- en 1871
- © Extrait
de l'Album de l'internat de La
Salpêtrière conservé
à la Bibliothèque Charcot à
l'hôpital de la
Salpêtrière
- (Université
Pierre et Marie Curie, Paris)
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- C'est en1866 que Charcot
institue un enseignement régulier, avec
les Leçons du Mardi et les Leçons
du Vendredi. Ces cours ne resteront pas
longtemps confidentiels et consacreront les
talents didactiques de Charcot, bien avant qu'il
n'obtienne une chaire officielle.
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- Désiré-Magloire Bourneville
succède à Lépine,
puis seront internes Alix Joffroy et
Jules-Aimé Michaud qui restera
deux ans chez Charcot après avoir
été interne à Lyon. Il
soutiendra sa thèse, en 1871, « De
la méningite et de la myélite dans
le mal vertébral », y
décrivant les paraplégies
pottiques. Ce thème associe la neurologie
et la chirurgie, spécialité qu'il
retournera exercer à Lyon, comme
chirurgien des hôpitaux, mais mourra peu
après.
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- Très peu de données
biographiques retrouvées.
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- page 63 - 65
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- Considérations pronostique et
thérapeutiques
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- Chacune des lésions qui peuvent
comprimer et enflammer la moelle
épinière a son degré
particulier de gravité.
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- S'agit-il des tumeurs des méninges,
le pronostic est fatal; les symptômes
s'aggravent d'une manière incessante,
jusqu'à la mort; qui arrive assez
rapidement, et qui est annoncée par
]'apparition des escarres.
-
- Les affections syphilitques de la moelle
diffèrent des précédentes,
au double point de vue du pronostic qui est
d'une bénignité relative, et du
traitement qui est général tout
puissant. « La guérison, dit Rollet
est la terminaison du plus grand nombre des
praplégies syphilitiques; mais elle est
d'autant plus difficile à obtenir que
less accidents sont plus anciens et plus
tardifs. » Nous avons en ce moment sous les
yeux un cas de paraplégie syphilitique
incomplète qui a débuté
dix-huit ans après l'accident primitif,
et qui s'est montrée jusqu'ici rebelle au
traitement spécifique.
-
- Dans la méningite hypertrophique, la
moelle, comme nous l'avons vu, est
comprimée circulairement et dans une
assez grande étendue, par les membranes
qui s'épaississent. Il semblerait,
à priori, que l'altération
médullaire dut s'aggraver
indéfiniment, par suite de
l'épaississement progressif des
méninges, et amener la terminaison
fatale, au bout d'un laps de temps
très-court. Il n'en est rien cependant;
la maladie peut subir de longues périodes
d'arrêt; l'arrêt peut même
être définitif; et les mouvements
tendent alors à se rétablir. C'est
là un fait remarquable, que M. Charcot a
pu observer plusieurs fois en étudiant la
marche naturelle de cette affection, et qu'il
est important de bien connaître, pour ne
pas faire honneur à la
thérapeutique d'une guérison dont
la nature seule a fait tous les frais.
-
- L'envahissement de la colonne
vertébrale par une tumeur est d'un
pronostic très-grave; la mort en est la
conséquence à une période
plus ou, moins éloignée
D'après nos observations, cette
terminaison arrive plus rapidement pour le
carcinome et le fibro-sarcome, que pour
l'hétéradénome. Dans tous
ces cas, la thérapeutique est
impuissante. Nous ne parlons pas des tumeurs
syphilitiques qui se développeraient
à la face postérieure des corps
vertébraux, et feraient saillie dans le
canal rachidien. L'anatomie pathologique n'a pas
encore fourni la preuve matérielle de
leur existence.
-
- Le mal de Pott par carie ou affection
tuberculeuse des vertèbres est loin
d'offrir la même gravité que
l'envahissement des vertèbres par les
tumeurs dont nous venons de parler.
-
- L'affection osseuse, dans ce cas, peut se
terminer par la guérison. Quelle que soit
la gravité de l'altération
médullaire, quelque profonde que soit la
destruction des tubes nerveux, ceux-ci tendent
à se régénérer,
comme nous l'avons dit à propros de
l'anatomie pathologique. La guérison
fréquente de la paraplégie, suite
de mal de Pott, est un fait sur lequel M. Leudet
ajustement insisté dans un mémoire
spécial. L'intervention chirurgicale,
quand elle a lieu à propos, peut
favoriser cette terminaison heureuse.
-
- M. Charcot, qui depuis un certain nombre
d'années, applique la
cautérisation au fer rouge, au traitement
de la paraplégie liée au mal de
Pott, lui doit un assez grand nombre de
succès. La guérison, a-t-on
objecté, ne doit pas être
attribuée à la
cautérisation; elle peut survenir
spontanément lorsqu'on abandonne le mal
de Pott à lui-même. Nous savons, en
effet, qu'il en est ainsi dans quelques cas,
comme nous venons de le dire; mais nous sommes
convaincus que la cautérisation
hâte singulièrement la
guérison des paraplégies qui
tendent à s'améliorer, et qu'elle
est quelquefois le signal d'un amendement
notable, pour celles qui tendent à
persévérer indéfiniment.
Lorsque, en effet, une paraplégie par mal
de Pott, livrée à elle-même,
reste stationnaire, ou même paraît
s'aggraver, et que l'on voit après une
première cautérisaton les douleurs
cesser, et les membres inférieurs,
jusque-là contracturés,
s'étendre; après une
deuxième, les mouvements se
rétablir, il est difficile de ne pas voir
là, une relation de cause à effet.
Toutes les paraplégies par mal de Pott,
ne sont évidemment pas curables. Il
serait d'une importance capitale de pouvoir
distinguer par certains signes bien
établis, les cas rebelles au traitement,
de ceux où la cautérisation peut
être appliquée avec avantage. Mais
jusqu'à présent, nous sommes sans
donnée précise sur ce point de
diagnotic. Il est bien évident que le
traitement par les pointes de feu ne peut
s'appliquer aux malades qui présentent
des abcès par congestion. Mais parmi les
cas de mal Pott, sans abcès, il y aurait
encore une distinction à établir.
Or, ni la forme de la gibbosité, ni la
violence plus au moins grande des douleurs, ni
les altérations de la sensibilité
ne peuvent servir à guider le chirurgien.
La contracture regardée autrefois comme
un signe d'une extrême gravité, ne
paraît diminuer en rien les chances de
succès de la cautérisation. Dans
les quatre observations de guérison que
nous citons, deux fois la paraplégie
était avec flaccidité des membres;
deux fois, elle s'accompagnait de contracture
permanente.
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