The faculty of language: what is it, who has
it, and how did it evolve
MD Hauser, N Chomsky
Science
2002; 298;
1569-1579
The animal kingdom has been designed on the
basis of highly conserved developmental systems that read
an almost universal language code in DNA pairs. Animals
lack a common universal code of communication by
unconnected animal groups.
Yawning: the only one ?
Le système de contrôle
dévelopemental est conservé au travers de
tout le règne animal sous forme d'un langage
codé universel l'ADN. Par contre, il manque un
mode de communication universel entre les animaux
d'origine phylogénétique
différente.
«Animals living permanently in social
groups comprising both sexes and all ages need
an efficient system of communication for
conveying information about their feelings and
intentions to other group members. Yawning
occurs outside the periods of sleep or rest,
after various social interactions linked notably
to sexuality or conflicts. Traditionally, the
open mouth (like the yawn) can have two
meanings, depending on its context: in play it
is a relaxed lively expression whereas in
aggressive interactions it is tense and
threatening.» Actually, this meaning is not
shared across ethology's data.
Among non-human primates, the frequency
grows as secondary sexual traits develop
(testicular drop, growth of canines), and
reaches its maximum in adult males. Yawning is
partially governed by androgens. Such yawns,
which are basically restricted to adult males
and dominant males in the group can be qualified
as "emotivity
yawns" (Deputte 1994), which indicates
that they are triggered by a "psychic tension".
What communication value can yawning have in a
social group? In such a context, anything that
can be witnessed by a partner can have meaning.
Over the course of evolution, actual
communication signals have arisen to act as
codes shared by all members of a given species
and have led to the modification of the fellow
creature's behaviour to whom the signal is
adressed or who has noticed it. The yawn
can be perceived by a fellow creature without
being specifically adressed to same. Such signal
always appears at the end of an interaction
during which a more or less significant quantity
of signals, stricto sensu, have been exchanged.
It has not been possible to detect any
modification of the fellow creature's behaviour
at the sight of a yawn. Therefore, it can
only be seen as having a secondary communication
value.
Since the emotiviy yawn is associated
with a given individual, it can serve as a
reinforcement of the particular rank this
individual has in the group. Such a function
cannot be assigned to an unspecific yawn which,
though morphologically identical, is not
associated with any individual in particular
(Holmgren
1980, Redican 1975).
The testosterone-dependent yawn
uncovers and exposes the male's long canines.
Non-human primates being essentially
vegetarians, a utilitarian perspective would
explain this behaviour as a ritualised
exhibition of "weapons of dissuasion". But, this
hypothesis is not supported by observation,
certainly not among the white-cheeked mangabeys
and the long-tailed macaques. In the case of
the emotivity yawn, more particular to
males therefore more susceptible to expose
powerful canines, it occurs at the end of
interactions involving exchanges of numerous
communicative signals allowing for the specific
pattern of this interaction. To the contrary of
other signals, the yawn, and of course
the canines, have very little chance of being
noticed. An electromyographic analysis has shown
that during the yawn the exposure of the canines
is purely passive and dependent on the maximal
opening of the mouth (Deputte
1980). This study has underlined an
essential difference between a threat, a
specific signal to stay away, and a yawn.
Three characteristics support this
difference:
a- Whereas the duration of a threat and its
intensity are totally dependent of the partner's
behaviour, the sequence of events during a yawn
is unchanging and entirely independent of any
behavioural trait of the partner.
b- Among all primates, a threat comprises at
least an intense visual fixation aimed by the
emitting party at the threatened one. While this
visual fixation is accompanied solely by a
retractation of the scalp among white-cheeked
mangabeys, it involves the opening of the mouth
among long-tailed macaques. This visual fixation
is held as long as the partner has not backed
off or ended the interaction. Yawning does not
necessarily imply, at its inception, that the
yawner is looking at a fellow being; once
triggered, it involves the lifting of the head,
usually accompanied by the closing of the
eyes.
c- Finally, when a threat is a specific
signal devoid of ambiguity, the canines remain
hidden, whereas they are largely exposed during
a yawn that is not in any way directed at
a given partner. Under no circumstances can
yawning be seen as a type of threat
(Hadidian 1980,
Hall 1962,
Louboungou
1987, Napier
1985).
Le
bâillement comme outil de communication
chez les primates non
humains
«Les animaux vivant en permanence en
groupe comprenant des membres des deux sexes et
de tous âges ont besoin d'un
système de communication afin de partager
entre eux des informations sur leurs perceptions
et leurs désirs. Le bâillement
apparaît en dehors des périodes de
repos et de sommeil, après
différentes interactions sociales
notamment au cours de la sexualité et des
conflits. Traditionnellement, la bouche grande
ouverte (comme le bâillement) est
interprêtée de deux façons
suivant le contexte de survenue: au cours du
jeu, cela correpond à un moment de
répis et de détente tandis qu'en
cas de conflit, elle semble participer de la
menace.» Actuellement, ces données
ne sont plus validées par les
études éthologiques
actuelles.
