-
-
- Cavité nasale
-
- Le seul symptôme important que j'aie
à signaler, consiste dans une
épistaxis plus ou moins abondante,
pouvant aller jusqu'au point de faire naitre des
inquiétudes sérieuses, et, cette
épistaxis, comme tout
phénomène morbide de nature
palustre, cesse brusquement pour revenir
à l'improviste, sans qu'il soit possible.
d'expliquer ces hémorrhagies par une
lésion appréciable de la
cavité nasale. Je n'ai vu que quatre cas
bien probants d'épistaxis de cette
nature; et je les rapporterai ailleurs (voir
obs. XXXII, XXXIII, XXXIV et XXXVIII), en raison
des particularités intéressantes
qu'ils présentent.
-
- J'ai observé, dans un cas, la
respiration suspirieuse, dans un acceès
qui a été suivi de mort
malgré l'amélioration des plus
réelles qui avait
précédé cet accès
(voir obs. XXXII).
-
- La toux est un symptôme qui se montre
dans certaines formes exceptionnelles
d'impaludisme, et j'en ai vu pour ma part une
douzaine d'exemples incontestables, et ce
symptôme s'est offert à mon
observation par petites séries de trois
on quatre cas simultanés. Dans le courant
d'octobre et de novembre derniers (1866), par
exemple, j'ai vu quatre faits de ce genre: la
toux, dans ces cas, est forte, sonore, stridente
et comme caverneuse, survient par quintes d'une
grande violence apparente, et il semble,
à entendre les malades, qu'on doit
trouver des désordres
considérables dans la poitrine. Telle est
du moins l'impression que j'ai reçue, en
entendant cette toux pour la première
fois, il y a sept ans, chez un de mes malades.
Or, j'ai été tout
étonné de trouver à
l'auscultation, tous les caractères d'une
respiration normale. J'avais affaire, dans ce
cas, à une fièvre intermittente
franche, et j'ai été non moins
surpris de vor cette toux céder, avec une
merveilleuse rapidité, à quelque
doses de sulfate de quinine II m'est impossible
d'exprimer par des mots ce timbre particulier
que l'oreille perçoit, mais je puis dire
qu'il suffit de l'entendre une fois pour
être sûr plus tard de ne pas le
méconnaltre.
-
-
- OBS. XV. - Je citerai à ce propos un
fait des plus singuliers et qui m'a beaucoup
frappé. Me trouvant un jour par hasard,
chez un de mes amis (il y a quatre ou cinq ans),
j'entends tout à coup sortir de la
chambre voisine trois ou quatre sons secs et
saccadés de cette toux vibrante et
caverneuse: « Voilà une toux
à quinine, dis-je au père, quel
est donc ce malade? C'est mon fils
aîné, me répondit-il, qui
tousse ainsi depuis quelques jours et, en le
voyantt si bien portant, je n'avais pas
songé â vous le dire». Or,
comme je jouissais, dans cette famille, de la
confiance la plus absolue, qu'on savait
d'aileurs, à n'en douter, que je ne me
livrais jamais, à des essais aventureux,
j'obtiens sans difliculté et moyennant
quelques bons mots dont je me laisse accabler,
qu'on administre mon sulfate, comme je l'entends
faire et aux doses que je veux. L'enfant, qui
avait 12 ans, prend donc une première
dose de 0,40 centigr. en quatre pilules, et la
toux disparait comme par enchantement. Je donne
la même dose deux ou trois jours de suite
seulement; car il n'y a plus eu la plus petite
quinte. Il ne m'a pas fallu vingt-quatre heures
pour avoir justice de cette toux et ajouter un
petit succès de plus à ceux
autrement grands que l'on obtient chaque jour
par ce précieux remède.
-
- Dans deux autres circonstances
(c'était, chez deux enfants), la toux a
présenté un caractère
convulsif que je n'avais nulle tendance au
début à rattacher à une
infection palustre. Dans l'un des cas, la toux
venait par quintes assez rapprochées et
ressemblait à celles de la coqueluche,
avec cette particularité que
l'inspiration sifflante initiale faisait
complètement défaut. Dans l'autre
cas (voyez obs. XLIII), elle s'accompagnait
d'une vraie cyanose de la peau et simulait,
à s'y méprendre, les angoisses
produites par l'oedème de la glotte.
-
- Ce symptôme peut encore s'accompagner
de phénomènes
stéthosopiques propres à la
pneumonie ou à la congestion pulmonaire,
et je n'ai observé que deux exemples de
cette forme insidieuse d'intoxication
effluvienne. L'hépatisation pulmonaire
est-elle due, dans ces cas, à
l'impaludisine proprement dit, ou à une
pneumonie greffée sur une diathèse
palustre? On conçoit que je ne puisse pas
donner à cette question une solution
précisé, la congestion initiale
pouvant survenir sous la double influencé
du froid et d'une action paludique, comme dans
le cas suivant
-
-
- Obs XVI.- II s'agit d'une femme de 38
à 40 ans, que j'avais déjà
soignée à plusieurs reprises pour
de vraies fièvres intermittentes et qui
me fait appeler le 7 novembre dernier (1866).
