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- Mécanisme
général du développement de
l'imitation involontaire ou contagion
mentale
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- La contagion mentale, imitation
involontaire, exclut toute idée de
délibération de la part du sujet
qui la subit: elle se produit toujours sans
intervention du « Je veux», de
l'idée du moi comme cause de l'acte qui
s'exécute. Comment expliquer cette
communication inconsciente, soudaine et
irrésistible entre deux
intelligences?
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- « Chez les animaux, dit M. Tarde,
c'est d'abord le muscle qui imite le muscle:
chez nous c'est d'abord et surtout le nerf qui
imite le nerf, le cerveau, le cerveau. » Il
existe chez nous, ajoute-t-il, une action
intercérébrale à distance
« une sorte d'électrisation
psychologique par influence qui permettait aux
hommes de communiquer entre eux à l'aube
de la préhistoire, alors que l'art de la
parole était encore inconnu », et ne
pouvant expliquer cette influence
mystérieuse. L'auteur la compare à
la suggestion hypnotique « dont les
miracles ont été si
vulgarisés de nos jours».
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- Les phénomènes de la
suggestion ont perdu aujourd'hui, grâce
aux travaux de Charcot, Pierre Janet, Richer,
Myers, Grasset et de bien d'autres, le
caractère mystérieux que leur
attribue M. Tarde.
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- En réalité, chez nous comme
chez l'animal, c'est d'abord le muscle qui imite
le muscle. Comme le dit M. Féré,
toute représentation mentale, toute
opération psychique a un
équivalent moteur et se traduit à
l'extérieur par des mouvements
musculaires, des modifications de la
circulation, et par conséquent de la
température, des
sécrétions, du teint, etc. II
s'ensuit que la lecture de la pensée se
réduit toujours à la constatation
et à l'interprétation de
modifications organiques qui souvent se
produisent à l'insu du sujet. M. Stricker
(cité par M. Féré)
a insisté sur ce fait, facile à
vérifier, qu'il est impossible à
certains sujets d'avoir la représentation
mentale d'un mot sans qu'il se fasse dans les
muscles, qui servent à l'expression de ce
mot, un mouvement correspondant. Or, la
perception de ce mouvement tendra à
provoquer, un mouvement semblable chez le sujet
qui le perçoit, c'est le
phénomène que M.
Féré appelle l'induction
psycho-motrice : cette reproduction automatique
a lieu à l'état normal, mais
surtout dans certains états extra-
physiologiques ou pathologiques, et d'une
manière particulièrement frappante
dans la catalepsie. En outre, tout mouvement,
toute attitude, suggère une
émotion ou une idée correlative.
C'est ainsi que s'explique le
phénomène de la transmission, nous
dirons de la contagion des idées, des
émotions: «Je ne suis pas sûr
que le somnambule ne puisse arriver à
lire inconsciemment dans l'esprit par une
imitation inconsciente de l'attitude et de
l'expression de la personne dont il copie
instinctivement et avec exactitude les
contractions musculaires ».
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- Cette corrélation entre les
états moteurs de la physionomie, de
l'attitude, d'une part et des états
émotionnels et les états
intellectuels d'autre part, a été
ainsi exprimée par Egdard Poe :
«Quand je veux savoir jusqu'à quel
point quelqu'un est circonspect ou stupide,
jusqu'à quel point, il est bon ou
méchant, ou quelles sont actuellement ses
pensées, je compose mon visage
d'après le sien, et j'attends alors pour
savoir quels pensers ou quels sentiments
naîtront dans mon esprit ou dans mon
coeur, comme pour s'appareiller et correspondre
avec ma physionomie. »
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- «La particulière action
musculaire, dit encore Maudsley, n'est pas
seulement l'exposant de la passion, mais bien
aussi une partie essentielle d'elle-même.
Exprimez par votre physionomie une
émotion particulière, celle de la
colère, de l'étonnement, de la
malignité, et l'émotion ainsi
imitée ne manquera pas de
s'éveiller en vous; et pendant que les
traits du visage expriment une passion
déterminée, il est inutile et vain
de tâcher d'en éprouver une autre.
»
-
- Ainsi, la réaction motrice,
représentative en quelque sorte de la
sensation, de la perception, de
l'émotion, du sentiment, de l'idée
sera le primum moyens de la reproduction.
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- La contagion se produit donc du dehors au
dedans.
-
- Par conséquent, nous devons
étudier d'abord la contagion des
mouvements, afin de pouvoir expliquer celle des
états effectifs et des idées.
