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- de la
respiration
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- CCCX Il y a une espèce d'harmonie
entre le pouls & la respiration. Dans
l'état naturel on compte ordinairement
trois ou quatre pulsations pendant une
respiration. Sil arrive plus de sang au coeur,
le nombre de pulsations & des respirations
augmente. C'est là d'où vient la
difficulté de respirer qu'ont ceux qui
sont en mouvement, parce qu'alors le sang
veineux est fouetté &
accéléré. S'il y a une plus
grande distance dans les poumons, & que le
sang ait de la peine à passer du
ventricule droit dans le gauche, le nombre et
l'étendue des respirations seront plus
grands pour franchir le chemin. C'est
là la cause des soupirs et du
bâillement. Pourquoi un animal mourant
se ranime-t'il lorsqu'on l'échauffe avec
l'haleine? La trop grande résistance que
trouve le sang qui doit passer par les poumons,
est la cause prochaine de la mort; car alors
l'aorte n'en reçoit point : mais l'air
insinué dans le poumon ouvre une voye au
sang.
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- du
sommeil
-
- On appelle veille
l'aptitude qui se trouve dans les organes
sainspour exercer librement les sensations &
les mouvemens volontaires; & on nomme
Sommeil, l'inaptitude à ces mêmes
exercices quoique les organes soient sains.
-
- L'ame pendant le sommeil, ou ne pense
à rien du tout qui puisse être
retenu dans la mémoire, où elle
est uniquement occupée des espèces
reçues dans le sensorium commun, dont les
vives représentations produisent chez
elle des perceptions semblables à celles
que produisent les impressions des objets
extérieurs sur les organes des sens. De
là ces représentations sont
nommées Songes, & elles font
que tandis que tout le reste de l'emporium des
sens & des mouvements volontaires est en
repos, il reste cependant quelque partie
ouverte, qui est arrosée d'esprits &
qui veille. Quelquefois ces affections de l'ame
sont accompagnées de quelques mouvements
volontaires, de sorte que les organes de la
parole, & plusieurs membres où tous,
sont conduits au gré de ces perceptions.
C'est par-là qu'on explique les
somnanbules.
-
- Mais pendant le sommeil le coeur continue
à se mouvoir, la distribution des humeurs
se fait également dans le corps humain,
de même que la circulation, le mouvement
péristaltique de l'estomac, des
intestins, des sphincters; la respiration enfin
s'éxécute de même. Cet
arrangement de certaines parties en repos &
d'autres en mouvement, a rendu difficile la
connoissance de la cause méchanique du
sommeil.
-
- Ainsi, pour la développer, nous
considérons donc toutes les causes &
tous les phénomènes du sommeil
& de la veille, & nous les parcourerons
dans tous les genres d'animaux; car cette
condition produite par les mêmes causes
sera cause du sommeil.
-
- Le sommeil est une suite naturelle de la
veille & du travail. En effet, pendant la
veille le mouvement presque continuel des
muscles soumis à la volonté, &
le satellitisme des sens ministres des passions
de l'ame, fournissent continuellement de
nouveaux aiguillons aux nerfs, aux veines &
au coeur. Le sang par ce grand mouvement &
ces frottements est irrité & change
son caractère doux & balsamique en
pourriture alkaline, la partie la plus fluide du
sang & les esprits mêmes les plus fins
se dissipent plutôt qu'ils ne se
réparent; c'est pourquoi non seulement le
corps s'affoiblit & se fatigue, mais encore
les trop longues veilles causent une certaine
ardeur de fièvre, l'acrimonie des humeurs
& enfin l'accablement.
