- Clinicien.
Reçu premier au concours
d'agrégation en 1863
- Médecin des
Hôpitaux Professeur de pathologie
médicale puis de clinique
médicale
- Membre de
l'Académie de
médecine
-
- Le docteur Sigismond Jaccoud a l'une des
plus hautes situations médicales de
Paris: ses leçons cliniques, qu'il a
réunies en plusieurs volumes, et son
traité magistral de pathologie interne
sont dans toutes les bibliothèques; les
étudiants de tous les pays utilisent ses
livres, traduits dans toutes les langues,
à préparer leurs examens et leurs
concours; lui-même est universellement
connu, et rien, enfin, ne manquerait à sa
gloire, s'il n'était, lui aussi, du clan
de ces professeurs qui parlent trop bien, et un
vulgarisateur admirable plutôt qu'un
initiateur.
-
- Chez lui, le talent oratoire est
véritablement merveilleux. Voyez-le dans
le vieil amphithéâtre à
balcon circulaire où il enseigne,
à la Pitié: peut-être
abuse-t-il un peu de ces reculs et de ces
brusques avancements du corps, et de ces gestes
élargis qui rappellent trop la
manière habituelle aux
prédicateurs; mais que la phrase est donc
bien faite, quelle abondance et quelle justesse
dans les mots, quelle clarté dans les
explications, quel brio dans les citations,
quelle mémoire des noms propres, quel art
de la diction!
-
- C'est un régal que de l'entendre:
plus, à coup sûr, que de le lire.
M. Jaccoud, comme tous les orateurs-nés,
parle mieux qu'il n'écrit;
imprimée, sa prose apparaît plus
diffuse, moins ferme, moins frappante;
l'érudition, sans la magie de l'action
oratoire, semble plus difficile, trop en
évidence, trop exclusive; la phrase
même est moins heureuse. Eh bien! chose
déconcertante, les admirables cours de M.
Jaccoud sont relativement peu suivis, alors que
ses ouvrages sont dans toutes les mains.
-
- Cela tient, j'imagine, à ce que
l'homme fait peu de frais pour plaire, et ne
paraît pas tenir beaucoup à se
réconcilier les enthousiasmes de la
jeunesse. Grand et maigre, toujours vêtu
de la plus correcte façon, de teint mat
avec une moustache grise et des favoris courts,
à la russe, il fait sa visite
d'hôpital pour son propre compte, sans
familiarités pour ses
élèves qu'il a l'air de ne pas
connaitre, ne causant guère qu'avec son
chef de clinique ou son interne qu'il interroge
de temps à autre, brièvement, sur
tel ou tel de ses malades. Même quand il
enseigne, il demeure hautain, sans apparent
souci de son auditoire, et semble ne
déployer tant d'éloquence que pour
se satisfaire lui-même.
-
- D'autre part, ses confrères, qui
souvent l'appellent en consultation, lui
reprochent, eux aussi, de manquer un peu
d'aménité, et prétendent
qu'il lui arrive parfois de les contredire sans
gêne, voire de leur faire la leçon
dans les familles où ils l'ont
introduit.
-
- Mais ce sont là critiques sans
importance qui n'ôtent rien à sa
haute valeur: fuir la popularité n'est
point chose qui court les rues, et pareille
attitude mérite le respect.
-
- Ayant débuté, comme on sait,
par être premier violon à
l'Opéra-Comique, M. Jaccoud a
commencé plus tard que d'autres ses
études médicales. Personne ne les
a faites et achevées de façon plus
rapide et plus brillante, et les étapes
de sa carrière se succèdent plus
triomphales les unes que les autres. Jugez
plutôt: en 1854, il est premier à
l'externe; nomné interne au concours de
1855, il a la médaille d'or en 1859,
subit l'épreuve de la thèse en
1860; deux ans plus tard, à son
premier
- concours, il est nommé médecin
des hôpitaux, le premier de la promotion;
de même pour l'agrégation où
il arrive d'emblée l'année
suivante; la Faculté lui confie
bientôt la chaire de pathologie interne,
puis une chaire de clinique où il fait
merveille, je l'ai dit. En 1876, il entreprend
la rédaction du nouveau Dictionnaire de
médecine et de chirurgie pratiques,
uvre énorme dont il a dirigé
très intelligemment l'exécution,
et qu'il mena à bonne fin.
