-
- Le bâillement diffère du
soupir plus par son mécanisme que par
causes ou ses effets. Cet acte est
réputé avoir lieu, de même
que le soupir, quand l'économie
éprouve le besoin
d'accélérer l'hématose par
l'introduction d'une grande quantité
d'air; comme le soupir aussi, il est
généralement suivi d'un sentiment
de bien-être qui prouve que ce besoin a
été satisfait. Mais, tandis que le
soupir peut être volontaire, le
bâillement est toujours
involontaire.
-
- Il est facile de simuler le
bâillement; mais en vain
ouvrira-t-on largement la bouche pour expirer
une grande quantité d'air, en vain
fera-t-on successivement deux ou trois
inspirations profondes suivies de rapides
expirations, en vain abaissera-t-on
excessivement la mâchoire
inférieure, on n'aura pas
bâillé si le besoin n'en existait
pas. Ce qui constitue essentiellement le
bâillement, ce n'est donc pas l'un ou
l'autre des phénomènes que nous
venons d'indiquer, mais bien la sensation qui le
provoque et le spasme qui l'accompagne. Produit
aussi par une action réflexe du
système nerveux central, il est
indépendant de la volonté, et,
s'il est possible de dissimuler quelques-unes de
ses manifestations, il est presque impossible de
l'étouffer complétement lorsque le
besoin s'en fait sentir.
-
- Le bâillement n'indique pas
seulement une modification de l'hématose:
il exprime aussi des sensations douloureuses de
l'estomac, la faim ou l'excès de
réplétion de cet organe, et il se
manifeste souvent quand l'économie en
général éprouve une
sensation de torpeur, à l'approche du
someil par exemple. Comme tous les
phénomènes nerveux, le
bâillement se produit souvent aussi par
imitation.
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- page 678
- Ainsi, parmi les muscles inspirateurs, les
sterno-cléido-mastoïdien et
trapèze sont animés à la
fois par la branche externe du spinal et par
divers rameaux du plexus cervical ; le
diaphragme, par le phrénique provenant
des troisième, quatrième,
cinquième et quelquefois sixième
nerfs cervicaux; le grand dentelé, par le
nerf respiratoire externe du tronc (Ch. Bell)
qui vient des cinquième et sixième
paires cervicales. Quand aux scalènes, au
sous-clavier, à l'angulaire de
l'omoplate, au rhomboïde, au grand dorsal,
au grand pectoral, au petit pectoral, qui
agissent aussi dans l'inspiration et dont
plusieurs reçoivent des filets du plexus
cervical, leurs nerfs principaux leur sont
surtout envoyés par le plexus brachial.
Ce sont les nerfs intercostaux qui se
distribuent aux muscles intercostaux externes,
à la portion sternale des intercostaux
internes, aux surcostaux et aux petits
dentelés postérieurs
supérieurs, en général
réputés aussi muscles
inspirateurs.
-
- Parmi les muscles qui concourent à
l'expiration, nous voyons les intercostaux
internes dans toute la portion osseuse des
côtes, les sous-costaux, le triangulaire
du sternum, les muscles obliques et transverses
de l'abdomen être animés pal les
nerfs intercostaux et le plexus lombaire. Les
sept premiers de ces nerfs se rendent aux
muscles expirateurs du thorax qui viennent
d'être mentionnés, tandis que les
cinq autres se divisent à la fois dans
plusieurs de ces muscles et dans ceux de la
paroi abdominale antérieure dont font
partie les muscles obliques et transverses. La
branche antérieure du premier nerf
lombaire complète la distribution
nerveuse à ces derniers muscles, qui
forment à l'abdomen une paroi contractile
clout le triple usage consiste à abaisser
les côtes, à les tirer en dedans,
et à refouler, vers le diaphragme, les
viscères abdominaux que ce muscle
membraneux avait déprimés et
portés en avant lors de
l'inspiration.
-
- Il nous faut enfin mentionner encore les
muscles sus-hyoidieus (comme
géniohyoïdien, mylo-hyoïdien,
ventre antérieur du digastrique), qui,
animés par l'hypoglosse et par la racine
motrice du trijumeau, abaissent la
mâchoire inférieure dans les
grandes inspirations, dans le
bâillement, etc.; puis aussi les
muscles scapulo-hyoïdien,
sterno-thyroïdien et sterno-hyoïdien,
qui, recevant leurs nerfs de l'anastomose de
l'hypoglosse avec la branche descendante interne
du plexus cervical, concertent leurs
contractions avec celles des muscles
précédents, de manière
à faire concorder la fixation de l'os
hyoïde et l'abaissement du larynx avec
l'abaissement de la mâchoire
inférieure. C'est ce qui a lieu dans le
bâillement, dans les inspirations
difficiles, où en même temps on
voit se soulever le thorax et le épaules.
Pendant l'agonie, les mouvements alternatifs de
va-et-vient ou d'élévation et
d'abaissement du larynx nous ont surtout paru
des plus manifestes.
-
- page 597
- Effets produits par la suspension de la
respiration, l'insuffisance ou la viciation de
l'air
-
- Quant à l'homme, lorsque sa
respiration est brusquement interrompue, comme
dans les cas de submersion, de strangulation,
d'enfouissement sous la terre, etc. un sentiment
d'angoisse inexprimable se manifeste presque
aussitôt, c'est-à-dire après
trente ou quarante secondes; au bout d'une
minute ou d'une minute et demie, la face est
déjà bleuâtre, les fonctions
cérébrales sont obtuses; enfin
l'affaissement complet, avec cessation de la
respiration et de la circulation, ne tarde pas
à arriver. Si, au contraire, le patient a
pu encore introduire dans ses poumons une petite
quantité d'air, et si l'asphyxie est un
peu moins rapide, il y a un sentiment de
constriction pénible vers le larynx et le
sternum , des bâillements, des
pandiculations, des efforts inutiles de
respiration, avec éblouissements,
bourdonnements d'oreilles, vertiges
bientôt suivis de perte complète de
connaissance. La face et les lèvres sont
tuméfiées et livides, les yeux
humides et saillants, les conjonctives
injectées; les veines jugulaires sont
distendues par le sang qu'elles renferment le
nez, les oreilles, les mains et les pieds ont
une teinte violacée; toute la peau
présente des marbrures et des
sugillations; les mouvements du coeur,
inégaux, intermittents, s'affaiblissent
de plus en plus; enfin les mouvements
respiratoires, de plus en plus rares, cessent
bientôt tout à fait, et presque
aussitôt survient la cessation des
battements du coeur. L'individu est alors dans
une immobilité complète, et son
état ne paraît différer de
la mort que par la conservation de la chaleur
animale et par l'absence de toute roideur.
-
- "François Achille Longet, a noted
Parisian physician and physiologist, performed
many experiments on different animals and
supported Flourens's thesis that the hemispheres
lacked a motor function." Garrison, MacHenry,
History of neurology
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