- Dans les spasmes inspiratoires mixtes, M.
Pitres classe les bâillements et
les éternuements
hystériques.
- Nous nous étendrons quelque peu
sur les bâillements, dont nous avons
fait avec MM. Huet et Georges Gullion (
Gilles De La Tourette, Huet, G. Guinon,
Contribution
à l'étude des bâillements
hystériques. Nouv. Icon, de la Salp.,
t.III, 1890, p 97) l'objet d'une
étude particulière basée
sur cinq observations personnelles.
-
- En dehors de notre travail nous ne
connaissons, de ces phénomènes,
qu'un exemple rapporté en 1846
à la Société de
médecine pratique et signalé
par Pîtres (Leçons sur
l'hystérie, op. cit., t I, p345. -
Cousserant,
Gazette des hôpitaux,1846, p 375).
M. Charcot (J-M.
Charcot Leçons du mardi à la
Salp., 1888-89, p 1 et suiv) a
consacré sa Leçon du mardi 23
octobre 1888 à l'analyse du cas qui
fait le sujet de la première
observation de notre mémoire.
-
- M. Ch. Féré (Feré,
Bâillements chez un épileptique.
Nouv. Icon. de la Salp., 1888, t. 1, p.
163.), traitant, en 1888, du bâillement
chez les épileptiques, parle
également du bâillement chez les
hystériques. «Ce
phénomène est fréquent,
dit-il, dans les psychoses à forme
dépressive, dans l'hypocondrie, la
mélancolie; ou le voit aussi dans
l'hystérie. Dans cette dernière
névrose, il petit tenir au
ralentissement général des
phénomènes nutritifs ou
constituer une sorte de spasme.»
- Le passage est trop court pour nous
fournir des matériaux à
utiliser dans une description; nous
emprunterons toutefois à ce travail
les éléments d'un diagnostic
différentiel. Aussi bien, du reste,
n'est-ce pas presque toujours avec
l'épilepsie que le diagnostic s'impose
lorsqu'il s'agit de manifestations
hystériques? Les bâillements
hystériques ne s'observent que
rarement, puisque nous n'avons pu en
réunir que six observations.
-
- Ils se présensent à
l'observateur, à l'état
isolé ou concurremment avec d'autres
phénomènes hystériques,
sous deux formes différentes :
permanente ou paroxystique, qui peuvent
d'ailleurs alterner chez le même
individu.
- Dans la première, la malade - car
nos cas se rapportent uniquement à des
femmes âgées de dix-sept
à trente ans - se met tout à
coup à bâiller, et les
bâillements sont surtout remarquables
par leur persistance même. Un de nos
sujets (obs. 1), avant de présenter
des crises véritables de
bâillements, deuxième forme de
cette manifestation, bâillait pour
ainsi dire constamment: « A l'origine,
dit M. Charcot, elle bâillait environ
huit fois par minute, 480 bâillements
par heure, soit 7 200 en quinze heures de
veille. »
-
- Dans ces cas, le sommeil seul interrompt
les bâillements, qui reprennent au
réveil et peuvent ainsi persister
pendant des semaines et des mois sans que la
santé gênérale semble en
souffrir notablement.
-
- Lorsque les bâillements
revêtent cette allure, il est,
croyons-nous, assez facile de les
différencier des
bâilléments physiologiques et
aussi de ceux qui, physiologiquement pour
ainsi dire, peuvent survenir dans
l'hystérie comme au cours de tout
autre état normal ou
pathologique.
-
- Nous avons noté la
fréquence; nous noterons encore et
surtout « le rythme et la cadence,
caractères propres à nombre de
phénomènes
hystériques» (Charcot). De plus,
le bâillement physiologique consiste en
une inspiration profonde; le thorax est alors
à son summum d'ampliation, les
mâchoires sont écartées
au maximum; il se termine par une expiration
bruyante qui s'accompagne souvent de flux de
salive et de sécrétion de
larmes. Souvent aussi, il se produit des
pandiculations qui ne sont autres que des
mouvements d'élévation et de
rétraction en arrière des
épaules.
-
- Or, on peut voir, sur les tracés
que nous avons publiés (op. cit., fig.
