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Biographies de neurologogues
Nouvelle Iconographie de La Salpêtrière
 
 L'histoire des neurosciences à La Pitié et à La Salpêtrière J Poirier
The history of neurosciences at La Pitié and La Salpêtrière J Poirier
 
 
 
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 mise à jour du
13 mai 2004
Horace Bianchon
Nos grands médecins
Soc ed scientifiques
1892
Sigismond François JACCOUD
29 novembre 1830 - 26 avril 1913
 
Traité de pathologie interne
 
 Les biographies de neurologues

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Clinicien. Reçu premier au concours d'agrégation en 1863
Médecin des Hôpitaux Professeur de pathologie médicale puis de clinique médicale
Membre de l'Académie de médecine
jaccoud
 
Le docteur Sigismond Jaccoud a l'une des plus hautes situations médicales de Paris: ses leçons cliniques, qu'il a réunies en plusieurs volumes, et son traité magistral de pathologie interne sont dans toutes les bibliothèques; les étudiants de tous les pays utilisent ses livres, traduits dans toutes les langues, à préparer leurs examens et leurs concours; lui-même est universellement connu, et rien, enfin, ne manquerait à sa gloire, s'il n'était, lui aussi, du clan de ces professeurs qui parlent trop bien, et un vulgarisateur admirable plutôt qu'un initiateur.
 
Chez lui, le talent oratoire est véritablement merveilleux. Voyez-le dans le vieil amphithéâtre à balcon circulaire où il enseigne, à la Pitié: peut-être abuse-t-il un peu de ces reculs et de ces brusques avancements du corps, et de ces gestes élargis qui rappellent trop la manière habituelle aux prédicateurs; mais que la phrase est donc bien faite, quelle abondance et quelle justesse dans les mots, quelle clarté dans les explications, quel brio dans les citations, quelle mémoire des noms propres, quel art de la diction!
 
C'est un régal que de l'entendre: plus, à coup sûr, que de le lire. M. Jaccoud, comme tous les orateurs-nés, parle mieux qu'il n'écrit; imprimée, sa prose apparaît plus diffuse, moins ferme, moins frappante; l'érudition, sans la magie de l'action oratoire, semble plus difficile, trop en évidence, trop exclusive; la phrase même est moins heureuse. Eh bien! chose déconcertante, les admirables cours de M. Jaccoud sont relativement peu suivis, alors que ses ouvrages sont dans toutes les mains.
 
Cela tient, j'imagine, à ce que l'homme fait peu de frais pour plaire, et ne paraît pas tenir beaucoup à se réconcilier les enthousiasmes de la jeunesse. Grand et maigre, toujours vêtu de la plus correcte façon, de teint mat avec une moustache grise et des favoris courts, à la russe, il fait sa visite d'hôpital pour son propre compte, sans familiarités pour ses élèves qu'il a l'air de ne pas connaitre, ne causant guère qu'avec son chef de clinique ou son interne qu'il interroge de temps à autre, brièvement, sur tel ou tel de ses malades. Même quand il enseigne, il demeure hautain, sans apparent souci de son auditoire, et semble ne déployer tant d'éloquence que pour se satisfaire lui-même.
 
D'autre part, ses confrères, qui souvent l'appellent en consultation, lui reprochent, eux aussi, de manquer un peu d'aménité, et prétendent qu'il lui arrive parfois de les contredire sans gêne, voire de leur faire la leçon dans les familles où ils l'ont introduit.
 
Mais ce sont là critiques sans importance qui n'ôtent rien à sa haute valeur: fuir la popularité n'est point chose qui court les rues, et pareille attitude mérite le respect.
 
