-
- Quand, le 2 janvier, j'allai porter un
bouquet de violettes et donner l'accolade
à Mlle Bottard, chevalier de la
Légion d'honneur: « Je suis bien
heureuse, me dit-elle; je n'ai qu'un regret,
c'est que M. Charcot
ne soit plus là... vous avez tous
été si bons pour moi. » Elle
s'oubliait elle-même comme toujours,
c'était « les autres » qui
avaient été bons pour elle, et sa
joie était faite de regrets en pensant au
maître quelle avait si longtemps et si
fidèlement servi.
-
- Je connais la nouvelle légionnaire
depuis près de quinze ans. Attaché
à divers titres au service hospitalier
dont elle est surveillante, j'ai pu apprcier ce
caractère d'élite; la croix brille
en bonne place sur son modeste fichu.
-
- Mmel Bottard a soixante-seize ans
d'après son extrait de naissance, mais
elle est restée jeune et affable sous le
petit bonnet noir qui couvre ses bandeaux
blancs. Touten elle repire la bonté
compatissante, vertu qu'il lui a
été donné de mettre
largement en pratique depuis conquante-sept ans
qu'elle vit au milieu des malheureux. C'est, en
effet, le 12 janvier 1841 que Marguerite
Bottard, à peine âgée de
dix-neuf ans, entrait à La
Salpêtrière comme fille d esalle.
Attachée successivement à
Trélat père, à Falret,
à Legrand du Saulle, elle prenait enfin,
il y a près de quarante ans la direction
du service de Charcot qu'ele ne devait plus
quitter. Service peu commode, à diriger.
peuplé d'épieptiques,
d'hystériques, de malheureues pour la
plupart incurables. Pour toutes ces
déshéritées, Marguerite
Bottard n'eut que des paroles d'affection.
Recluse volontaire, elle leur consacra tous ses
instants, toute sa vie, restant parfois trois
années consécutives sans franchir
les portes de l'hospice, s'oubliant tout
entière pour ne songer qu'à son
devoir d'affectueux dévouement. Entre
temps, elle traversait l'épidémie
de choléra de 1849. qui faisait à
la Salpêtrière quatorze cents
victimes.
-
- Quand fut fondée la Clinique des
maladies du système nerveux, il lui vint
un surcroît de besogne. La renommée
gradissante de Charcot attirait les consultants
par centaines; les élèves
affluaient de toutes parts, jaloux de recueillir
la parole du maître. Mlle Bottard veilla
à tout, aux soins des malades, aux
nécessités de l'enseignement, la
première levée, la dernière
au repos.
-
- La direction d'un tel service n'allait pas
sans difficultés, la surveillante savait
les aplanir, son influence bienfaisante se
faisait partout sentir, méme au cours de
petites rivalités qui surgissaient
parfois entre les élèves. A
l'occasion, elle pénétrait dans le
cabinetde M. Charcot, un mot d'elle
écartait les nuages, éloignait
l'orage qui menaçait d'éclater. Et
le tout sans bruit, simplement avec cette
dignité qui est le propre de sa nature,
faite du respect de soi-même et des
autres, d'un fond d'abnégation,
d'inaltérable et sereine
bonté.
-
-
-
- C'est ainsiqu'elle se concilia l'affection
et le repect de tous, l'estime de son illustre
chef. On le vit bien le 12 janvier 1891. A cette
date, M. Peyron, directeur de l'Assistance
publique, réunissant dans une
véritable fête de famille le
personnel du grand hospice, de cette ville qui
compte cinq mille âmes, remettait à
MLle Bottard une médaille d'honneur, pour
fêter le cinquantenaire de son
entrée à La
Salpêtrière. Le ministre y
ajoutâit les palmes académiques. Et
je me souviens. encore de l'émotion qui
s'empara de l'humble surveillante, lorsque M.