40), que l'inspiration dans le
bâillement hystérique n'est
guère plus profonde qu'une inspiration
normale. Peut-être cela tient-il
à ce que les bâillements sont
tellement répétés que la
malade n'a pas besoin de suppléer
à l'hématose insuffisante qui
provoquerait - à ce que l'on croit -
le bâillement physiologique. Parfois,
en effet, ils se rapprochent tellement qu'il
semble que ce soit le mode habituel de
respirer des sujets. Nous noterons aussi que
les bâillements s'accompagnent ou
même s'entrecoupent de quintes de toux,
pliénomènes de même
ordre. Ce qui est exagéré, par
exemple, c'est l'amplitude de
l'écartement des mâchoires
porté à son maximum, au point
qu'il peut se produire une luxation des,
mâchoires et des
phénomènes inflammatoires du
côté des articulations
temporo-maxillaires (Charcot Clinique des
maladies du système nerveux,
publiée par G. Guinon t I, p
455).
-
- Le bâillement
considéré en soi peut
être simple, unique, mais aussi il peut
être double, se faire en deux fois,
c'est à-dire être formé
de deux inspirations assez rapprochées
pour constituer un seul et même
bâillement. Il peut être
avorté, une de nos malades (obs. III)
accusait parfois une sensation de malaise; il
fallait que le bâillement fut complet
pour que l'organisme se déclarât
satisfait. On note, en effet, que les
bâillements s'accompagnent souvent,
comme à l'état physiologique,
d'ailleurs,d'une sensation de
soulagement.
-
- Les crises de bâillements ne
diffèrent pas, comme allure
générale, des autres
manifestations convulsives limitées ou
généralisées de
l'hystérie se groupant sous forme
d'attaques. Il existe dans tous ces cas un
fonds commun qui se juge par les
phénonènes prémonitoires
de l'accès, par les signes et
symptômes constitutifs de l'aura.
-
- Lorsque la crise va survenir, la malade
accuse une sensation de boule qui remonte de
l'épigastre; elle a des bourdonnements
d'oreilles, des battements dans les tempes;
puis, après un temps variable,
éclatent les bâillements sous
forme d'accès.
- Ils se précipitent alors beaucoup
plus rapidement que dans la forme
précédemment décrite,
empiétant les uns sur les autres
pendant un temps plus ou moins long, un quart
d'heure, une demi-heure et plus, suivant les
cas. Puis la crise se termine, les
bâillements cessent pour revenir
ultérieurement sous la même
forme paroxystique.
-
- Il est bien rare que la crise de
bâillements soit absolument pure de
tout mélange des
phénomènes ordinairement
observés lors de la grande attaque. On
sait, en effet, M. Charcot l'a montré,
qu'un observateur attentif retrouve presque
toujours dans les crises convulsives
limitées, chorée
rythmée, toux, dyspnée
hystérique, des vestiges des quatre
périodes classiques.
- Outre les phénomènes
prémonitoires de l'aura, qui sont
communs, il est fréquent d'observer,
au début de cette attaque, des
contractures des membres supérieurs ou
inférieurs, contractures qui, de
toniques, ne tardent pas à devenir
cloniques. Enfin, lorsque la crise se
termine, le regard devient fixe, la
physionomie reflète des sentiments
représentatifs des attitudes
passionnelles. La prédominance des
bâillements fixe seule la forme de
l'attaque.
-
- Parfois, l'attaque de bâillements
se termine par une véritable attaque
convulsive ordinaire, les bâillements
représentant alors la phase tonique du
paroxysme; dans d'autres circonstances, on
voit alterner, sans se confondre, les
attaques convulsives proprement dites et les
attaques de bâillements, comme dans le
cas de Cousserant et dans un de ceux qui nous
sont personnels (obs. III).
-
- Le diagnostic différentiel des
bâillements ne nous arrêtera pas
longtemps; presque toujours il existe
concuremment des stigmates qui, en dehors des
bâillements eux-mêmes, ne
permettront pas à l'observateur de
s'égarer. Mais enfin, on peut supposer
que ce soit là une manifestation
monosymptomatique de l'hystérie. Dans
ce cas, l'embarras peut-être grand.
Lorsque les bâillements ne sont pas
groupés sous forme d'attaques, le
rythme et la cadence sont des
éléments différentiels
de premier ordre qui ne paraissent pas
exister dans les bâillements
épileptiques, lesquels, en outre, ne
revêtiraient pas la forme paroxystique
(Féré).