-
- Aux approches de la nuit, on sent peu
à peu un engourdissement dans les muscles
longs & dans leurs tendons, une inaptitude
aux pensées sérieuses & un
amour pour le repos. Alors les forces qui
soutenoient le corps, s'abbatent, les yeux se
ferment, la machoire inférieure reste
pendante, on est nécessairement
forcé à bailler. La tête
s'incline en devant, l'action des objets
extérieurs nous affecte moins, &
enfin les idées & les pensées
se troublent, & le délire
succède, le sommeil vient & s'empare
de nous. Les esprits que le mouvement musculaire
& l'exercice des autres sens a
consommé d'une façon quelconque,
& dont il est très probable qu'il
s'exhale une très grande partie, se
séparent en mondre quantité, &
cela paroît être la cause naturelle
du sommeil naturel, commun à tous les
animaux.
-
- Le défaut de toute irritation dans la
tête & dans le corps, la
tranquilité parfaite de l'esprit &
des sens extérieurs la nuit enfin
concourent beaucoup au sommeil.
-
- De plus, tout ce qui affoiblit les forces,
les grandes pertes de sang, la saignée,
les remèdes rafraichissans, le paveau, le
froid même de l'air extérieur, tout
ce qui détourne le sang de la tête,
comme les bains des jambes, la grande
quantité des aliments renfermés
dans l'estomac, occasionnent & augmentent le
sommeil. D'autres par leur force affoiblissent
& diminuent tout le mouvement des esprits,
non seulement dans le cerveau, mais encore dans
l'estomac, dans les intestins, dans le coeur,
comme l'opium & peut-être les autres
narcotiques.
-
- Mais tout tout ce qui est chaud, tout ce qui
oblige le sang de se porter plus vîte au
cerveau, le vin, les spiritueux de tout genre,
surtout leurs vapeurs, les différentes
fièvres aigues & malignes, produisent
aussi le sommeil. Il en est de même de
tout ce qui empêchent le retour du sang,
c'est ce qui arrive dans l'embonpoint. Toutes
ces causes paroissent s'accorder en ce que le
sang ramassé dans la tête, comprime
le cerveau & intercepte le chemin des
esprits dans les nerfs.
-
- Il y a aussi des causes méchaniques
qui produisent le sommeil, savoir la compression
de la dure mère & du cerveau, telle
qu'elle puisse être par l'extravasiondu
sang, par quelque pièce d'os, & par
la grande quantité d'eau dans les
ventricules du cerveau.
-
- Le sommeil est donc produit ou par un simple
défaut dans la quantité & la
mobilité des esprits ou par la
compression des nerfs, & toujours par
l'affoiblissement des tuyaux nerveux par
lesquels les esprits animaux coulent du
sensorium commun dans toutes les parties du
corps.
-
- Les causes de veille confirment cette
théorie. Car tout ce qui produit une
abondance d'esprits, & surtout les boissons
aromatiques chaudes, qui envoient à la
tête des particules aiguillonantes,
subtiles , & qui changent un peu le
mouvement du sang dans le cerveau,
détrempent le sang & font qu'il se
sépare plus d'esprits dans un tems
donné; toutes ces causes éloignent
du sommeil.
-
- Les soins pénibles, les
méditations attentives &
passionnées, les douleurs de tête,
les inquiétudes & toutes les choses
qui ne laissent pas l' esprit en repos dans le
sensorium commun, & s'opposent à
l'affaissement des nerfs, entretiennent la
veille. Les premières causes produisent
donc l'abondance des esprits, celles-ci en
augmentent le mouvement. Ce que nous avons dit,
rentre donc dans ceci, c'est à dire,
qu'on peut placer la cause du sommeil dans
l'affaisssement des nerfs qui viennent du
sensorium commun.
-
- Le sommeil a-t-il donc son siège dans
les ventricules du cerveau ? le sommeil
lui-même, dont le doux empire
s'étend jusques sur les animaux qui n'ont
point de ventricules s'oppose à cet
opinion. Les fonctions vitales sont-elles
toujours pendant le sommeil parce qu'alors le
cerveau est le seul qui soit en repos sans que
le cervelet le soit pendant ce tems ? Quelle est
la cause de cette diversité qui fait que
les fonctions animales sont en repos pendant le
sommeil, tandis que les vitales ne sont pas
interrompues ? Il n'y a pas d'autres causes que
celles dont nous vous avons déjà
parlé, çavoir que les mouvements
vitaux sont préservés du repos par
des aiguillons perpétuels, & par des
causes qui les pressent sans cesse.
