- Besoins en rapport avec les fonctions
respiratoires. (p 41-43)
-
- Le besoin de respirer
dont chacun peut se rendre compte par
soi-même en retenant sa respiration
pendant un certain temps, soit en inspiration,
soit en expiration, se traduit par un sentiment
de gêne qui se localise principalement,
quoique très vaguement, dans la
région sternale. Si l'arrêt de la
respiration se prolonge pendant vingt secondes
et plus après une inspiration ordinaire
ou quarante à cinquante secondes
après une inspiration profonde, la
gêne devient considérable, et
il
- s'y joint une
sensation très pénible de
constriction thoracique et un sentiment
d'anxiété et d'angoisse qui ne
permettent pas de prolonger l'expérience.
Dans ses recherches sur la composition de l'air
des poumons, Vierordt a pu retenir sa
respiration pendant cent secondes, mais à
ce chiffre, l'angoisse était
extrême et le besoin de respirer
irrésistible. Cependant par l'exercice la
suspension de la respiration peut se prolonger
plus longtemps, jusqu'à deux minutes et
demie, par exemple, chez les plongeurs de
profession. Ce besoin de respirer prend dans
certaines maladies un caractère
particulier, comme dans la dyspnée et
l'angoisse qui l'accompagne atteint son maximum
dans les accès de suffocation qui se
présentent dans l'asthme et les
affections du cur.
-
- A quoi tient ce besoin de respirer et quelle
est son origine ? Il parait dû,
d'après toutes les données
physiologiques, à l'accumulation d'acide
carbonique dans le sang et peut-être
à l'insuffisance d'oxygène. Si en
effet par un procédé quelconque,
on sature le sang d'oxygène, la
respiration peut s'arrêter sans que le
besoin de respirer se fasse sentir. Si, sur un
animal, comme l'ont fait Hook, et plus tard
Rosenthal, on pratique l'insufflation pulmonaire
(respiration artificielle) en diminuant de plus
en plus l'intervalle de deux insufflations
successives, les mouvements respiratoires se
ralentissent et finissent par cesser tout
à fait. Dans cet état connu en
physiologie sous le nom d'apnée, l'animal
ne ressent plus le besoin de respirer. On peut
du reste faire soi-même
l'expérience confirmative suivante; si on
fait coup sur coup plusieurs respirations
très profondes et qu'on retienne ensuite
sa respiration, on voit que la suspension de la
respiration peut durer plus longtemps que dans
les conditions ordinaires avant que le besoin de
respirer ne devienne impérieux et
irrésistible.
-
- Comment maintenant agit le sang
chargé d'acide carbonique ou
désoxygéné pour
déterminer les sensations qui constituent
ce que nous appelons besoin de respirer ? De
quels éléments sensitifs se
compose ce besoin ? L'influence du sang
porte-t-elle sur les muscles inspirateurs, sur
les poumons, sur les terminaisons
périphériques des nerfs
pulmonaires et diaphraginatiques ou sur les
centres sensitifs auxquels aboutissent ces
filets nerveux ? Il est assez difficile de
résondre la question et il est probable
que ces divers éléments sensitifs
interviennent chacun dans la sensation complexe
du besoin de respirer. Il est à noter
cependant que cette sensation et les
phénomènes dyspnéiques qui
l'accompagnent quand elle est intense peuvent se
montrer en dehors de tout défaut
d'oxygénation du sang et par la simple
excitation de certains nerfs sensitifs. Ainsi
l'occlusion du larynx, même quand la
trachée laisse un libre accès
à l'air, l'excitation de certains points
de la muqueuse des fosses nasales suffisent pour
déterminer toutes les sensations et tous
les phénomènes de la
dyspnée la plus intense.
-
- Ce besoin de respirer peut se montrer chez
le ftus même avant la naissance. Il
es tbien prouvé en effet que, sous
certaines conditions encore mal
déterminées, il peut se produire
des monvements inspiratoires précoces
pendant que le ftus se trouve encore dans
l'eau de l'amnios, mouvements qui peuvent faire
pénétrer l'eau de l'amnios dans
les bronches. Ces respirations ne peuvent se
produire du reste que tant que le ftus
possède encore l'excitabilité
réflexe.