-
- Dans la forme paroxystique, on peut faire
intervenir un élément
d'appréciation qui permettrait, s'il
était nécessaire,
d'établir un diagnostic certain aves
les accès de bâllements
épileptiques, qui, nous l'avons dit,
n'ont pas encore été
observés sous cet aspect. Ce criterium
est tiré de l'analyse des urines.
-
- En effet, les recherches que nous avons
faites avec M. Gilles de la Tourette et
Cathelineau, La nutrition dans
l'hystérie, op. cit., p 42.) dans un
cas de bâillements hystériques
nous ont montré que, de même que
l'attaque convulsive, l'attaque des
bâillements se jugeait, par
l'abaissement du taux du résidu fixe,
de l'urée, des phosphates, avec
inversion de la formule de ces derniers.
-
- Il suffit, pour s'en convaincre, de
considérer le tableau ci-dessous
(tabl. XXII) :
- Il est à noter que les
bâillements qui surviennent sans se
grouper sous forme d'attaques n'influencent
pas les phénomènes nutritifs.
Il faut, pour les bâillements comme
pour les autres manifestations
hystériques, qu'il y ait crise pour
que les modifications se produisent. Nous
insistons sur ces données chimiques;
car, si le doute pouvait exister entre les
attaques de bâillements
hystériques et les bâillements
épileptiques, l'analyse des urines
trancherait vite la question, étant
donné, comme nous l'avons dit, que
l'accès d'épilepsie, à
l'inverse de l'attaque d'hystérie,
augmente considérablement le taux du
résidu fixe et particulièrement
de l'urée sans inversion de la formule
des phosphates.
-
-
- La
maladie de Gilles de la Tourette
- GE Gilles de la Tourette La
maladie des tics convulsifs (pdf)
- Contribution
à l'étude des bâillements
hystériques Nouvelle Iconographie de
La Salpêtrière1890
- Traité
clinique et thérapeutique de
l'hystérie d'après
l'enseignement de La
Salpêtrière1895
- Gilles de
la Tourette par P. Legendre pdf
- Attentat
contre Gilles de la Tourette
07/12/1893
- La
nécrologie La Presse Médicale 4
juin 1904
- La
nécrologie Nouvelle Iconographie de la
Salpêtrière 1904
- The
forgotten face of Gilles de la Tourette:
practitioner, expert, and victim of criminal
hypnotism at the Belle Époque
Bogousslavsky J Walusinski O
- Criminal
hypnotism at the Belle Époque : The
path traced by Jean-Martin Charcot and
Georges Gilles de la Tourette
Bogousslavsky J Walusinski O Veyrunes D
- Correspondance
inédite de G. Gilles de la Tourette,
sa maladie fatale Walusinski O. Duncan
G
- Correspondance
inédite de G. Gilles de la Tourette
avec JM. Charcot et G. Montorgueil
Walusinski O. Duncan G
- Vivre
ses écrits, l'exemple de G. Gilles de
la Tourette Walusinski O. Duncan G
- G.
Gilles de la Tourette 1857-1904 in
english
- L'état
mental de Froufrou G. Gilles de la
Tourette1892
-
- La
maladie de Gilles de la Tourette
- La
maladie des tics convulsifs Gilles de la
Tourette G.(pdf)
- Contribution
à l'étude des bâillements
hystériques Nouvelle Iconographie de
La Salpêtrière1890
- Traité
clinique et thérapeutique de
l'hystérie d'après
l'enseignement de La
Salpêtrière1895
- Gilles de
la Tourette par P. Legendre pdf
- Attentat
contre Gilles de la Tourette
07/12/1893
- La
nécrologie La Presse Médicale 4
juin 1904
- La
nécrologie Nouvelle Iconographie de la
Salpêtrière 1904
- The
forgotten face of Gilles de la Tourette:
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hypnotism at the Belle Époque : The
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- Correspondance
inédite de G. Gilles de la Tourette,
sa maladie fatale Walusinski O. Duncan
G
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avec JM. Charcot et G. Montorgueil
Walusinski O. Duncan G
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la Tourette Walusinski O. Duncan G
- G.
Gilles de la Tourette 1857-1904 in
english
- L'état
mental de Froufrou G. Gilles de la Tourette
1892
- Mademoiselle
Bottard. Gilles de la Tourette G. La
Revue Hebdomadaire 1898
- Marguerite
Bottard (1822-1906) sa biographie et la
lettre inédite de G. Gilles de la
Tourette Walusinski O. PDF
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