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- Un médecin de Paris dont le nom fut,
il y a quelques années, très connu
du grand public, vient de mourir dans la force
de l'âge, Gilles de la Tourette, dont la
vie, médicale prête à de
pénibles réflexions.
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- Servi au début par les circonstances,
arrivé jeune aux concours de
médecin des hôpitaux de Paris et
d'agrégé à la
Faculté de médecine, issu de cette
école de la Salpêtriere où
Charcot formait alors des élèves
qui s'imprégnaient de son savoir, de son
talent et aussi de sa manière
professionnelle, Gilles de la Tourette
s'annonçait comme devant avoir une belle
et longue carrière. Mais le terrain des
concours facilement déblayé, il
lui sembla qu'il lui restait encore le temps, en
s'acquittant de ses services officiels, de
s'occuper, suivant ses goûts et son
extrême besoin d'activité, de
choses diverses n'afférant que de plus ou
moins loin à la Médecine.
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- C'est ainsi que, touchant. aux études
historiques, pris d'enthousiasme, il fut un des
principaux promoteurs de la statue que la Ville
de Paris éleva au fameux
Théophraste Renaudot, le fondateur du
journalisme, philanthrope, aussi, ayant eu le
premier 1'dée de créer des bureaux
gratuits pour les indigents. Par la passion
qu'il mit dans son oeuvre, que l'on peut
apprécier dans son livre sur
Théophraste Renaudot notre grand
ancêtre, Gilles de la Tourette attira
l'attention des pouvoirs publics, et il fut
alors, à ce titre, et bien jeune encore,
décoré de la Légion
d'honneur. La chance lui souriait.
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- D'autre part, se piquant d'esthétique
et de litterature, s'étant
créé de nombreuses relations dans
le monde artistique, il y fréquentait
assidûment, s'imprégnait des
idées qu'il entendait émettre,
prenait part aux discussions littéraires
et autres; séduisant par l'entrain et
l'aisance avec lesquelles il initiait ses
auditeurs aux mystères psychologiques que
la science de Charcot révélait
alors, il en avait gardé près de
certains cénacles littéraires, une
notoriété que récemment un
Académicien, Jules Claretie proclamait
dans une de ses si suggestives chroniques du
Temps, sur la vie à Paris.
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- C'est dans ce milieu intellectuel, qu'il
devint un vrai conférencier, suivi et
recherché, d'où il se lança
bientôt dans la conférence
publique; et ce fut au cours d'une
conférence qu'il faisait à
l'Odéon dont le directeur était
son ami, qu'apparut nettement la chute de son
cerveau, que dans son entourage on ne
prévoyait sans doute pas.
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- Il y a déjà quatre ans qu'il
tombait ainsi. On le conduisit peu après
dans une maison de santé, à
Lausanne, pour lui donner des soins
spéciaux qui ne réussirent pas, et
l'homme qui avait été
prodigieusement actif et résistant mit
quatre ans à s'éteindre, il
n'avait que quarante-huit ans.
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- Prodigieusement actif, on peut le dire,
Gilles. de la Tourette le fut, d'une
activité allant parfois jusqu'à
l'agitation même, et c'est à se
demander si ce n'était pas là, de
longtemps, un état maladif que lui,
médecin, s'il avait été
seulement médecin, aurait dû
traiter en s'imposant du repos.
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- Mais, loin de là, non content de
faire son service d'hôpital, son service
d'agrégé, il ambitionna la
Médecine adminstrative: il parvint par
ses relations puissantes à se faire
désigner comme Médecin en chef de
l'exposition de 1900, dès le commencement
des travaux. L'exposition était à
peine ouverte, que le Gouvernement le faisait
officier de la Légion d'honneur.
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- Il dut étre parfaitement heureux
alors, car évidemment il recherchait les
honneurs; mais la catastrophe était
proche et c'est à se demander maintenant
il n'eût pas mieux valu pour lui moins de
succès retentissants, moins de
distinctions honorifiques rapides: cela lui
eût ménagé des forces pour
accomplir pleinement l'oeuvre médicale,
qui à elle seule est suffisamment belle,
suffisamment attrayante et glorieuse pour ceux
qui s'y attachent. Gilles de la Tourette y
eût sans doute rendu des services
signalés, si l'on juge par certaines de
ses publications qui dénotent une
réelle valeur, tels surtout ses ouvragea
sur les états neurasthéniques,
l'hypnotisme, sur l'hystérie, sur la
nutrition et les médications chez les
névropathes. Dans toutes ces
études comme dans ses leçons de
clinique thérapeutique perçait
sans doute son esprit enthousiaste et même
souvent trop ardent, mais on y trouvait aussi et
surtout l'empreinte de belles et si
délicates méthodes d'observation
dont Charcot, à la
Salpêtrière, avait posé les
principes et déterminé les
applications.
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- La
maladie de Gilles de la Tourette
- GE Gilles de la Tourette La
maladie des tics convulsifs (pdf)
- Contribution
à l'étude des bâillements
hystériques Nouvelle Iconographie de La
Salpêtrière1890
- Traité
clinique et thérapeutique de
l'hystérie d'après l'enseignement
de La Salpêtrière1895
- Gilles de la
Tourette par P. Legendre pdf
- Attentat
contre Gilles de la Tourette 07/12/1893
- La
nécrologie La Presse Médicale 4
juin 1904
- La
nécrologie Nouvelle Iconographie de la
Salpêtrière 1904
- The
forgotten face of Gilles de la Tourette:
practitioner, expert, and victim of criminal
hypnotism at the Belle Époque
Bogousslavsky J Walusinski O
- Criminal
hypnotism at the Belle Époque : The path
traced by Jean-Martin Charcot and Georges Gilles
de la Tourette Bogousslavsky J Walusinski O
Veyrunes D
- Correspondance
inédite de G. Gilles de la Tourette, sa
maladie fatale Walusinski O. Duncan G
- Correspondance
inédite de G. Gilles de la Tourette avec
JM. Charcot et G. Montorgueil Walusinski O.
Duncan G
- Vivre
ses écrits, l'exemple de G. Gilles de la
Tourette Walusinski O. Duncan G
- G. Gilles
de la Tourette 1857-1904 in english
- L'état
mental de Froufrou G. Gilles de la Tourette
1892
- Mademoiselle
Bottard par G. Gilles de la Tourette 1898
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