-
- Avec de pareils titres à
l'admiration, le professeur Jaccoud a la part
belle, pour le moment du moins, car son oeuvre,
toute d'érudition et de vulgarisation ne
peut guère lui survivre.
-
- Dans vingt ans la science ayant
évolué, ses livres,
remplaçés par d'autres plus au
courant, ne se liront plus et seront
oubliés, il a dû le prévoir
lui-même. On ne lui doit aucune
découverte importante: ses trouvailles
ont été rares. Pour avoir trop
cité les autres, il ne sera point
cité lui-même, et, dans les livres
que ses imitateurs de l'avenir écriront,
son nom ne figurera pas, laconiquement
accolé, entre deux parenthèses,
à une vérité durable, ce
qui, pour un savant, constitue la vraie
gloire.
-
- Un grand nombre de jeunes gens ont
passé par son service, et le maître
n'a pas fait école.
-
- Et c'est pourquoi je persiste à
croire que ne pas être trop beau parleur
est une force, pour les savants que
préoccupe le souci de la
postérité. Dernier
défenseur de la médecine
hippocratique, il s'opposa à la
théorie microbienne !
-
- Ses livres :
- Un grand nombre d'articles in Dictionnaire
de Médecine et de Chirurgie pratiques,
dont M. Jaccoud est directeur.
- Traité de pathologie interne, 7e
édition.
- Clinique médicale de
Lariboisière, 3e édition.
- Clinique médicale de la Pitié,
4 vol.
-
- Jaccoud à Contrexeville en ?
Eloge par M
Ménétrier
- Le progrès médical 13
décembre 1930; N°51; p
2213-2229
-
- ....C'est ce qu'il exprimait en toute
vérité dans la péroraison
d'une de ses leçons cliniques, disant :
« Je repousse les théories, je
m'incline devant les faits; je les recherche, Je
m'efforce d'en augmenter le nombre, je les
étudie, je les interprête avec le
triple secours de la pathologie
générale, de la clinique et du
laboratoire et je suis certain ... que par
l'accumulation même des faits ainsi
étudiés la vérité se
fera jour telle que je l'entrevois, telle que je
l'enseigne dans le sens d'une étroite et
parfaite conciliation entre la médecine
traditionnelle et les découvertes
contemporaines. »
-
- Car c'était là le terrain sur
lequel il s'était fort judicieusement
placé pour conserver sa maîtrise en
utilisant l'acquit du passé dans
l'interprétation des conquêtes
nouvelles de la science. « La clinique,
disait-il encore, doit recourir à la
bactériologie, comme elle recourt aux
autres sciences biologiques, et il y a là
pour elle une obligation de plus à
laquelle elle ne peut manquer sans faillir. Mais
ici, comme toujours, il faut se garder de tout
excès; ce concours désormais
nécessaire ne doit pas aller
jusqu'à l'envahissement, apport ne veut
pas dire substitution, et le microbe ne doit pas
faire oublier le malade, pas plus que les
précieuses acquisitions de la science
nouvelle ne doivent faire oublier les
vérités antiques sur lesquelles a
été édifiée la
médecine humaine. »
-
- C'est en s'inspirant de ces principes qu'il
s'efforcait de conciller l'ancienne
étiologie avec les données
récemment acquises. Il expliquait par
exemple le rôle du froid, un des facteurs
les plus fréquemment incriminés
par les anciens, dans la genèse des
maladies infectieuses et particulièrement
de la pneumonie. Il établissait une
division fondamentale les agents microbiens en
pathogènes spécifiques dont
l'action produit constamment le même type
de maladie, et pathogènes
indifférents susceptibles de
déterminer des formes morbides multiples
selon les prédisposition organiques
locales ou générales, lesquelles
constituaient précisément les
causes invoquées par l'étiologie
traditionnelle.
- .......
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