-
- Désiré Bourneville est
né le 21 Octobre 1840 à
Garencières en Normandie. En 1859, il
entreprend ses études de médecine
sur les conseils de Louis-Jean-François
Delasiauve (1804-1893), originaire d'un
village voisin et ami de la famille, alors chef
de service à l'hospice de Bicêtre.
Il est nommé interne des hôpitaux
en 1865. Bourneville est l'interne de Jean-Martin
Charcot (1825-1893) à La
Salpêtrière pendant
l'année 1868. Il soutient sa thèse
en 1870, intitulée: "Etudes
de thermométrie clinique dans
l'hémorragie cérébrale et
dans quelques autres maladies de
l'encéphale", d'où les
caricatures le montrant un thermomètre
à la main (cf ci-dessous). Il
vénérera particulièrement
ces deux maîtres, morts la même
année, Delasiauve
et Charcot.
-
- Lors de l'épidémie de
choléra qui ravage Amiens en 1866,
Bourneville se porte volontaire pour assister
les nombreuses victimes. En gage de
reconnaissance, Amiens le fait citoyen d'honneur
de la ville et son dévouement est
honoré d'une médaille. Pendant la
guerre de 1870, Bourneville a le grade de
chirurgien au 160° bataillon de la Garde
Nationale. Durant les tragiques
évènements de la Commune de Paris
en 1871, son intervention personnelle sauve de
l'éxécution plusieurs de ses
patients et néanmoins ennemis politiques.
Là encore, il oeuvre comme chirurgien,
portant secours aux combattants des deux
camps.
-
-
- Dessin
anonyme la visite Salle St Reine. Charcot avec
sa canne observe une malade
présentée par Bourneville
tenant son thermomètre; Raymond
et Brissaud,
Charles Féré
et sa serviette
- La
surveillante est Mlle de Tirpenne avec ses
papillottes
-
- Orateur et tribun, Bourneville est un
éditorialiste et éditeur
infatigable toute sa vie. Il suffit de passer en
revue toutes ses initiatives:
-
- Dès 1870, il collabore au "Journal
des maladies mentales" et à "La
médecine contemporaine". En 1873,
Bourneville reprend le journal "Le Mouvement
Médical" (1865-1880; Asselin
éditeur) et fonde le Progrès
Médical" en 1873, lieu éditorial
de nombreux livres médicaux comme de la
plupart des thèses soutenues devant JM.
Charcot (Paris : Aux bureaux du Progrès
médical, Lecrosnier et Babé). Le
Progrès Médical est le journal
phare de la diffusion des travaux et des
idées de Charcot et des
élèves de "son école".
C'est dans ce journal que Bourneville
dénonce la traîtrise de Charles
Bouchard (1837-1915) lors de l'agrégation
de 1892 au cours de laquelle Georges
Gilles de la Tourette (1857-1904) et
Joseph Babinski
(1857-1932), élèves
particulièrement prisés de Charcot
seront évincés au profit des
élèves de Bouchard, dont
l'histoire a oublié les noms ! Babinski
ne sera jamais professeur.
-
- "L'Iconographie
photographique de la Salpêtrière,
service du Pr Charcot" (en collaboration
avec P. Regnard) parait en 3 volumes de 1877
à 1880. "La
revue photographique des hôpitaux de
Paris" existera de1869 à 1876. En
1880 naissent les "Archives de Neurologie" dont
il sera rédacteur en chef de 1880
à 1909. (Voir fonds
Charcot à la
Jubilothèque)
-
- Charcot considérait Bourneville comme
son fils et les adversaires de ce dernier le
surnommaient le «mamelouk» de Charcot.
Pendant près de 10 ans, Bourneville est
l'assistant non-officiel de Charcot à La
Salpêtrière. Il joue un rôle
majeur dans la description de
l'hystéro-épilepsie (voir
Paul Richer 1849-1933)
et par la publication des leçons de
Charcot qu'il recueillait. Bourneville invente
et dirige une collection, la
"Bibliothèque diabolique",
constituée d'ouvrages sur les rapports
entre la sorcellerie et l'hystérie,
notamment sur "les possédés".
-
- En 1879, Bourneville devient chef du service
des aliénés de Bicêtre,
prenant en charge les épileptiques et les
enfants "idiots".