-
- À la fonction respiratoire se
rattachent un certain nombre de besoins qui
correspondent à des actes respiratoires
spéciaux; tels soit les sensations qui
précèdent le
bâillement, la toux,
l'éternuement, etc. Dans ces
différents actes, sur lesquels je n'ai
pas à m'étendre ici, les
mouvements suivent presque immédiatement
le besoin et ils se produisent presque toujours
involontairement et par action
réflexe.
-
- Besoins d'inaction ou de
repos.page 59
- Je rangerai dans cette catégorie les
besoins qui dérivent de l'exercice
prolongé ou exagéré de
certaines fonctions.
- En tête se trouve celui qui traduit la
fatigue de tout l'organisme ou du moins de ses
fonctions de relation, le besoin de sommeil. Ce
besoin de sommeil s'annonce par un certain
nombre de sensations, démangeaisons et
lourdeur des paupères supérieures,
picotements légers de la conjonctive,
engourdissement de la sensibilité
générale et des sens
spéciaux, sensations des muscles
sus-hyoidiens qui précèdent le
bâillement, pesanteur des membres et
de la tête, obnubilation
légère de l'intelligence et peu
à peu le sommeil arrive sans qu'on puisse
préciser le moment exact où il
commence. Les causes qui déterminent ce
besoin de sommeil sont aussi peu connues que
celles du sommeil lui-même; mais il faut
encore remarquer que les sensations qui
l'accompagnent débutent par les
paupières et sont probablement de nature
musculaire. La physiologie de ce besoin se
confond avec la physiologie même du
sommeil pour laquelle je ne puis que renvoyer
aux traités de physiologie...
-
- De quelques actes respiratoires
spéciaux (p 928 tome 2)
-
- Les mouvements respiratoires se modifient de
façon à produire certains actes
spéciaux qui concourent à
l'accomplissethent de la fonction respiratoire
et d'autres fonctions, ou qui correspondent
à des influences nerveuses
particulières. Eu égard à
leur mécanisme, ces actes peuvent
être classés en trois
catégories : effort, actes inspirateurs
et actes expirateurs. Le mécanisme de la
voix et de la parole rentrerait aussi dans cette
dernière catégorie, mais leur
importance mérite une étude
à part qui sera faite dans les chapitres
suivants.
-
- A. Effort. - L'effort n'est pas autre chose
que le déploiement à un moment
donné d'une contraction musculaire
intense pour vaincre une résistance
considérable. Cet effort a pour
première condition la fixation de la cage
thoracique, fixation qui donne un point d'appui
solide aux muscles des membres
supérieurs, de l'abdomen et des membres
Inférieurs. Pour fixer la cage
thoracique, on fait une inspiration profonde,
puis la glotte se ferme et les muscles
expirateurs se contractent alors
énergiquement. Cette occlusion de la
glotte a été constatée
directement chez les animaux; chez l'homme elle
est prouvée par ce fait d'observation
journalière que l'émission des
sons s'arrête au moment de l'effort.
Cependant l'occlusion absolue de la glotte ne
parait pas être indispensable, et les
animaux ou les hommes porteurs de fistules de la
trachée peuvent encore faire des efforts,
mais moins énergiques et moins
soutenus.
-
- B. Actes inspirateurs. - Ces actes
inspirateurs sont tantôt simples, comme
l'action de humer ou de renifler, tantôt
plus complexes, comme le
bâillement. Dans le humer, l'air
passe par la bouche en entraînant le
liquide en contact avec l'orifice buccal. Dans
le renifler, lé courant d'air
inspiré passe par le nez, et on aspire en
même temps les corps placés
à l'orifice des narines, comme dans
l'action de priser. Le bâillement
consiste en une inspiration profonde, la bouche
largement ouverte, avec contraction de certains
muscles de la face et suivie d'une expiration
bruyante ou insonore. Le sanglot est une
inspiration ou une série d'inspirations
diaphragmatiques, brèves, spasmodiques,
douloureuses avec production de son glottique
à l'inspiration et à l'expiration.
Dans le soupir l'inspiration est lente,
profonde et suivie d'une expiration courte et
forte avec émission d'un son particulier.
Le hoquet est une contraction spasmodique du
diaphragme, avec inspiration brusque
arrêtée subitement par l'accolement
des cordes vocales.
- Traité
clinique et thérapeutique de
l'hystérie d'après l'enseignement
de La Salpêtrière
1895
|