-
- L'effet du sommeil est de modérer
tous les mouvements dans le corps humain. Car
alors il n'y a plus que le coeur qui pousse les
humeurs; tous les mouvements des muscles, des
nerfs, des sensations, produits par les passions
de l'ame & par la volonté, qui
excitoient avec le coeur, pendant la veille, le
cours du sang & des esprits, n'ont plus lieu
alors; le coeur passe peu à peu de ses
pulsations plus fréquentes & presque
fièvreuses au mouvement lent du matin; la
respiration devient plus petite & moins
fréquente; le mouvement
péristaltique de l'estomac & des
intestins & en même tems la faim, la
coction des alimens, la marche des
excrémens, sont ralentis; les humeurs
fines sont poussées plus lentement, les
humeurs paresseuses s'accumulent; la graisse
répandue se réunit; l'humeur
visqueuse de la nutrition se colle aux fibres
& aux cavités qui lui sont propres;
il se perd moins d'esprit, le frottement du sang
diminue; la transpiration est moins abondante.
Ainsi pendant que d'un côté la
sécrétion du liquide nerveux
continue à se faire & qu'il ne s'en
perd point, ce fluide s'amasse peu à peu
dans le cerveau, il distend des nerfs
affaissés, il les remplit, & au
moindre aiguillon, les sens internes &
externes se rétablissent dans leurs
fonctions & l'homme se réveille. Un
sommeil trop long dispose à tous les
effets d'une circulation lente, l'embompoint,
à l'assoupissement, à la
cachexie& à la grande perte de
mémoire.
-
- Pourquoi
baille-t-on, lorsqu'on a envie de
dormir ? C'est pour débarrasser le poumon
par lequel le sang passe plus lentement. A quoi
bon s'étendre ? C'est pour vaincre par
l'impulsion des esprits la contraction naturelle
des muscles, qui tous ont un peu fléchi
toutes les articulations, & pour
rétablir en conséquence la force
des muscles extenseurs. Qu'est-ce qui a
donné lieu à l'opinion que le
mouvement du coeur est plus fort pendant le
sommeil & la transpiration plus abondante ?
c'est parce qu'on a pas fait attention que cela
est produit par la chaleur qu'occasionnent les
couvertures, par le moyen desquelles la
transpiration étant retenue, elle amolit
& relâche la peau. On a froid
lorsqu'on se couche tout habillé, sans se
couvrir. Pourquoi tous les animaux
sommeillent-ils après avoir mangé
? Cela n'est pas causé par la compression
de l'aorte ou la plus grande quantité de
sang qui est poussée au cerveau, car les
animaux qui n'ont presque pas de cerveau,
s'endorment aussi après avoir
mangé; mais cela vient de la force de
l'aiguillon que le chyle & l'air exercent
dans l'estomac & les intestins. En effet, la
force des esprits et du sang se détermine
dans cet endroit, comme il arrive dans toutes
les espèces d'irritations, ainsi le
cerveau perd beucoup. Y-a-t-il des songes
perpétuels & qui n'aient lieu que
dans le sommeil? Sont-ils si naturels à
l'ame & succèdent-ils aux sensations,
si bien que l'ame ne soit jamais sans penser ?
Il ne le paroît pas. Nous rapportons
plutôt les songes à une
espèce de maladie, & à quelque
cause stimulante qui dérange le sensorium
de son repos parfait. C'est de là que les
embarras, les idées fortes reçues
dans la mémoire, les aliments durs &
leur quantité, la situation moins
favorable, causent des songes; & ceci,
autant que je peux m'en souvenir, n'a pas lieu
dans le sommeil le plus doux & le plus
tranquille.
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