Elle avait, depuis une quizaine de jours, une
bronchite des plus simples, lorsqu'après
s'être exposée à de
nouvelles causes de refroidissement, elle est
prise tout à coup, dans
l'après-midi du 7 novembre, d'un'violent
frison avec claquement des dents, point de
côté et fièvre
consécutive. Son médecin
ordinaire, craignant un accès pernicieux,
veut avoir mon avis. Or, avant de voir la
malade, je crois pouvoir le rassurer sur ce
point, en me guidant sur la rareté
excessive des accès de cette violence,
dans nos affections palustres. Je constate, en
effet, un léger frottement pleural
à la base du poumon droit, et je dois
dire que mon confrère avait
déjà constaté un peu avant
quelques bulles fines de râle
crépitant. Nous faisons en ce point une
application de 10 sangues et prescrivons une
potion avec 0,30 centigr. de kermès.Le
lendemain, nous trouvons une matité
croissante à la partie inférieure
de la fosse sus-épineuse droite, ainsi
que des râles crépitants fins avec
une légère résonnance de la
voix. Le pouls est à 120, la
fièvre continue, quoiqu'il y ait sur le
soir un redoublement assez marqué comme
il arrive dans la plupart des phlegmasies. Nous
continuons l'usage de la potion
kermétisée et applipions, loco
delenti, un large vésicatoire
volant.
-
- Le 8 novembre, la pneumonie est des pluss
franches, matité, râles
crépitants fins, souffle tubaire et
bronchophonie, crachats jus de pruneau, aucun
symptôme ne manque, la peau est toujours
chaude, le pouls à 120; il n'y a pas eu
de nouveau frissons. C'est alors que nous
prescrivons la potion suivante: Tartre
stibié O gr. 30 centigr. Sirop diacode 30
Infusion béchique 150
- f .s. a. une potion à prendre par
cuillerées à bouche d'heure en
heure.
-
- La première cuillerée est
administrée vers onze heures seulement,
et il s'opère très vite une sorte
de détente, une diminution notable de la
chaleur fébrile; le tartre stibié
est d'ailleurs absorbé avec la plus
parfaite tolérance. Mais, vers quatre
heures du soir, il se déclare tout
à coup des douleurs d'une violence
inouïe du côté des deux fosses
iliaques et dans la région sacrée;
la malade, qui venait de prendre la
cinquième cuillerée de la potion,
se plaint très vivement et s'agite dans
tous les sens. Elle compare ses souffrances aux
douleurs de l'enfantement, et comme elle avait
cessé d'ètre réglee, depuis
trois mois, elle s'imagine qu'elle va faire une
fausse couche. Appelé sur le champ, je ne
puis, en raison de l'éloignement de notre
malade, je ne puis me rendre chez elle
qu'à six heures, et au moment de mon
arrivée, les douleurs semblent avoir
redoublé d'intensité. Comme il n'y
a eu ni vomissement, ni garde-robes, je me
demande un instant si le tartre stibié
n'a pas causé ces accidents et je
m'assure d'ailleurs qu'il n'existe aucun indice
de fausse couche, pas même d'augmentation
de volume du globe utérin. Quant au
poumon droit, il se trouve dégagé
comme par enchantement, la respiration s'entend
parfaitement libre dans toute l'étendue
de la poitrine, sans mélange de souffle
ni de râle crépitant : le pouls
reste toujours agité; mais la peau n'est
plus brûlante. Nous admettons dès
lors l'existence d'une double congestion
ovarienne et croyons avoir affaire à une
de ces métastaes qu'on observe parfois et
qui aurait été provoquée,
dans ce cas, par une révulsion puissante
de la potion émétisée. Nous
prescrivons un julep diacodé et un quart
de lavement avec 1 gouttes de laudanum de
Syndenham. Ces douleurs vives se calment vers
huit heures du soir, les règles
apparaissent dans la nuit, et notre malade
goûte quelques heures d'un sommeil
tranquille.
-
- Le 9 novembre, la matinée est bonne,
presque sans fièvre, la respiration reste
toujours libre, à part quelques bruits de
frottement pleural qui s'entendent à la
base; toute médication active est
suspendue. Mais vers quatre heures du soir, la
chaleur de la peau devient plus forte, le pouls
revient à 12O, et quelques bulles de
râles crépitant fin reparaissent
au-desus de l'épine de l'omoplate. Potion
avec 2 grammes d'oxyde blanc d'antimoine
....
-
- Le 10, même marche marche que la
veillee; amélioration dans la
matinée, tant du côté de
l'état genéral que de
l'état local et le soir, après
près à la même heure,
nouvelle recrudescence, avec apparition du
léger souffle bronchique et retour d'un
mouvement fébrile encore plus
marqué que le précédent. En
voyant cette intermittence et en sachant
d'ailleurs la tendance qu'avait notre malade
à contracter des affections palustres
nous nous décidons à prescrire une
faible dose de sulfate de quinine (0,60 centgr.
en pilules); seulement, nous attendons encore
à demain matin, avant de les
administrer.
