- C'est cette même année 1866 que
Charcot institue un enseignement
régulier, avec les Leçons du Mardi
et les Leçons du Vendredi. Ces cours ne
resteront pas longtemps confidentiels et
consacreront les talents didactiques de Charcot,
bien avant qu'il n'obtienne une chaire
officielle. Désiré-Magloire
Bourneville succède à
Lépine, puis seront internes Alix Joffroy
et Jules-Aimé Michaud qui restera deux
ans chez Charcot. Celui-ci soutiendra sa
thèse en 1871 : « De la
méningite et de la myélite dans le
mal vertébral », y décrivant
les paraplégies pottiques. Ce n'est qu'en
1872 que Charcot est nommé à la
chaire d'anatomie pathologique. En 1868, il a
présidé la thèse de Paul
Dubois « Etude sur quelques points de
l'ataxie locomotrice progressive »,
véritable mise à jour de toutes
ses recherches cliniques et anatomopathologiques
sur ce sujet.
- Arrive alors, en 1872, dans son service
Albert Gombault (1844-1904), reçu
à l'internat en 1868. Ernest Mosny
(1861-1918) commence ainsi son éloge de
Gombault « Homme modeste et bon, il avait
une horreur proverbiale du bruit fait autour de
son nom ». Cette modestie
revendiquée n'a pas empêché
André Brouillet (1857-1914) d'en fixer
les traits dans « Une leçon de
clinique à La Salpêtrière
», en avant de Victor Cornil (1837-1908)
(21). Charcot remarquera rapidement ses
qualités d'observateur et
d'expérimentateur. Il saura, comme
à l'accoutumée, mettre celles-ci
à son profit.
-
- Si dans sa Leçon de juin 1868,
Charcot présente deux cas «
d'Atrophie musculaire progressive de cause
spinale » recueillis par Alix Joffroy
(1844-1908), c'est à Gombault qu'il doit
l'étude microscopique des moelles
épinières. Celui-ci en fera sa
thèse, soutenue en 1877, et
intitulée : « Etude sur la
sclérose latérale amyotrophique
». Sa description princeps n'a subi aucun
outrage du temps : « Le fait constant au
milieu de la variabilité des autres
lésions a toujours été une
atrophie des cellules motrices pouvant aller
jusqu'à leur disparition presque
complète. (...) Voyons le mode de
distribution qu'elle affecte. D'une façon
générale, elle atteint
symétriquement la substance grise
antérieure des deux côtés
dans toute la hauteur de la moelle. Elle est
toutefois habituellement beaucoup plus
prononcée dans les parties
supérieures de la région cervicale
et va s'atténuer de haut en bas. Un autre
caractère important et qui a
été relevé avec soins est
l'irrégularité même
qu'affectent dans leurs distributions les
lésions cellulaires. Elle frappe
ça et là comme au hasard, sans
montrer de préférence pour tel ou
tel groupe cellulaire à l'exclusion de
tel autre».
-
- C'est cette même année 1866 que
Charcot institue un enseignement
régulier, avec les Leçons du Mardi
et les Leçons du Vendredi. Ces cours ne
resteront pas longtemps confidentiels et
consacreront les talents didactiques de Charcot,
bien avant qu'il n'obtienne une chaire
officielle. Désiré-Magloire
Bourneville
succède à Lépine,
puis seront internes Alix Joffroy et
Jules-Aimé Michaud qui restera deux ans
chez Charcot. Celui-ci soutiendra sa
thèse en 1871 : « De la
méningite et de la myélite dans le
mal vertébral », y décrivant
les paraplégies pottiques. Ce n'est qu'en
1872 que Charcot est nommé à la
chaire d'anatomie pathologique. En 1868, il a
présidé la thèse de Paul
Dubois « Etude sur quelques points de
l'ataxie locomotrice progressive »,
véritable mise à jour de toutes
ses recherches cliniques et anatomopathologiques
sur ce sujet.
-
- Albert Gombault en
1872
- ©
Extrait de l'Album de l'internat de La
Salpêtrière conservé
à la Bibliothèque Charcot à
l'hôpital de la
Salpêtrière
- (Université
Pierre et Marie Curie, Paris)
-
- Arrive alors, en 1872, dans son service
Albert Gombault (1844-1904), reçu
à l'internat en 1868. Ernest Mosny
(1861-1918) commence ainsi son éloge de
Gombault « Homme modeste et bon, il avait
une horreur proverbiale du bruit fait autour de
son nom ». Cette modestie
revendiquée n'a pas empêché
André Brouillet (1857-1914) d'en fixer
les traits dans « Une leçon de
clinique à La Salpêtrière
», en avant de Victor Cornil
(1837-1908).
