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- Si l'on veut bien
admettre que le cerveau fonctionne comme un tout
(conception holistique de JM
Flourens
1794-1867), on peut néanmoins distinguer
le cerveau de la vie de relation, c'est à
dire sensori-moteur et le cerveau
végétatif, c'est à dire
régulant les fonctions des
viscères. Le système nerveux
végétatif, SNV, (ou autonome car
non soumis directement à l'autre) se
distingue anatomiquement et fonctionnellement.
Son rôle princeps est de contrôler
l'équilibre du milieu intérieur ou
fonction homéostasique qui l'articule
avec le système endocrinien.
Schématiquement on peut estimer que se
couple au niveau de chaque organe une double
représentation, le contingent sympathique
à médiation adrénergique
(stimulant) et une représentation
parasympathique à médiation
cholinergique (freinatrice).
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- Historiquement, le
concept de sympathie remonte au sympathia des
Grecs et au consensus des Romains mais c'est
Samuel
Tissot (1728-1797)
médecin suisse de tous les grands du
monde de l'époque, en rédigeant de
1770 à 1780 les 5 tomes du premier livre
de neurologie, Le Traité des Nerfs, qui
définit: " Telles est l'admirable
constitution de l'homme & de l'animal, que
ces parties dont les fonctions paroissent si
différentes sont cependant
enchaînées de façon qu'elles
influent toutes du plus ou moins les unes sur
les autres.... C'est ainsi que les calculs des
reins occasionnent quelque fois des
vomissements". On retrouve ces concepts dans
Primae Lineae Physiologiae, premier
véritable livre de physiologie
écrit en 1747 par Albrecht
von Haller,
Suisse, professeur à l'université
de Göttingen.
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- Sans en reprendre toute
l'anatomie, le SNV peut se schématiser en
centres diencéphaliques, l'hypothalamus
et l'hypophyse, et des relais
périphériques, au niveau du
plancher du IV ventricule
(éléments cellulaires
groupés dans les noyaux des nerfs
crâniens), les ganglions
périphériques et les composantes
végétatives des nerfs, par
où transitent des fonctions - actions
bidirectionnelles.
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- L'hypothalamus,
situé au niveau des parois
latérales et inférieures du
3° ventricule, représente le centre
majeur des régulations. Nous nous
intéresserons au noyau
paraventriculaire de l'hypothalamus
(PVN) dont le
rôle est essentiel dans le
déclenchement du bâillement. Dans
ce noyau existe une zone histologiquement
parvo-cellulaire à la partie
médiane et rostrale du PVN au niveau,
essentiellement composée de neurones
ocytocynergiques, au niveau desquelles
l'injection de substances vont induire des
bâillements. La destruction
électrique de cette zone fait
disparaître les bâillements.
L'injection d'apomorphine (agoniste
dopaminergique), de L-glutamate, de NO,
d'hypocrétine, de cyanide (anoxie
localisée stimule récepteur NMDA),
de CRF (ACTH), d'histamine, de dopamine,
d'ocytocine elle-même déclenche des
bâillements et des
érections.
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- Centre
d'intégration le PVN est sensible
à l'osmolarité, à la
température centrale, à des
hormones circulantes (ghréline,
testostérone) tant par sa vascularisation
que par son contact avec le LCR qui le baigne
latéralement (effet adénosine et
prostaglandine D2). Il reçoit des
afférences de l'hypothamus latéral
(neurones
hypocrétinergiques),
du noyau supra-chiasmatique de l'hypothalamus
antérieur (sensibilté aux rythmes
circadiens du SNV), du septum, de la
réticulée ascendante du tronc
cérébral (relais noyau solitaire),
du locus coeruleus, du fornix, de l'hippocampe,
du noyau médial du thalamus, du cortex
orbito-frontal.
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- Ses efférences
projettent vers les centres autonomes du tronc
cérébral (noyaux des nerfs
crâniens V, VII, IX, X, XI, XII), le noyau
ambigu, la
réticulée
ascendante et
le
locus coeruleus et
peut-être le cortex cingulaire par
l'intermédiaire duquel il contrôle
les fonctions cardio-vasculaire, respiratoire et
sexuelle, entre autres.
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- Le PVN est au centre des
régulations de la satiété,
de la sexualité et de l'éveil
comme le montre l'enregistrement, chez le rat,
d'électrocorticogramme qui indique une
réaction d'éveil
(accélération du rythme et
réduction de leur amplitude) après
des bâillements pharmacologiquement
induits. Enfin, il a été
montré chez le rat que la stimulation
lumineuse induit des bâillements
accompagnant une réaction de
stress.
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- La théorie
végétative de James-Lange
(1884-1885) postule que les afférences en
retour des contractions musculaires et la
sensibilité viscérale apportent au
système nerveux central (striatum,
amygdale, insula) les perceptions corporelles,
appelées l'intéroception,
permettant l'élaboration consciente du
schéma corporel. La pandiculation et le
bâillement, par la puissante contraction
musculaire qu'ils représentent, la
déconnexion de l'environnement, et le
bien-être qui les suit, participent ainsi
de l'intéroception. Les techniques de
relaxation et de yoga utilisent implicitement
ces données, en déclenchant en
groupe, par échokinésie, des
bâillements induits, afin de perfectionner
le contrôle du tonus musculaire corporel
et une acutisation des perceptions
proprioceptives (Russell,
1891,
Bourgne,
2006).
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