C'est là qu'il identifie le retard
psycho-moteur et du développement,
secondaire à l'hypothyroïdie
(cachexie pachydermique ou myxoedème), la
maladie dont il forge le nom: "la
sclérose tubéreuse" et
individualise le tableau clinique du
"mongolisme". Il eut pour disciple
éclairé Paul
Sollier et l'épouse de celui-ci Alice
Sollier née Mathieu-Dubois (thèse
devant Bourneville en 1887: "De l'état de
la dentition chez les enfants idiots et
arriérés"). En dix ans, son
service devient un service modèle et la
première structure
médico-pédagogique comme il n'en
avait jamais existé auparavant. De
1872-1908, tous ses propres travaux de recherche
sont collationnés dans une publication
annuelle: "Recherches
cliniques et thérapeutiques sur
l'épilepsie, l'hystérie et
l'idiotie, Comptes rendus de Bicêtre",
source encore actuelle de données
historiques irremplaçables. Il
perpétue la "Bibliothèque
d'éducation spéciale, recueil
d'observations sur l'idiotie" où l'on
retrouve les travaux fondateurs de Delasiauve,
de Jean-Gaspard
Itard (1774-1838) ou d' Edouard
Séguin (1812-1880).
-
-
- Bourneville partageait les idées
progressistes de Louis
Blanc (1811-1882), publiciste, historien et
socialiste ayant joué un rôle
important durant la révolution de1848.
Bourneville est élu conseiller municipal
de Paris 5è (membre de l'Alliance
Républicaine) en 1876, puis
député (1883-1889) de
l'extrême gauche au siège de L.
Blanc.
-
- Bourneville est à l'origine de la
création de la première
école d'infirmières (1878), de la
rénovation des services d'accouchements
des hôpitaux, des services d'isolement des
contagieux. Il est l'auteur d'un "Petit
dictionnaire des infirmières" en 1878
et dirige la parution du "Manuel
pratique de la garde-malade et de
l'infirmière" en 5 volumes en
1888-1889.
-
- Son engagement politique n'est pas
étranger à son combat pour la
laïcisation des services hospitaliers, la
suppression des aumoniers et il milite sans
repos en faveur l'éviction des
congrégations hospitalières.
(Voir la
biographie de la surveillante de Charcot, Mlle
Marguerite Bottard)
-
- Libre-penseur, républicain,
franc-maçon, démocrate
anti-clérical et anti-colonialiste, toute
l'activité de Bourneville est
inspirée de convictions profondes et
constamment défendues dans le temps.
C'est ainsi qu'il est aussi rapporteur du budget
de l' Assistance Publique et des Asiles
d'aliénés. Il est à
l'origine des premiers textes en faveur de la
création de classes spéciales pour
"enfants arriérés".
-
- Bourneville meurt pauvre le 29 mai 1909. Il
se déclarait partisan de la
crémation. A l'issue d'obsèques
civiles, ses cendres furent
déposées au cimetière du
Père-Lachaise où l'on peut lire
sur une stèle "Bourneville
président de la société
d'incinération,1840-1909".
-
- Pour Bourneville,
être médecin et républicain,
c'était servir le même
idéal (Jacques
Poirier).
-
- Bibliographie
-
- Leroux Hugon V, Poirier J, Ricou P. Les
premières écoles
d'infirmières à l'hôpital de
La Salpêtrière à Paris. Hist
Sci Med. 1997;31(2):189-99.
-
- Paciaroni
M, Cittadini E, Bogousslavsky J. Great
careers: Cornil, Bouchard, Bourneville and
Proust. Front Neurol Neurosci.
2011;29:61-70.
-
- Poirier
J, Chrétien F. Désiré
Bourneville (1840-1909). J Neurol.
2000;247(6):481.
-
- Poirier J, Signoret JL. De Bourneville
à la sclérose tubéreuse:
une époque, un homme, une maladie. Paris
: Flammarion médecine-sciences, 1991.
206p.
-
- Poirier
J, Ricou P, Leroux-Hugon V. Birth and death
of Charcot's scientific journals. Front Neurol
Neurosci. 2011;29:187-201.
