- Nous devons parler maintenant du
gémissement qui ne diffère du
cri poussé que par sa lenteur et sa
faiblesse. Les cris d'un lutteur blessé
dont les forces s'épuisent se changent en
gémissements. Un grand nombre
d'interjections imitent ce mouvement
spontané de la voix. En thèse
générale, le gémissement
est l'effort de la faiblesse. C'est un
dernier indice d'effort quand, au moment de la
syncope et de la mort, le sentiment des choses
extérieures s'épuise par
degrés.
-
- Quelques autres mouvements très
caractéristiques sont une modification du
simple mouvement d'inspiration. Ainsi quand la
circulation languit, quand un sentiment de
torpeur ou d'engourdissement opprime, comme aux
approches du sommeil ou sous l'influence de
l'ennui, un instinct caché sollicite
à de grandes inspirations. Ces
inspirations appellent un air excitant, et de
peur que cet air ne s'échauffe au contact
des sinus olfactifs , ce qui rendrait son action
moins stimulante, l'inspiration s'effectue alors
par la bouche énormément ouverte.
Une des choses qui soulagent et excitent le plus
dans ce mouvement, est l'impression que l'air
froid détermine en touchant le pharynx.
Je ne doute point que ces nombreuses sympathies
de l'arrière-gorge, sur lesquelles on a,
dans ces derniers temps, essayé de fonder
un système nouveau de
thérapetitique, ne jouent dans
l'enchaînement de ces
phénomènes un rôle
important.
-
- Cette grande inspiration diffère du
soupir par sa profondeur et par
l'excessive dilatation de la bouche ; on lui a
donné un nom particulier, celui de
bâillement. Ce mouvement est l'un
de ceux auxquels la théorie de M. Huschke
sur l'homologie de l'expansion avec l'extension,
s'applique le plus directement. Les animaux, en
effet, s'allongent en bâillant, ils
s'étendent, on peut dire même avec
quelque apparence de vérité qu'ils
s'étirent.
-
- Tous les animaux ne bâillent
pas, ou du moins quelques-uns
bâillent rarement. Après
l'homme, les singes et les animaux carnassiers
bâillent le plus souvent. J'ai vu
bâiller très
caractéristiquement des lapins. Je ne
crois pas qu'on ait observé rien de
semblable chez les vertébrés
ovipares.
-
- De même qu'un sentiment d'en
gourdissement et de stupeur commençante
produit le bâillement, l'angoisse
détermine le sanglot. Le sanglot
se fait entendre au moment où ,
l'inspiration triomphant de la résistance
de la glotte, l'air se précipite dans le
thorax. Souvent alors la tension subite du
diaphragme, amenant un choc brusque sur
l'estomac détermine une
éructation. Cette combinaison du
sanglot avec le bruit de
l'éructation produit le hoquet ;
cette simultanéité fait que les
Latins confondent le sanglot et le hoquet sous
un même nom, singultus. De même en
grec lygmos est à la fois sanglot et
hoquet.
-
- Pendant le hoquet le diaphragme agit seul,
et, les muscles abdominaux cédant
à son action, le ventre est poussé
en avant à chaque hoquet. Si, au
contraire, les muscles abdominaux
résistent ou se contractent, l'estomac
est comprimé entre deux plans
musculaires, il est frappé de deux
côtés opposés, et le
vomissement se produit.
-
- Le sanglot, le hoquet et le vomissement sont
ainsi des mouvements du même ordre. Ils
forment, en quelque sorte, une même
famille de mouvements, et concourent ensemble
à la production de
phénomènes nombreux. Ils influent,
en effet, d'une manière directe sur la
circulation et sur la production de la chaleur
aniniale. Ce que nous avons dit de ces choses
nous dispensera d'y revenir ici.
-
- Il y a encore quelques mouvements
liés au phénomène de la
respiration , tels que
l'éternuement, la toux,
quelques autres semblables. Le mécanisme
de ces mouvements est bien connu ; et comme ils
sont d'un emploi fort rare, dans la mimique
naturelle, nous croyons inutile d'y insister.
Ainsi nous renvoyons sur ce point aux
traitésde physiologie
générale.
-
- GRATIOLET, Louis Pierre, né en
1815 à Ste-Foy-la-Grande (Gironde),
physiologiste. Après sa formation,
Gratiolet entre au Museum
d'histoire naturelle de Paris. Il y exerce
d'abord la fonction de préparateur, puis
enseigne l'anatomie comparée en tant que
suppléant de Blainville, occupe le poste
d'aide-naturaliste, puis reprend la chaire
d'anatomie comparée laissée
vacante à la mort d'Isidore Geoffroy
Saint-Hilaire (1861), le fils du grand
naturaliste Etienne Geoffroy Saint-Hilaire. Le
principal objet de recherche de Gratiolet est la
structure du cerveau humain. Il disparaît
en 1865 à Paris. Parmi ses oeuvres, on
peut citer : Mémoire sur les plis
cérébraux de l'homme et des
primates (1854), Anatomie comparée du
système nerveux (2ème volume),
à la suite de Leuret.
-
- Gratiolet was an adroit interpreter of
animal structure and function, as his work on
the mammalian brain testifies (Anatomie comparee
du system nerveux, 1857), but the special thrust
of his studies was the interpretation of
intelligence, both as the dividing line between
man and animal and between the races. His book
on expression, which came out of one of his last
lectures at the Sorbonne, explored 'body
language' shared by men and animals,and should
be considered a precurser to Darwin's
famous study of the 1870's.
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