- ......
- Ce type de douleur possède une
grande valeur séméiologique, si
l'on exige de lui tous ses
caractères
-
- - production par la flexion de la
tête
-
- - rapidité de l'éclair dans le
temps et dans l'espace
-
- - propagation de haut en bas et sur une
grande étendue, le long de la colonne
vertébrale et, le plus souvent
même, jusqu'à
l'extrémité des membres
inférieurs, avec ou sans participation
des membres supérieurs.
-
- Il implique une atteinte de la moelle
épinière et, pour notre part, nous
n'hésitons pas à lui donner une
signification plus précise encore il a
pour support anatomique les cordons
postérieurs et point n'est besoin que
ceux-ci soient malades pour que se produise la
réaction douloureuse à la flexion
de la tête, bien au contraire.
-
- Avant d'exposer les faits tels qu'ils se
sont présentés à nous et
les conclusions que nous en avons tirées,
nous rappellerons les étapes par
lesquelles sont passées les idées
concernant la douleur à type de
décharge électrique.
-
- Le 20 décembre 1917, à la
Réunion des Centres Neurologiques
Militaires du Val-de-Grâce, Pierre
Marie et Chatelin rapportent les curieuses
constatations qu'ils ont faites dans plusieurs
cas de traumatismes craniens : « Les
malades se plaignent de sensations subites
parcourant le tronc et les membres après
un mouvement de flexion du cou ou après
éternuement, sans qu'on puisse
déceler chez eux des signes de
lésions pouvant expliquer ce
phénomène. » Ils pensent
cependant que celui-ci est le fait de
lésions radiculaires, que ces
lésions sont minimes puisqu'elles ne
comportent ni troubles paralytiques ni troubles
sensitifs subjectifs, et qu'elles sont le
résultat de l'action à distance du
L.C.R. sur les culs-de sac arachnoïdiens,
qui accompagnent les racines jusqu'à leur
sortie de l'étui duremérien.
-
- Un an plus tard, Babinski
et Dubois présentent plusieurs cas de
trau-matisme de la nuque avec, entre autres
symptômes, « des douleurs à
type de décharge électrique
», qu'ils attribuent à une atteinte
médullaire, et, de fait, celle-ci est
parfois corroborée par des troubles
parétiques immédiats et plus ou
moins durables dans un cas, un an après
le traumatisme, on constate encore des signes
incontestables de lésions
médullaires sous forme d'un syndrome
fruste de Brown-Séquard ; par ailleurs,
à elle seule, l'extension des douleurs
à tous les segments du corps sous-jacents
à la région traumatisée ne
permet-elle pas d'affirmer l'origine
médullaire ? J. Lhermitte, lors de la
discussion de cette communication,
n'hésite pas à prendre le parti de
BabinsiKi contre Pierre-Marie, en se faisant le
défenseur de l'origine médullaire
des douleurs à type de décharge
électrique.
-
- En 1919, Jean Ribeton, dans sa thèse
faite sous la direction de Babinski et de
Lhermitte,
réunit treize observations de
traumatismes de la nuque, dans lesquelles des
douleurs à type de décharge
électrique se sont installées de
un à trois mois après le
traumatisme et ont fini par disparaître
avec le temps, soit spontanément, soit
à la suite d'un traitement
radiothérapique. Il soutient l'opinion de
ses maîtres quant à l'origine
médullaire de ces douleurs.
Désormais et jusqu'à nouvel ordre,
les douleurs à type de décharge
électrique allaient être
attribuées en exclusivité à
la commotion médullaire.
-
- En 1923, Lhermitte observe le même
symptôme dans des cas de sclérose
en plaques et tire de cette donnée
nouvelle des déductions
pathogéniques : s'appuyant d'une part sur
le fait que, dans la sclérose en plaques
plus nettement encore que dans la commotion
médullaire, les lésions frappent
surtout les gaines de myéline, qui
disparaissent et laissent persister à peu
près intacts beaucoup de cylindraxes
dénudés, d'autre part sur la
constatation faite par Tinel, au niveau des
nerfs en voie de restauration dont les
cylindraxes sont privés de leurs gaines
protectrices, et consistant en une sensation de
fourmillements provoquée par la
percussion des nerfs, il attribue les douleurs
à type de décharge
électrique à la dénudation
des cylindraxes sensitifs de la moelle. Par la
suite, de nombreux cas de sclérose en
plaques avec douleurs à type de
décharge électrique sont
rapportés, tant à
l'étranger qu'en France, et la
démyélinisation est
considérée par tous les auteurs
comme la condition indispensable à la
production de ce symptôme. La douleur
à type de décharge
électrique devient même, en
l'absence de traumatisme médullaire, un
bon élément de diagnostic en
faveur de la sclérose en plaques, ou tout
au moins d'une affection
dérnyélinjsante de la moelle, car
les douleurs à type de décharge
électrique ont été
également signalées dans les
scléroses combinées.
-
- C'est en tant que symptôme de la
sclérose en plaques, que la douleur
à type de décharge
électrique est surtout connue, aussi lui
a-t-on associé le nom de Lhermitte, bien
qu'elle ait été décrite par
Pierre-Marie et baptisée par
Babinski.
- .....
-
- Jean
Lhermitte
- 1877 - 1959
-
- Les
douleurs à type de décharge
électrique consécutives à
la flexion céphalique dans la
sclérose en plaques
- Un cas de
sclérose multiple
- Lhermitte J, Bollak J, Nicolas M.
Revue Neurologique 1924;
31; 56-62
-
- Le
signe de Lhermitte
- J. Cambier La Presse
Médicale 1993; 22; 32;
1611-1614
-
- Modern
neuropsychology in France:
Jean
Lhermitte
- F. Boller Cortex
2005; 41, 740-741
-
- La
douleur à type de décharge
électrique, provoquee par la flexion de
la tête et parcourant le corps de haut en
bas
- Alajouanine T, Thurel R, Papaïoanou
Revue Neurologique 1949; 81; 2;
89-97
-
- Lhermitte's
sign From
observation to eponym
- Gutrecht JA. Arch
Neurol 1989; 46; 5;
557-558
|