Charcot, s'avançant vers elle, lui dit
aux applaudissements de l'assistance:
-
- « Sans autre stimulant que le sentiment
impérieux du devoir et de la
dignité personnelle aiguisés, il
et vrai, chez vous par une sympathie profonde
pour les déshérités, les
incurables, les difformes au physique et au
moral, les malheureux de tout genre en un mot,
n'avez-vous pas pendant plus de cinquante ans,
sans bruit, modestement, sans visées
autres que satisfaction de votre conscience,
sans autre soutien que votre coeur ardent pour
le bien, n'avez-vous pas, dis-je, mené
cette vie d'abnégation et de sacrifice
que commandait le poste d'honneur qui vous
était confié?
-
- «Ah! je sais bien ce que vous voudriez
nous dire en ce moment; je vous entends. Tout
cela vous a paru bien simple et bien naturel
à accomplir. Vous vous sentez confuse de
tant d'éloges, de tant de
solennité. Vous n'y comprenez rien, vous
ne croyez pas avoir tant mérité;
bien d'autres choses encore.
-
- « Entre nous, taisez-vous; laisser-nous
parler et faire. Vous êtes trop modeste
pour être bon juge en la matière.
Oui, certainement, tout cela est sans aucun
doute. Mais sachez-le bien cela n'est pourquoi
nous venons aujourd'hui, quoi que vous en
puissiez dire, vous offrir le tribut de notre
gratitude.
-
- «Oui, au nom des médecins decet
hospice, que vous avez si intelligement, si
généreusement secondés dans
l'accomplissement de leur tâche, au nom
des malades innombrables dont vous avez adouci
la peine, que vous avez aimés,
moralisés même et plus d'une fois,
qui ne le sait? sans autre mission que celle que
vous confère l'amour de
l'humanité, ramenés dans le bon
chemin, au nom d'eux tous je vous remercie.
»
-
- Un ministre hautement éclairé,
L. Barthou, compatissant aux humbles, vient
d'accorder la croix d'honneur à cette
servante des malheureux, couronnat par la plus
haute distinction cette carrière, si
belle et si bien remplie, exauçant le
voeu qu'avait bien souvent formulé M.
Charcot. J'ai été heureux,
évoquant le souvenir de mon maître,
dans cette Revue qui publia son testament
philosophique, la « Foi qui guérit
», de pouvoir dire ce qu'est « maman
Bottard », comme nous l'appelons à
La Salpêtrière, ce qu'a
été sa vie dans ce grand asile de
la misère humaine où elle ne
compte que desa is et des admirateurs.
-
- Gilles de la Tourette
-
-
La
maladie de Gilles de la Tourette
- La
maladie des tics convulsifs Gilles de la
Tourette G.(pdf)
- Contribution
à l'étude des bâillements
hystériques Nouvelle Iconographie de La
Salpêtrière1890
- Traité
clinique et thérapeutique de
l'hystérie d'après l'enseignement
de La Salpêtrière1895
- Gilles
de la Tourette par P. Legendre pdf
- Attentat
contre Gilles de la Tourette 07/12/1893
- La
nécrologie La Presse Médicale 4
juin 1904
- La
nécrologie Nouvelle Iconographie de la
Salpêtrière 1904
- The
forgotten face of Gilles de la Tourette:
practitioner, expert, and victim of criminal
hypnotism at the Belle Époque
Bogousslavsky J Walusinski O
- Criminal
hypnotism at the Belle Époque : The path
traced by Jean-Martin Charcot and Georges Gilles
de la Tourette Bogousslavsky J Walusinski O
Veyrunes D
- Correspondance
inédite de G. Gilles de la Tourette, sa
maladie fatale Walusinski O. Duncan G
- Correspondance
inédite de G. Gilles de la Tourette avec
JM. Charcot et G. Montorgueil Walusinski O.
Duncan G
- Vivre
ses écrits, l'exemple de G. Gilles de la
Tourette Walusinski O. Duncan G
- G. Gilles de la
Tourette 1857-1904 in english
- L'état
mental de Froufrou G. Gilles de la Tourette
1892
- Mademoiselle
Bottard. Gilles de la Tourette G. La Revue
Hebdomadaire 1898
- Marguerite Bottard
(1822-1906) sa biographie et la lettre
inédite de G. Gilles de la Tourette
Walusinski O. PDF
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