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Biographies de neurologues
 
Nouvelle Iconographie de La Salpêtrière
 
 L'histoire des neurosciences à La Pitié et à La Salpêtrière J Poirier
The history of neurosciences at La Pitié and La Salpêtrière J Poirier 
 

mise à jour du
27 juin 2005
Manuel de la physiologie de l'homme
Hutin Philippe
Méquignon
Paris 1838

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CHAPITRE III. Page 169. DE LA RESPIRATION.
 
Efforts. - MM. Bourdon et J. Cloquet ont démontré qu'au moment où le corps se livre à un effort quelconque, la respiration est suspendue par le mécanisme suivant d'abord, on fait une profonde inspiration, puis, aussitôt que les muscles expirateurs se contractent pour effectuer l'expiration, les muscles de la glotte se contractent eux-mêmes assez énergiquement pour fermer cette ouverture et s'opposer a la sortie de l'air, de sorte que les parties qui doivent produire l'effort trouvent sur la poitrine un point d'appui solide.
 
 
Toux et éternuement. - Ces deux phénomènes, qui ont entre eux une grande analogie, résultent d'une contraction subite et comme convulsive des muscles expirateurs; la glotte se resserre partiellement, de manière que l'air, chassé avec plus de force, va retentir dans les fosses nasales.
 
Bâillement. - Ce phénomène, qui exprime en général de l'ennui, le besoin du sommeil, la plénitude de l'estomac, ou bien encore le besoin de prendre de la nourriture, se compose d'une inspiration profonde et involontaire, suivie d'une expiration prolongée, avec un écartement plus ou moins considérable des mâchoires.
 
CHAPITRE IV. page 351. DES EXPRESSIONS.
 
L'homme, par dessus tous les animaux, jouit de la faculté de donner de la vie à ses idées, de peindre ses sentiments, de manifester ses passions; ses moyens expressifs sont les gestes et la parole.
 
Des gestes ou de la mutéose.
 
On donne ce nom à l'expression muette et comme automatique de nos sentiments ; la face est le siège principal de ce langage d'action; la multitude des muscles qui la composent et les organes particuliers qu'on y rencontre la rendent parfaitement propre à cet usage. Les mouvements variés à l'infini, du front, des yeux , des sourcils, des lèvres, etc. , les changements de couleur et de température de ces parties, suffisent pour soutenir des entretiens suivis, et exprimer les sentiments les plus tendres et rendre les idées les plus abstraites. La face, en un mot, comme on le dit vulgairement, est le miroir de l'âme, elle en est l'interprète. La marche, les attitudes, les mouvements des membres, l'état de la respiration, sont aussi autant de phénomènes qui trahissent les passions et qui concourent à la mimique de l'homme.
 
C'est de ces gestes divers que naît un langage particulier qu'on nomme affectif ou involontaire; il se compose, comme on le voit, d'un grand nombre de phénomènes qui se passent irrésistiblement en nous, et qui dévoilent l'état du cour et de l'esprit. N'est-il pas vrai que le rire, le sourire, le pleurer, le sanglot, le soupir, le bâillement, le regard, la pose, etc., etc., expriment la gaîté, la tristesse, l'amour, l'ennui, l'épouvante, la haine, la désolation, la jalousie, etc.?
 
C'est en vain qu'on chercherait à dissimuler ces phénomènes mimiques, ils éclatent malgré nous, mais à des degrés divers, suivant l'état de la sensibilité et l'habitude de la contrainte. Leur cause se trouve manifestement dans les liens intimes qui existent entre les sensations, les attitudes et les mouvements; dans les rapports qui lient étroitement nos facultés intellectuelles et morales avec nos moyens d'expression; ce sont des réactions instinctives de l'organe affecté; Gall pense que leur production a quelque rapport avec l'état de l'organe où se produit le sentiment qui les détermine.
 
Dans quelques cas les gestes sont volontaires; ils accompagnent ordinairement la parole, et font alors partie du langage conventionnel.
 
CHAPITRE V. page 360 -363. DU SOMMEIL.
 
Le sommeil peut être défini le repos des organes des sens et des mouvements volontaires; ou la suspension périodique et momentanée des fonctions qui établissent nos relations avec l'extérieur, pendant laquelle l'homme répare ses pertes et recouvre la faculté d'agir.
 
Lorsque la veille a été prolongée quinze ou dix-huit heures, laps de temps d'ailleurs variable, suivant que le corps a pris plus ou moins de fatigue neusculaire ou intellectuelle, suivant l'habitude et les âges, suivant enfin la présence ou l'absence de causes excitantes extérieures on intérieures, on éprouve un sentiment particulier qu'il est impossible definir, mais que tout le monde connaît par sa propre expérience (besoin de dormir); les mouvements deviennent languissants, les sensations obscures, les membres supérieurs s'étendent, les paupières se ferment, la respiration se ralentit, s'accompagne de bâillements; bientôt toutes les sensations s'éteignent, les facultés intellectuelles et morales disparaissent, le corps prend une situation demi-fléchie, et telle, que toutes les parties soient supportées mécaniquement par le sol.
 