-
- Charcot remarquera rapidement ses
qualités d'observateur et
d'expérimentateur. Il saura, comme
à l'accoutumée, mettre celles-ci
à son profit. Si dans sa Leçon de
juin 1868, Charcot présente deux cas
« d'Atrophie musculaire progressive de
cause spinale » recueillis par Alix Joffroy
(1844-1908), c'est à Gombault qu'il doit
l'étude microscopique des moelles
épinières. Celui-ci en fera sa
thèse, soutenue en 1877, et
intitulée : « Etude sur la
sclérose latérale amyotrophique
». Sa description princeps n'a subi aucun
outrage du temps: « Le fait constant au
milieu de la variabilité des autres
lésions a toujours été une
atrophie des cellules motrices pouvant aller
jusqu'à leur disparition presque
complète. (...) Voyons le mode de
distribution qu'elle affecte. D'une façon
générale, elle atteint
symétriquement la substance grise
antérieure des deux côtés
dans toute la hauteur de la moelle. Elle est
toutefois habituellement beaucoup plus
prononcée dans les parties
supérieures de la région cervicale
et va s'atténuer de haut en bas. Un autre
caractère important et qui a
été relevé avec soins est
l'irrégularité même
qu'affectent dans leurs distributions les
lésions cellulaires. Elle frappe
ça et là comme au hasard, sans
montrer de préférence pour tel ou
tel groupe cellulaire à l'exclusion de
tel autre ».
-
- extrait de
- Une
leçon de Charcot à La
Salpêtrière
- tableau de André
Brouillet 1887
-
- Pendant plus de 20 ans, la méthode
anatomo-clinique, valorisée par Charcot
pour distinguer les maladies neurologiques,
n'obtiendra ses brillants résultats que
par l'abnégation d'un travail patient,
dans l'ombre, de Gombault, faisant dire à
Paul Legendre (1854-1936) : « Il serait
vain d'essayer de démêler quelle
part pouvait revenir à
l'élève dans la collaboration avec
un maître comme Charcot ». Mosny le
dépeint comme « le maître
incontesté de l'anatomie pathologique,
l'arbitre à qui chacun avait recours dans
les cas difficiles ». Médecin des
hôpitaux en 1882, il est chef de service
du plus grand service de neurologie de
l'époque, hors La
Salpêtrière, à l'hospice des
incurables d'Ivry, en banlieue parisienne en
1887.
-
- Dès cette année-là, il
fonde un enseignement d'histologie pathologique
à titre privé, l'université
ignorant encore l'apport de cette nouvelle
discipline au progrès médical.
Cornil, Bouchard, Pitres, Marie, Brissaud,
Babinski auront tous recours à son
expertise pour mener à bien leurs
travaux. Gombault n'a publié qu'une
vingtaine d'articles et a collaboré au
Manuel d'Histologie de Cornil et Ranvier (24).
Mais quelques-unes de ses publications sont des
modèles de synthèse des
connaissances acquises et des débats
suscités à l'époque, comme
« Revues générales des
localisations cérébrales » en
1877 avec Henri Rendu (1844-1902) dans la Revue
de Sciences Médicales ou en 1896, «
Contribution à l'étude des
aphasies » dans Archives de Médecine
Expérimentale et d'Anatomie pathologique.
Gombault ne s'est pas contenté
d'étudier le système nerveux.
Dès 1876, avec Charcot, il décrit
les lésions hépatiques
provoquées par la ligature du
cholédoque; en 1878, il décrit,
toujours avec Charcot « la cellule
géante » élément
caractéristique de la lésion
tuberculeuse; en 1881, il complète sa
description « de la névrite
segmentaire péri-axile » au cours de
l'intoxication par le plomb par celle de la
néphrite saturnine.
-
-
- Enfin, il est important de noter que cet
apport majeur à la neuropathologie s'est
constitué tout au long d'une
révolution conceptuelle majeure de
l'architecture du système nerveux passant
du concept de réseau d'Andreas Gerlach
(1811-1878) et Camillo Golgi (1843-1926) au
concept de neurone de Wilhelm Waldeyer
(1836-1921) et Santiago Ramon y Cajal
(1852-1934). Gombault écrit en 1902
« Cette nouvelle conception facilite
incontestablement l'interprétation ou la
synthèse d'un très grand nombre de
faits anatomiques, physiologiques et
pathologiques. Elle devrait même servir de
base unique à toutes les études
d'histologie et il ne saurait plus être
question que de neurones de divers ordres et de
maladies des neurones ». Un bon exemple de
cette réflexion est donné par le
chapitre qu'il publia, en association avec son
élève
préféré, Claude Philippe
(1865-1903), dans le Traité d'histologie
pathologique de Cornil et Ranvier.
-
- L'anatomie médullaire conserve sa
description éponyme du Faisceau
Triangulaire de Gombault et Philippe, faisceau
associatif à la commissure
médullaire postérieure. Gombault
est un des douze membres fondateurs de la
Société de Neurologie. Sa
réserve et sa modestie comme son absence
de carrière professorale l'ont
injustement fait oublier. Pourtant, il est
légitime de considérer que les
apports de Gombault à la neurologie sont
d'une valeur aussi déterminante que
celles de son maître Charcot ou de ses
condisciples Marie ou Babinski".
-
-
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