-
- Le 11, au matin, en constatant encore le
même amendement loal et
général, nous faisons prendre les
pilules en deux fois et à demie heure
d'intervalle à partir de ce jour, le
redoublement fébrile n'a plus eu
lieu
- que durant deux ou trois jours, et encore
a-t-il été de moins en moins
marqué. Les phénomènes
stéthoscopiques ont disparu pour ne plus
se montrer; une convalenence banale s'est
établie, une alimentation graduellement
plus forte a été supportée
et la guérison ne s'est pas un instant
démentie. Le 14 novembre, notre malade a
pu déjà quitter le lit et les
forces n'ont pas tardé à retenir.
Quant au traitement, il a été
suivi chaque jour sans interruption jusqu'au 16
novembre, et à doses toujours croissante
jusqu'au maximum de 1 gramme, auquel je me suis
arrêté. A partir du 16, j'ai
donné la même dose à jour
passé pendant trois fois, puis, en raison
de quelques bourdonnements d'oreilles, je n' ai
plus donné que 0,75 centigrammes à
des intervalles de plus eu plus
éloignés, tous les trois, quatre,
cinq et six jours, etc. Notre malade a
été ainsi maintenue en traitement
jusqu'à la fin de décembre
suivant.
-
- J'ai la conviction que nous avous eu
affaire, dans ce cas, à une
véritable pneumonie qui a
été médifiée, dans
sa marche et sa terminaison, par cette tendance
de la diathèse palustre à produire
des congestions, et ce serait le tartre
stibié, en produisant une
dérivatian active, qui aurait
déterminé un afflux sanguin du
côté dés ovaires. C'est
alors seulement que se serait
réveillée cette diathèse
palustre qui aurait entrainé ces
accès fébriles consécutifs
avec une sorte de manifestation congestive du
côté du poumon primitivement
affecté. Tel est du moins l'enchainement
qui me parait résider dans cés
phénomènes complexes. Quoi qu'il
en soit, les symptômes pulmonairea du
déclin ont été bien
manifestement dépendants d'un état
morbide de nature paludéenne, et la toux
qui reparaissait à chaque accès,
indiquait encore ici l'action d'une cause
effluvienne.
-
- J'ai vu une malade chez laquelle
l'hémoptysie s'est montrée dans le
cours d'une fièvre rémittente non
traitée. L'affection semblait marcher
vers une guérison spontanée; mais
c'était une de ces guérisons
lentes et indécises, que viennent
entraver à chaque instant des rechutes
plus on moins marquées.
L'hémoptysie continuait toujours à
se montrer, et avait déjà
inspiré des craintes sérieuses au
médecin qui m'avait
précédé et à
moi-même; or cet accident, qui durait
depuis plusieurs semaines et ne s'était
jamais accompagné de
phénomènes stéthoscopiqus
appréciables, cet accident disparait en
deux jours, après une dose quotidienne de
0,60 centigrammes de sel quinique.' Dans ce cas
encore, la guérison a marché d'un
pas ferme et s'est bien vite consolidée
par la continuation du même
traitement.
-
- Notre malade a recouvré en quelques
semaines les forces qu'elle sentait
décliner depuis plus d'une année.
N'oublions pas de dire, en passant, q'elle avait
habité pendant longtemps des pays des
plus fiévreux (du côté de
Rochefort), et qu'elle séjournait
plusieurs mois de l'année dans ce
même pays, renommé par ses
fièvres d'accès.
-
- Quant à certains autres
symptômes, liés à l'acte
respiratoire, tels que les
bâillements, le hoquet, le ronflement,
on les observe parfois dans l'intoxication
palustre. Tout le monde sait que les
accès de fièvre intermittente
débutent très souvent par des
bâillements et des pandiculations et
qu'un hoquet opiniâtre se montre dans
certaines formes d'affections palustres. J'ai
vu, pour ma part, une douzaine d'exemples
où ce dernier symptôme était
prédominant, et j'ai toujours
remarqué qu'il accompagnait d'ordinaire
les formes perniceuses ou tendant a s'aggraver.
Mais, ce que tout le monde ne sait pas, c'est
que le ronflement accompagne certaines formes
cérébrales et notamment la forme
comateuse, dont je n'ai vu que trois exemples.
Je rapporterai un peu plus loin (voir obs.
XXVII) un cas des plus remarquables où ce
symptôme était le seul indice d'une
affection maremmatique des plus
réelles.
-
- Je dirai enfin que, dans quelques cas assez
rares, on voit une expectoration abondante dans
le cours d'une affection de cette nature, et
cette expectoration abondante se montre surtout
dans les cas graves, après que le
traitement, a dejà produit une
amélioration notable. C'est donc
là un signe de bon augure, si je m'en
rapporte du moins, à ma propre
expérience. L'abondance des produits
excrétés, qu'on observe parfois,
nous fait penser sans trop de dédain
à cette humeur peccante des anciens,
à la matière morbifique que je ne
voudrais pas faire revivre; mais il semble en
vérité que les
sécrétions de tout genre
redoublent d'activité, dès que la
vie revient dans un corps qu'on aurait pu croire
inanimé quelques jours auparavant.
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