot
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- JM
Charcot et une patiente
ataxique
1875 la seule photo connue de
Charcot avec un malade
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- Croquis
de JM. Charcot par Paul
Richer
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- Charcot
in Morocco: Introduction, notes and translation
by Toby Gelfand
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