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- Bâillement s.m.
- prononcez la première syllabe longue,
& mouillez les deux ll avec l'i, sans donner
aucun son ni aucun autre usage à cette
voyelle.
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- Quelques-uns l'écrivent par aa,
baaillement, mais l'usage n'en souffre plus
qu'un.
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- Action de respirer en ouvrant
involontaireent la bouche :
oscitatio.
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- Le bâillement est occasionné
par quelque vapeur qui cherche à
s'échapper, & témoigne
ordinairement la fatigue, l'ennui ou l'envie de
dormir. Hippocrate
dit que le remède des bâillements
continuels, & de même du hoquet, c'est
de garder longtemps la respiration. La membrane
nerveuse de l'oesophage est le siège du
bâillement, qui ne manque jamais
d'arriver, quand quelque irritation
détermine les esprits à y venir en
grande abondance. La cause de cette irritation
est une humidité incommode qui arrose la
membrane intérieure de l'oesophage :
cette humidité vient ou des glandes dont
la membrane interne est parsemée, ou des
vapeurs acides qui s'élèvent de
l'estomac, comme d'un pot bouillant, & qui
se condensent contre les parois de l'oesophage,
de même que contre un couvercle; alors les
fibres nerveuses de la membrane interne
étant irritées se gonflent, &
nous font bâiller en dilatant l'oesophage
: la bouche est obligée de suivre ce
mouvement, parce qu'elle est tapissée de
la même membrane.
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- Bâillement
- En terme de grammaire,
autrement hiatus mot emprunté du
latin. C'est un son désagréable
causé par une rencontre de voyelles.
Hiatus ex concursu vocalium. Si jadis, il alla
à Anvers, je suis obligé de tenir
la bouche ouverte pour prononcer ces
différens a; ce qui produit un son
désagréable. Les bâillements
sont encore plus insupportables dans la
poésie que dans la prose. Ils sont
fréquents dans les satires de Regnier.
Malherbe ne pouvait les souffrir.
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- Gardez qu'une voyelle à courir
trop hâtée
- Ne soit d'une voyelle en son chemin
heurtée. (Boileau)
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- Le P. Mourgues a fait un chapitre sur le
bâillement dans son Traité de la
Poésie Française. M. Prepetit de
Grammont en parle aussi dans son Traité
de la versification françoise.
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- Pour éviter de tenir la bouche
ouverte entre deux voyelles, le mécanisme
de la parole a introduit l'élision de la
voyelle du mot précédent, ou
l'usage des lettres euphoniques entre les deux
voyelles. Ainsi nous disons, s'il arrive &
non si il arrive. Mon ame, non ma ame. Y
va-t-on, & non y va on.
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- Bâiller v.n.
- Ce mot a la première syllabe longue,
& l'i ne sert qu'à mouiller les deux
ll. On écrivoit autrefois baailler.
Oscitare. faire des bâillements,
respirer en ouvrant la bouche extraordinairement
& involontairement : ce qui marque de
l'ennui, de la fatigue ou du sommeil. On
bâille souvent en voyant bâiller les
autres. Bâiller d'ennui. Vous êtes
si dégoûté, que les plus
belles comédies vous font bâiller,
& vous endorment.
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- Boileau a dit de la Pucelle
- Sans mentir, la Pucelle est un oeuvre
charmant;
- Et je ne sais pourquoi je bâille en
la lisant.
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- Faire quelque chose en bâillant; c'est
en style populaire, la faire avec
négligence & sans s'appliquer.
Oscitenter, négligenter.
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- Ce mot vient de balare, qui a
été dit par onomatopée du
cri des brebis. Ménage.
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- Bâiller signifie figurement,
s'entr'ouvrir, & se dit des ouvertures ou
crevasses qui se font dans les murs, ou
bâtimens. Hiare. il est moins en usage que
son composé entrebâiller. Une
porte, une fen^tre qui bâille.
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- Bâiller, se dit aussi dans le style
figuré et populaire, pour aspirer avec
ardeur, inhiare. Il bâille après
les richesses. Il bâille après cet
emploi.
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- Bailler v.a.
- Prononcez la première syllabe
brève, & ill, comme deux ll
mouillés. Donner, mettre en main.
Dare, tradere. Il lui a baillé cent
écus par cette donation. Il lui faut
bailler cette lettre en main propre. en ce sens
il est moins en usage que donner, &
même on ne le dit plus que dans les
provinces.
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- Il signifie pourtant autre chose que donner,
qui veut dire faire un don; au lieu que bailler,
signifie seulement, mettre entre les mains.
T.Corn. Un général qui s'est
marié a baillé des gages à
la fortune pour ne plus tant hasarder. Balz. La
M le Vayer soutient qu'il ne faut point tant
mépriser bailler, & qu'il est
nécessaire pour diversifier la
phrase.
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- Mais aujourd'hui il ne trouve place que dans
le style des Notaires; bailler à ferme:
& dans le grimoire du Palais; bailler des
écritures, bailler des contredits,
bailler caution, bonne & suffisante
caution.
- Nicot le dérive de grec, c'est
à dire mitto; celui qui baille envoie en
quelque façon. Etienne Guichard est de
même avis, mais il va plus loin encore,
car il dérive de l'hébreu, nabal,
en retranchant le.. signifie tomber,
couler.
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- On dit proverbialement, en bailler d'une, en
bailler à garder, pour en dire, en faire
accrire à quelqu'un. On lui a
baillé belle; pour dire, on s'est
moqué de lui.
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