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- De la contagion des mouvements et
des actes
-
- Une contraction musculaire succédant
immédiatement à une excitation
périphérique, tel est le type le
plus simple du mouvement réflexe complet.
On le réalise expérimentalement
sur la grenouille privée de son
encéphale, qui réagit aux plus
légères excitations.
Théoriquement, le réflexe
idéal est celui dans l'exécution
duquel intervient un seul élément
nerveux.
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- Le prolongement périphérique
d'une cellule médullaire étant
sollicité par une excitation
cutanée minime, cette excitation se
transmet au centre cellulaire puis revient
à la périphérie sous forme
d'une contraction localisée dans la fibre
musculaire à laquelle aboutit le
prolongement centrifuge, cylindraxile de la
cellule.
-
- Il est impossible de réaliser
expérimentalement ce «réflexe
élémentaire» car les cellules
nerveuses ont entre elles des connexions
multiples, indiscutables, bien que mal
déterminées, quant à leur
nature; aussi même s'il était
possible (ce qui n'est pas) de n'exciter qu'une
seule cellule par ses prolongements
cellulipètes de la
périphérie, cette excitation,
parvenue à la cellule serait transise,
grâce aux anastomoses, aux
éléments voisins.
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- Toutefois le nombre des
éléments mis en jeu est d'autant
plus restreint que l'excitation est plus faible
et la réaction d'autant moindre par
conséquent. Celle-ci devient au contraire
plus importante au fur et à mesure que
l'excitation augmente d'intensité. Les
expériences de Pfüger sur des
grenouilles ont déterminé les lois
d'après lesquelles se manifeste la
réaction motrice, suivant la dose de
l'excitation (loi de
l'unilatéralité, loi de la
symétrie, loi de l'intensité, loi
de l'irradiation, loi de la
généralisation).
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- Retenons pour l'instant la loi de
l'irradiation. Il est inutile de distinguer,
pour l'étude qui nous occupe les
différents étages de l'axe
cérébro-spinal, mais on
conçoit qu'un grand nombre de cellules
nerveuses diversement placées peuvent
être mises en jeu dans l'exécution
d'un acte réflexe
déterminé. Une sensation quelque
peu intense partie de la
périphérie se traduit
extérieurement par un certain nombre de
contractions musculaires réflexes,
indiquant que de bas en haut l'excitation s'est
transmise à divers étages de la
moelle ou de l'encéphale, étages
susjacents à celui qui paraissait devoir
être uniquement sollicité.
-
- Dans le réflexe simple, l'influx
nerveux cellulifuge n'a qu'une voie. Mais la
combinaison des communications interneurotiques
crée la possibilité de plusieurs
voies d'échappement, de plusieurs
réactions de natures diverses (motrices,
sécrétoires, lumineuses et
électriques même, chez certains
animaux: pyrophore et torpille) et même de
la réaction purement psychique. La
réaction dans ce cas s'arrête
à la perception; et l'énergie
nerveuse enregistrée sous la forme
d'images-souvenirs, de représentations
mentales, constitue le capital psychique d'un
individu. Ce capital est susceptible de se
transformer et d'être
extériorisé plus tard sous
l'influence d'autres excitations.
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- Il en résulte que le domaine des
actes réflexes est extrêmement
étendu puisqu'il embrasse en
définitive tous les
événements de la vie
psychique.
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- Tel acte tout d'abord volontaire devient
rapidement réflexe : l'habitude, la
mémoire ne sont autre chose que la
faculté d'accomplir de façon
réflexe des actes primitivement
volontaires. Pour obtenir la réalisation
d'un des réflexes complexes,
coordonnés à l'exécution
desquels concourent un grand nombre de cellules
nerveuses, il n'est plus besoin d'une excitation
extérieure déterminée:
l'ordre peut partir de n'importe quel relai de
la série. Que l'une des cellules
nerveuses, intercalée dans une voie
réflexe, entre en branle la
première, et le réflexe
s'exécutera comme s'il avait passé
par le circuit complet comme si l'excitation
d'origine périphérique
s'était adressée d'abord à
des fibres nerveuses centrifuges: or cette mise
en branle d'une des stations
intermédiaires peut être obtenue
par le souvenir de l'excitation
périphérique primitivement
nécessaire à l'accomplissement du
réflexe. Elle peut être obtenue par
conséquent par la perception de ce
mouvement réflexe exécuté
pa autrui, perception qui rappelle le souvenir
de l'excitation. «Nous ne pensons pas
seulement avec notre cereau, dit Espinas (des
sociétés animales, cité par
Sighele) mais avec, tout notre système
nerveux, et l'image envahissant d'emblée
avec le sens qui perçoit, les organes qui
correspondent d'ordinaire à, la
perception y provoque inévitablement des
mouvements appropriés qu'un contre-ordre
énergique peut seul parvenir à
suspendre». C'est que, comme nous le
disions dans notre deuxième chapitre,
beaucoup de nos réactions motrices sont
conscientes et provoquées par une
sensation, consécutive elle-même
à un stimulus externe, sans être
à proprement parler volontaires. Lorsque
j'éloigne rapidement la main de
l'épingle qui la pique, j'ai conscience
non seulement de la douleur et du mouvement
réactionnel, mais encore du lien qui les
unit. Je sais que je retire la main pour
éviter la piqûre, et pourtant je
n'ai pas délibéré pour
éloigner ma main ; l'effort volontaire
consisterait au contraire à retenir le
mouvement réactionnel et à
supporter sans bouger la sensation douloureuse,
à donner le contre-ordre, en un mot.