-
- Walusinski
O. Marguerite Bottard (1822&endash;1906),
Nurse under Jean-Martin Charcot, Portrayed by G.
Gilles de la Tourette. Eur Neuol.
2011;65(5):279-285. (en
français)
-
- DM. Bourneville en 1866 (au
centre main dans la veste)
- Bouchard en bas à droite
(collier barbe)
- © Extrait
de l'Album de l'internat de La
Salpêtrière conservé
à la Bibliothèque Charcot à
l'hôpital de la
Salpêtrière
- (Université
Pierre et Marie Curie, Paris)
-
- DM. Bourneville en
1876
- © Extrait
de l'Album de l'internat de La
Salpêtrière conservé
à la Bibliothèque Charcot à
l'hôpital de la
Salpêtrière
- (Université
Pierre et Marie Curie, Paris)
-
- extrait de
- Une
leçon de Charcot à La
Salpêtrière
- tableau de André
Brouillet 1887
-
-
-
-
- Bourneville was the son of a small Normandy
landowner in the little village of
Garancières (Eure). He studied medicine
in Paris. During a severe cholera epidemic in
Amiens, in 1866, he volunteered his services and
worked so tirelessly that at the end of the
siege he was presented with a gold watch which
bore an inscription expressing the city's
gratitude. This was his first official
recognition. During the franco-Prussian war he
volonteered as surgeon in the 160th bataillon of
the Garde nationale. Later he became assistant
medical officer at the field hospital of the
Jardin des Plantes and finally-even though he
was a well-established physician-resumed his
internship at the Pitié which then was
covered by fire from German artillery. When
Paris was under the Commune in 1871, the violent
revolutionaries wanted to execute their wounded
political enemies, but Bourneville, by virtue of
his authority and with great courage effectively
resisted their demands.
-
- Bourneville's medical schooling and lines of
thought were influenced by his close association
with other leading physicians of his time, among
them Noël Pascal, Claude Bernard, and the
psychiatrist Delasiauve, who was his teacher. He
began in 1872 the editing of Charcot's
Leçons sur les maladies dit
système nerveux faites à la
Salpêtrière (Paris, Delahaye,
1872-73). He founded La progrès
médical in 1873, and, under the patronage
of Charcot, the Archives de neurologie in 1880.
Most of Bourneville's papers were published in
the Recherches cliniques et
thérapeutiques sur l'épilepsie,
l'hystérie et l'idiotie.
-
- Bourneville's name is linked with our
knowledge of tuberous sclerosis (Bourneville's
disease), which he established as a morbid
entity. Almost simultaneously the disorder was
described by Hartdegen, who called it "glioma
gangliocellulare cerebri congenitum."
Bourneville also made a number of significant
clinical contributions to the problems of
myxedema and cretinism.Stimulated by English
work on mongolism, Bourneville, at the turn of
the century, contributed a series of articles on
this subject. He was physician to the pediatric
service of the Bicêtre from 1879 to 1905;
after reaching the legal retirement age he
remained in charge of the Foundation
Vallée at the Bicêtre. He founded
the first day school for special instruction of
defective children in Paris, a movement which
later took hold in many countries. On Saturdays
he held open-house at the Bicêtre in which
his charges performed exercises and dances to
the accompaniment of a band composed of idiots,
epileptics, and spastics; the trombonist had
wooden legs.
-
- No wonder that Bourneville was celebrated as
the leading continental authority on all that
concerned mentally abnormal children and was
acknowledged as a great psychiatrist and
scholar, whose modesty and brilliance commanded
both love and respect.
-
- Among French physicians Bourneville stands
out as embodying fully the French ideal of un
homme de pensées et d'actions. He
combined the rare virtues of a thinker who
adhered unswervingly to his convictions and a
man who never hesitated to put his thoughts into
action. He was councilman at Paris in 1876 and
deputy in 1883. It is readily understandable
that his reforming zeal involved him frequently
in differences with his colleagues and exposed
him to attacks by the clerical party. But when
he died at the age of sixty-nine, his funeral
was an occasion in which the profession, the
Government and the people participated with
equal mourning.
-
- Clemens E. Benda Waverley, Massachusetts
(Haymaker (W.) - The founders of neurology. 1970
p410)
-
- écrits d'après sa
thèse de 1870
-
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