Le bâillement, du réflexe à la pathologie
Le bâillement : de l'éthologie à la médecine clinique
Le bâillement : phylogenèse, éthologie, nosogénie
 Le bâillement : un comportement universel
La parakinésie brachiale oscitante
Yawning: its cycle, its role
Warum gähnen wir ?
 
Fetal yawning assessed by 3D and 4D sonography
Le bâillement foetal
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Le bâillement foetal
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mise à jour du
31 octobre 2010
 
La Revue Hebdomadaire
26 novembre 1892
N°27
pages 624-629
 
L'état mental de Froufrou 
Paracelse alias Georges Gilles de la Tourette
 
Les internes de JM. Charcot
 
 Les biographies de neurologues
 
La lettre d'information du site 
 
L'histoire des neurosciences à La Pitié et à La Salpêtrière 
The history of neurosciences at La Pitié and La Salpêtrière
J Poirier  
 
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L'ÉTAT MENTAL DE FROUFROU
 
Je prie mon collaborateur, M. Louis Ganderax, de me pardonner si pour une fois je chasse sur ses terres; aussi bien verra-t-il qu'on peut poursuivre le même lièvre de différentes façons.
 
Le Théâtre-Français vient de reprendre Froufrou, et « la comédie » de MM. Meilhac et Halévy, que j'appelle un drame, attire tous les soirs un nombreux public. Bien que datant de 1869, la pièce est aussi jeune qu'à son aurore et elle le sera toujours, car les auteurs ont incarné dans Froufrou une réalité: l'hérédité morbide en matière nerveuse, et décrit un genre d'aliénation, de dégénérescence mentale qu'ils ont analysé avec un talent hors de pair.
 
Croyez-vous, me dira-t-on, qu'ils en aient cherché si long et qu'ils aient voulu porter au théâtre une thèse de pathologie cérébrale? Peu m'importe s'ils ont vu juste dans le sens où je me place, et c'est pour eux double bénéfice s'ils satisfont à la fois l'art dramatique et la science.
 
J'arrive à la démonstration, et l'on ne m'en voudra pas si j'analyse, après tant d'autres, une pièce déjà connue de tous.
 
Au premier acte, Froufrou entre en coup de vent; amazone consommée, elle vient de battre à la course l'un de ses soupirants, Valréas Son caractère se dessine immédiatement. C'est une écervelée charmante. physiquement, incapable de fixer son esprit sur une idée sérieuse; elle ne pense qu'à ses chiffons. Au moins est-elle bonne? a-t-elle du coeur? Quand Valréas le lui demande, au lieu de répondre, elle le renvoie à son père, à ce Brigard dont elle est bien la fille. Et quel père? Un vieux beau, sorte d'inconscient qui teint ses cheveux blancs, se reconnaissant indigne de les porter, et qui, lorsqu'on lui parle raison, répond qu'il est bien trop occupé des charmes de la grande Charlotte ou de la trahison de la petite Tata.
 
Superficiellement, le bonhomme prête à rire; c'est, si l'on veut, un personnage de comédie, c'est pour nous et avant tout le père de Froufrou, aussi inconsciente que son père.
 
Affaire d'éducation, direz-vous?. Les auteurs nous laisse supposer que leur héroïne a perdu sa mère de bonne heure, qu'elle a été extrêmement gâtée par ce père qui s'entend bien mieux à lancer une danseuse qu'à diriger l'éducation d'une jeune fille. Mais Froufrou a une soeur, Louise, qui est la sagesse même; elles ont été élevées ensemble, et Brigard n'est pas un homme à avoir deux poids et deux mesures. Les deux soeurs ont eu les mêmes spectacles sous les yeux, fréquenté le même monde; l'une est allée vers la sagesse, l'autre vers la folie, parce que leur cerveau était congénitalement pétri d'une pâte différente, parce que l'hérédité morbide a pesé lourdement sur l'une et épargné l'autre.
 
Froufrou a du reste pleine conscience de son état d'esprit, toute réflexion lui est pénible, et, lorsque Sartorys la demande en mariage, elle se remet tout entière à sa soeur du soin de prendre pour elle une détermination : « Ai-je raison ? ai-je tort? Dans le doute, je ferai comme j'ai toujours fait, ma chère Louise... je me mets dans tes mains ; sois pour moi sage ou folle, cela te regarde. » Et dans, un tel état d'âme, elle devient la femme de Sartorys, qu'elle a accepté pour mari comme elle lui eût tendu la main pour conduire un cotillon.
 
En donnant sa soeur à Sartorys, Louise a cru remplacer l'autorité qu'elle avait prise sur la pauvre écervelée par celle d'un mari, qu'elle sait réfléchi et de bon conseil. Mais Sartorys est amoureux fou de sa femme dont les fantaisies sont pour lui des ordres. Sur un mot d'elle, pour satisfaire un de ses caprices, iI brise sa carrière, complètement annihilé par son amour. A l'influence qu'il eût dû exercer se substitue celle d'une certaine baronne de Cambri qui masque des instincts vicieux sous sa moralité de femme sèche et qui les satisfait par les excentricités qu'elle fait commettre aux autres. Elle lance Froufrou dans un tourbillon de fêtes et de plaisirs et la rapproche, involontairement peut-être, de Valréas, l'amoureux du premier acte, qui, n'ayant pu épouser la jeune fille, n'en désire que plus ardemment la femme de Sartorys.
 