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- Grâce à l'éducation,
nous parvenons à donner le contre-ordre
dans un grand nombre de cas, mais il nous arrive
encore souvent de nous abandonner aux
conséquences de la perception visuelle ou
auditive d'un mouvement réflexe ou
perceptivo-moteur, et de le reproduire
inconsciemment, c'est que nous sommes
contagionnés. Les enfants tout jeunes
sont extrêmement accessibles à la
contagion. Les adultes le sont moins, ce qui
s'explique par la puissance de
l'éducation d'abord, par la
maturité de l'âge ensuite, deux
conditions qui contribuent à nous rendre
maUres dans une certaine mesure de nos
réflexes.
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- Prenons des exemples, en allant du simple au
complexe, soit d'abord celui du
bâillement. Le
bâillement, inspiration grande,
forte, et longue, suivie d'une expiration
prolongée, accompagnée d'une
contraction spasmodique de tous les muscles
inspirateurs, y compris les muscles abaisseurs
de la mâchoire, peut être
provoqué par des causes organiques et des
causes psychiques. Au point de vue organique, le
bâillement répond à un
besoin d'oxygène, toutes les causes
ralentissant la circulation et l'hématose
peuvent le provoquer.
-
- Parmi les causes psychiques du
bâillement, Ch Richet (Dictionnaire
de Physiologie) invoque la monotonie d'un
phénomène extérieur et
l'ennui qui en résulte puis la contagion
enfin, penser au bâillement fait
bâiller. La vue d'un individu qui
bâille fait bâiller ceux qui sont
autour de lui. Autrement dit, l'image mentale du
bâillement fera naître sa
réalisation organique par suite des liens
existant entre les cellules
cérébrales où se
crée l'image et le bulbe respiratoire qui
commande l'acte lui-même».
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- Le bâillement est donc un acte
réflexe dont le centre est au niveau du
bulbe, dont la cause incitatrice physiologique
est l'excitation de ce centre par du sang pauvre
en oxygène. Mais cette incitation
physiologique n'est pas seule capable de
produire le bâillement.
-
- Telle personne dont le centre bulbaire est
plus facilement excitable se livrera
d'elle-même et seule au
bâillement dans un air
confiné, d'autres personnes moins
sensibles et qui seules n'auraient pas
bâillé, bâilleront à
sa vue; bien plus, faisons abstraction des
conditions favorables à la production du
bâillement, la contagion se produira
encore. Enfin, penser au bâillement
fait bâiller; dans le cas où la
perception seule d'un bâillement produit
chez une autre personne ce même mouvement,
nous assistons au phénomène de la
contagion motrice le plus simple.
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- La représentation d'un mouvement, dit
Ribot, est un mouvement
qui commence, un mouvement à
l'état naissant. Que cette
représentation mentale, soit
présente (perception directe) ou qu'elle
ne soit qu'une représentation-souvenir,
le centre bulbaire est excité et le
mouvement se produit.
-
- L'exemple du bâillement est un
des plus frappants; c'est peut-être le
réflexe le plus contagieux, le plus
rebelle au contre-ordre de l'éducation.
Nous avons tous présent à l'esprit
le souvenir de véritables
épidémies de bâillements,
provoquées dans un omnibus par exemple
à la vue d'un premier
bâilleur.
-
- Sont également contagieux, le
rire et les
larmes.