Ayant débuté, comme on sait, par être premier violon à l'Opéra-Comique, M. Jaccoud a commencé plus tard que d'autres ses études médicales. Personne ne les a faites et achevées de façon plus rapide et plus brillante, et les étapes de sa carrière se succèdent plus triomphales les unes que les autres. Jugez plutôt: en 1854, il est premier à l'externe; nomné interne au concours de 1855, il a la médaille d'or en 1859, subit l'épreuve de la thèse en 1860; deux ans plus tard, à son premier
concours, il est nommé médecin des hôpitaux, le premier de la promotion; de même pour l'agrégation où il arrive d'emblée l'année suivante; la Faculté lui confie bientôt la chaire de pathologie interne, puis une chaire de clinique où il fait merveille, je l'ai dit. En 1876, il entreprend la rédaction du nouveau Dictionnaire de médecine et de chirurgie pratiques, œuvre énorme dont il a dirigé très intelligemment l'exécution, et qu'il mena à bonne fin.
 
Avec de pareils titres à l'admiration, le professeur Jaccoud a la part belle, pour le moment du moins, car son oeuvre, toute d'érudition et de vulgarisation ne peut guère lui survivre.
 
Dans vingt ans la science ayant évolué, ses livres, remplaçés par d'autres plus au courant, ne se liront plus et seront oubliés, il a dû le prévoir lui-même. On ne lui doit aucune découverte importante: ses trouvailles ont été rares. Pour avoir trop cité les autres, il ne sera point cité lui-même, et, dans les livres que ses imitateurs de l'avenir écriront, son nom ne figurera pas, laconiquement accolé, entre deux parenthèses, à une vérité durable, ce qui, pour un savant, constitue la vraie gloire.
 
Un grand nombre de jeunes gens ont passé par son service, et le maître n'a pas fait école.
 
Et c'est pourquoi je persiste à croire que ne pas être trop beau parleur est une force, pour les savants que préoccupe le souci de la postérité. Dernier défenseur de la médecine hippocratique, il s'opposa à la théorie microbienne !
 
Ses livres :
Un grand nombre d'articles in Dictionnaire de Médecine et de Chirurgie pratiques, dont M. Jaccoud est directeur.
Traité de pathologie interne, 7e édition.
Clinique médicale de Lariboisière, 3e édition.
Clinique médicale de la Pitié, 4 vol.
 
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Jaccoud à Contrexeville en ?
Eloge par M Ménétrier
Le progrès médical 13 décembre 1930; N°51; p 2213-2229
 
....C'est ce qu'il exprimait en toute vérité dans la péroraison d'une de ses leçons cliniques, disant : « Je repousse les théories, je m'incline devant les faits; je les recherche, Je m'efforce d'en augmenter le nombre, je les étudie, je les interprête avec le triple secours de la pathologie générale, de la clinique et du laboratoire et je suis certain ... que par l'accumulation même des faits ainsi étudiés la vérité se fera jour telle que je l'entrevois, telle que je l'enseigne dans le sens d'une étroite et parfaite conciliation entre la médecine traditionnelle et les découvertes contemporaines. »
 
Car c'était là le terrain sur lequel il s'était fort judicieusement placé pour conserver sa maîtrise en utilisant l'acquit du passé dans l'interprétation des conquêtes nouvelles de la science. « La clinique, disait-il encore, doit recourir à la bactériologie, comme elle recourt aux autres sciences biologiques, et il y a là pour elle une obligation de plus à laquelle elle ne peut manquer sans faillir. Mais ici, comme toujours, il faut se garder de tout excès; ce concours désormais nécessaire ne doit pas aller jusqu'à l'envahissement, apport ne veut pas dire substitution, et le microbe ne doit pas faire oublier le malade, pas plus que les précieuses acquisitions de la science nouvelle ne doivent faire oublier les vérités antiques sur lesquelles a été édifiée la médecine humaine. »
 
C'est en s'inspirant de ces principes qu'il s'efforcait de conciller l'ancienne étiologie avec les données récemment acquises. Il expliquait par exemple le rôle du froid, un des facteurs les plus fréquemment incriminés par les anciens, dans la genèse des maladies infectieuses et particulièrement de la pneumonie. Il établissait une division fondamentale les agents microbiens en pathogènes spécifiques dont l'action produit constamment le même type de maladie, et pathogènes indifférents susceptibles de déterminer des formes morbides multiples selon les prédisposition organiques locales ou générales, lesquelles constituaient précisément les causes invoquées par l'étiologie traditionnelle.
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