Le dénouement est proche, et Froufrou précipite elle-même sa chute en s'aidant de cette logique aussi implacable que fausse dont les aliénés sont coutumiers. Son père est allé à Prague assister aux ébats chorégraphiques d'une maîtresse; Froufrou a supplié sa soeur, qui n'a accepté que sur ses instances, d'attendre à son foyer,le retour de leur père. Elle l'a forcée, pour ainsi dire, à prendre sa place, lui confiant, pendant qu'elle s'amuse, le soin de sa maison, l'éducation de son fils. Et un beau-jour, pour s'excuser vis à vis d'elle-même de l'amour criminel qu'elle croit ressentir pour Valréas, elle traite sa soeur d'intrigante, l'accuse de lui avoir tout pris, tout volé, mari et enfant. Puisque la maison n'est plus à elle, elle partira, et subitement, « dans un moment de folie », elle s'enfuit avec Valréas.
 
Logiquement pour moi la pièce est finie, la filiation des idées est épuisée, l'analyse de l'état mental de cette détraquée héréditaire a été poussée jusqu'à ses limites réelles, le reste n'est plus qu'épisodique. Et lorsque, au cinquième acte, nous voyons Froufrou, repentante, venir implorer le pardon de son mari et mourir à ses pieds, nous versons des larmes devant sa « belle mort », notre coeur est ému, mais notre esprit se refuse à comprendre que la Froufrou qu'on nous a montrée soit à capable d'un acte raisonnable et raisonné. C'est de la convention théâtrale.
 
Dans la réalité, un autre dénouement s'imposait, ou tout au moins eût été plus plausible. Froufrou a fui avec Valréas à Venise. Lorsque son mari l'y rejoint et lui annonce qu'il va se battre avec sbn amant, qu'elle implore son pardon en s'écriant, cette fois bien elle-même: « Vous battre à cause de moi, Froufrou !... Deux hommes s'entre-tuer à cause de moi, Froufrou! Est-ce que cela est possible?... Qui donc m'a jetée au milieu de ces chôses si terriblement sérieuses et qui m'épouvantent? » et que son mari la repousse, qu'elle comprend que tout est fini, qu'un duel où il y aura mort d'homme est inévitable, pourquoi, dans un dernier appel à la pitié, ne pas ouvrir cette fenêtre qui donne sur le Grand Canal et se soustraire ainsi pour toujours « à ces choses si terriblement sérieuses et qui l'épouvantent »?
 
Le théâtre y eût peut-être perdu, je dis peut-être, la réalité y eût certainement gagné.
 
Cette réalité à laquelle le caractère de Froufrou échappe en fin de compte de par la volonté des auteurs, ce n'est pas moi qui l'invente, qui la veux pour satisfaire les besoins d'une thèse. Elle se trouve tout entière dans une autre pièce en tout géniale, dans l'Arlésienne, d'Alphonse Daudet, où la fatalité héréditaire se montre encore une fois implacable.
 
Je ne connais rien de plus beau, de plus poignant que l'Arlésienne, parce que rien n'est plus vrai, parce que dès les premières scènes les situations sont si fortes et si fortement exprimées qu'on a immédiatement la prescience terrible de ce qui va advenir.
 
Rose Mamaï est une femme d'un caractère exalté: il eût fait beau voir qu'on lui eût jadis refusé l'homme qu'elle aimait, elle eût été capable de toutes les folies.
 
Elle a deux enfants, et ici la fatalité héréditaire la déchéance cérébrale est complète. L'un est idiot, c'est l'innocent; l'autre est Fréderi, un grand gars de vingt ans, robuste de corps, qui abat de l'ouvrage comme dix, mais est faible. comme un enfant devant une fille perdue, l'Arlésienne, qui s'est donnée corps et âme à un gardien de chevaux de la Camargue.
 
Il la sait déshonorée, mais sa passion le brûle, il la veut pour femme; il l'introduira dans ce Castelet où le vieux Francet représente l'honneur intact de plusieurs générations.
 
Rose tout entière revit dans son fils : « C'est tout le sang de sa mère, dit-elle, et moi, si on ne m'avait donné l'homme que je voulais, je sais bien ce que j'aurais fait ».
 
Il se trouve que l'Arlésienne préfère la vie aventureuse du maquignon à l'amour de Fréderi.
 
Alors Fréderi, le frère de l'idiot, le fils de Rose Mamaï, « celle qui sait bien ce qu'elle aurait fait », se précipite par une fenêtre d'où une dernière fois il a contemplé la ville d'Arles.
 
La voilà, la réalité vraie, produisant même au théâtre des effets aussi puissants que le dénouement factice de Froufrou.
 
On la retrouve dans la vie de tous les jours, cette réalité, et, depuis Charles-Quint, fils de Jeanne la Folle, mourant aliéné dans un couvent, jusqu'au drame de Meyerling, où un futur empereur, rejeton de cette maison de Bavière si cruellement éprouvée par la folie trouva la mort, l'histoire est fertile en enseignements, en preuves de cette fatalité héréditaire, qui a remplacé la fatalité antique mise en scène par le poète des Erynnies.
 
Qu'avons-nous fait, ô Zeus pour cette destinée ?
Nos pères ont failli, mais nous, qu'avons-nous fait ?
 
PARACELSE.
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