-
- Ces phénomènes sont contagieux
par eux-mêmes, indépendamment des
états émotifs qu'ils manifestent,
et d'ailleurs ceux-ci ne le sont sans doute que
par l'intermédiaire de leurs
manifestations. Certains sujets sont pris de fou
rire à la vue d'une autre personne riant,
et s'abandonnent à ce fou rire, sans
connaître la cause provocatrice de
l'hilarité du premier rieur. N'est-ce pas
là encore de la contagion réflexe
au premier chef ?
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- La toux est également contagieuse:
«Un tousseur continuel, dit Montaigne,
irrite mon poumon et mon gosier. )
-
- Sarah Bernhardt jouait un soir à
Moscou la Dame aux Camélias, lorsqu'au
dernier acte elle se mit à tousser,
suivant le rôle, comme une phtisique,
parvenue à la dernière
période; un grand nombre de personnes
dans la salle furent prises d'une toux
réflexe absolument
caractéristique. Dans ces cas, la
contagion du mouvement réflexe au
mouvement réflexe identique est
simple.
-
- Sont encore contagieux, les gestes habituels
d'un sujet, vulgairement et improprement
appelés tics, qu'adopte souvent, aussi,
inconsciemment qu'ils sont
exécutés, un second sujet qui vit
en contact journalier avec le premier.
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- Nous nous occuperons plus loin des tics
pathologiques proprement dits. Ils seront
signalés avec toute la série des
phénomènes morbides dont nous
étudierons la contagion.
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- Citons, enfin, la contagion de l'accent
d'autant plus rapide et plus profonde que le
sujet contagionné est plus jeune. Il y a
dans la contagion de l'accent par
l'éducation quelque chose d'analogue
à ce qu'on observe
expérimentalement chez certains oiseaux:
Une mésange mise toute jeune avec les
fauvettes chante comme les fauvettes (Le
Dantec).
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- D'autres phénomènes sont un
peu plus complexes: la vue d'une personne qui se
gratte, parce qu'elle éprouve la
sensation de démangeaison, provoque le
même réflexe chez un témoin;
mais ce témoin a éprouvé
lui-même, avant de se gratter, la
sensation prurigineuse; ici, l'arc
réflexe est reconstitué dans son
entier, avec la sensation provocatrice et le
mouvement réflexe proprement dit.
Pourtant, l'excitation
périphérique a manqué.
-
- Dans d'autres cas, la contagion s'exerce
d'une facon imparfaite, mais réelle : la
vue d'actions coordonnées, rythmiques et
devenues réflexes chez ceux qui les
exécutent, provoquent chez les
spectateurs des réactions motrices,
parfaitement inconscientes, mais
également rythmiques, qui sont pour ainsi
dire une ébauche de la reproduction, des
actes perçus. La vue de gens qui dansent,
de gens qui marchent au pas, est
particulièrement propice à
l'établissement de cette contagion
imparfaite, contagion. qui se traduit par
l'exécution de petits mouvements
scandés, limités à un
membre, à un segment de membre, à
un groupe musculaire.
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- Chacun exécute plus ou moins ces
mouvements réflexes limités
balancement de tête, petits coups
frappés sur la table avec les doigts,
petits mouvements rythmés des jambes en
présence de danseurs ou de soldats qui
défilent, surtout lorsque la cadence est
encore accentuée par une musique
entraînante, facilitant d'autant mieux la
contagion.
-
- Cette contagion imparfaite, surtout facile
quand l'esprit est occupé ailleurs, est
à rapprocher des cas où la vue
d'un acte volontaire entraîne, chez un
sujet distrait, la répétition
réflexe de cet acte (contagion
unilatérale).
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- Lorsque je me promène, l'esprit
occupé à quelques,
réflexions, j'accomplis instinctivement,
sans en délibérer avec
moi-même, et sans que le souvenir en
persiste en moi (à conscience perdue,
pour ainsi dire), un certain nombre d'actions
appropriées à l'acte de me
promener, j'évite les voitures, les
passants qui viennent à ma rencontre, les
obstacles qui se présentent sous mes pas.
De la même façon, si la pluie se
met à tomber, j'ouvre mon parapluie avant
d'avoir expressément pris la
résolution de le faire, parce que j'ai vu
plusieurs personnes se mettre ainsi en mesure
d'être garanties. Ouvrir son parapluie
est, en apparence, un acte volontaire. En fait,
dans notre société, c'est la
série des mouvements constituant la
réaction habituelle à la
perception de la pluie qui tombe, et, de
même que les mouvements réflexes
les plus simples, cet acte coordonné peut
être imité involontairement,
à la suite de la perception de l'acte
identique. L'absence du contre-ordre, même
dans des cas aussi complexes, permet à la
contagion mentale de se produire.
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