L'homme, dans cet état, a perdu entièrement le sentiment de son existence; il est endormi. Dès lors il n'existe plus que pour lui, ses fonctions végétatives continuent; on croit même que quelques-unes acquièrent de l'énergie (motus in somno intro vergunt, sommius labor visceribus. Hipp.); les anciens, probablement pour cette raison prenaient leur principal repas le soir; c'est peut-être pour le même cause que les animaux s'endorment après avoir mangé, etc. ; la digestion, l'absorption et la nutrition sont actives; mais la respiration est plus lente et plus profonde, le pouls est plus rare et plus faible. Les sécrétions sont aussi modifiées, les exhalations ont manifestement plus d'activité, mais les sécrétions glandulaires sont ralenties; la caloricité est sensiblement diminuée (cum somnus invaserit, corpus frigescit. Hipp.).
 
Tel est l'état de l'organisme pendant ce repos précieux; il en résulte, au bout de sept à huit heures, un changement favorable qui se manifeste dans toutes les fonctions au montent du réveil; cette époque est annoncée par le retour successif de l'intelligence, des sensations internes et externes, et des actions musculaires; des pandiculations, des bâillements, des soupirs appellent l'influx nerveux dans toutes les parties et achèvent de dissiper la torpeur ; des besoins se font sentir, et notamment ceux qui invitent à effectuer les diverses excrétions; enfin l'homme renaît avec une énergie nouvelle. Les causes du réveil sont très variables: tantôt elles agissent sur les sens externes, d'autres fois ce sont des besoins intérieurs qui le provoquent; l'habitude et la volonté exercent sur le sommeil une remarquable influence.
 
La durée du sommeil n'a rien de fixe; elle varie infiniment, 1°) suivant les âges : ainsi les enfants dorment plus que les adultes, et ceux-ci plus que les vieillards; 2° ) suivant l'habitude; 3°) suivant l'activité physique et intellectuelle de la veille on dort ordnairement d'autant plus que le travail a été plus soutenu et appliquant, par conséquent que les pertes ont été plus grandes; 4°) enfin, suivant que le système nerveux est dans un état de repos plus ou moins parfait.
 
La profondeur du sommeil n'est pas moins variable; et, sous ce rapport, on peut le distinguer en complet, c'est celui que nous venons de décrire; et en incomplet, c'est-àdire celui pendant lequel se produisent encore quelques actes animaux ou intellectuels, tels sont les mouvements irréguliers qui agitent le corps, les rêves, qui ne sont autre chose qu'un travail ordinairement incohérent du cerveau sans participation de la volonté, d'où une association d'idées plus ou moins bizarres, et souvent relatives aux travaux ou aux passions de la veille. Chez quelques personnes les rêves s'accompagnent de phénomènes expressifs. Enfin, dans quelques circonstances, les fonctions de relation paraissent conserver toute leur intégrité, et être dirigées, jusqu'à un certain point, par l'intelligence; c'est ce qui constitue le somnambulisme, qui a donné lieu à des observations aussi surprenantes que curieuses.
 
L'essence du sommeil a été, comme bien on le pense, l'objet de plusieurs hypothèses. Aristote l'attribuait au refroidissement du coeur, par le départ d'une humidité qui se portait au cerveau. Homère, Platon, le regardaient comme le repos de l'âme, nécessité par les fatigues de la veille. Quelques physiologistes anciens ont prétendu qu'il tenait à l'affaissement des lames du cervelet, qui, selon eux, sont redressées pendant la veille. Willis l'attribue à la compression du cerveau. Les physiologistes modernes qui partagent cette dernière opinion se demandent si la compression est active ou passive M. Broussais est de la dernière opinion. Mais ne sait-on pas, au contraire, que toutes les influences qui tendent à entretenir le cerveau dans un état de congestion active, comme le café, les travaux intellectuels, disposent à l'insomnie! Avicenne pensait qu'il y avait suspension d'action des esprits animaux. La plupart des physiologistes de nos jours attribuent le soinmeil à une dépense trop considérable du principe sensitif et moteur, qui se fût bientôt épuisée sans l'intervalle du repos qui favorise sa réparation; enlin quelques-uns, avec Barthez, le considèrent comme une fonction active (somnus est functio
activa principii vitalis); mais nous avons dit que le caractère d'une fonction était d'avoir un instrument; ou est donc celui de celle-ci ?
 
Le docteur Turk pense que le sommeil est le résultat de la prédominance de l'électricité négative dans l'économie animaIe, et voici comment il fonde son opinion. Il est remarquable que toutes les causes qui disposent au sommeil, favorisent généralement les sécrétions acides; or comme ces sécrétions, suivant lui, sont la source du fluide négatif, c'est à son accumulation qu'il faut attribuer le sommeil. C'est pur cette raison que la chaleur, en augmentant la transpiration, la digestion, en augmentant la sécrétion des sucs gastriques, disposent au sommeil; c'est pour cela aussi que les nourrices dorment généralement si bien.
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