Chez les primates non humains, la
fréquence augmente avec l'apparition des
caractères sexuels secondaires (descente
testiculaire, croissance des canines), maximale
chez les mâles adultes. Le
bâillement est sous la dépendance
partielle des androgènes; la castration
de macaques adultes mâles entraînent
une diminution marquée de la
fréquence des bâillements tandis
que des injections de dihydrotestostérone
exogène rétablit la
fréquence des bâillements.
L'injection d'un anti-androgène non
stéroïdien (hydroxyflutamide) bloque
les effets d'injections de testostérone,
reproduisant les effets de la castration
(Deputte,
1974).
Ces bâillements quasiment restreints
aux mâles adultes et aux mâles
dominants dans le groupe peuvent être
qualifiés de « bâillements
d'émotivité » (Deputte
et Fontenelle, 1980), soulignant ainsi
qu'ils sont déclenchés par une
« tension psychique ». Quelle valeur
communicative le bâillement peut-il avoir
dans un groupe social ? Dans un tel contexte,
tout ce qui est visible par un partenaire peut
prendre une valeur informative. Les signaux de
communication proprement dits ont
été mis en forme au cours de
l'évolution pour fonctionner comme des
codes partagés par tous les individus
d'une espèce conduisant à la
modification du comportement du
congénère à qui le signal
est adressé ou qui le perçoit. Le
bâillement est potentiellement
perçu par un congénère sans
être spécifiquement adressé.
Il apparaît toujours à la fin d'une
interaction au cours de laquelle une
quantité plus ou moins grande de signaux,
stricto sensu, a été
échangée. Aucune modification du
comportement du congénère n'a pu
être mise en évidence à la
perception d'un bâillement. On ne peut
alors accorder à ce dernier qu'une valeur
communicative secondaire. Comme le
bâillement d'émotivité est
associé à un individu particulier,
il peut servir à renforcer la place
particulière que cet individu occupe au
sein du groupe. Une telle fonction ne peut
être inférée au
bâillement de repos qui lui, bien que
morphologiquement identique, n'est
associé à aucun individu
particulier.
Le bâillement du mâle dominant,
testostérone dépendant,
découvre et expose ses longues canines.
Les primates non humains étant
essentiellement végétariens, une
perspective utilitariste expliquerait ce
comportement comme une exposition
ritualisée « d'armes dissuasives
». Une telle hypothèse ne
résiste pas aux faits d'observation, au
moins chez les mangabés à joues
blanches et les macaques à longue queue.
Dans le cas du bâillement
d'émotivité, il apparaît
à la fin des interactions au cours
desquelles de nombreux signaux communicatifs
permettant le déroulement particulier de
cette interaction ont été
échangés. Contrairement aux autres
signaux, le bâillement, et donc les
canines, a une très faible
probabilité d'être perçu.
Une analyse électromyographique a
montré que, lors du bâillement, le
découvrement des canines est purement
passif et est lié au degré
d'ouverture maximal de la bouche. Cette
étude a souligné une
différence essentielle entre la menace,
le signal spécifique de mise à
distance, et le bâillement. Trois
caractéristiques sont à la base de
cette différence (Deputte
1974, 1994 ; Deputte et Fontenelle,
1994) :
- Alors que la durée de la menace et
son intensité sont totalement
dépendants du comportement du partenaire
auquel elle est adressée, le
déroulement du bâillement est
immuable et totalement indépendant de
quelque comportement que ce soit de la part du
partenaire.
- La menace, chez tous les primates,
consiste au moins en une fixation visuelle
intense de l'émetteur vers le partenaire
menacé. Alors que cette fixation visuelle
n'est accompagnée que par une
rétraction du scalp chez les
mangabés à joues blanches, elle
s'accompagne d'une ouverture de la bouche chez
les macaques à longue queue. Cette
fixation visuelle est maintenue tant que le
partenaire n'a pas cédé le terrain
ou mis fin à l'interaction. Le
bâillement n'implique pas
nécessairement que le bâilleur,
initialement, regarde un
congénère; une fois
déclenché, il implique un
relèvement de la tête,
accompagné le plus souvent, par une
fermeture des yeux.
- Enfin dans la menace qui est un signal
spécifique qui ne présente aucune
ambiguïté pour les partenaires, les
canines restent toujours masquées, alors
qu'elles sont largement découvertes dans
le bâillement qui n'inclut aucun indice de
directionalité vers un partenaire en
particulier. Les bâillements ne peuvent,
en aucun cas, être
considérés comme des formes de
menace. (Hadidian
1980, Hall
1962, Louboungou
1987, Napier
1985).
«Les babouins manifestent souvent
leur courroux en menaçant leurs ennemis
d'une manière très bizarre: ils
ouvrent largement la gueule comme s'ils
bâillaient. M. Bartlett vit à
plusieurs reprises deux babouins, lorsqu'ils
furent placés pour la première
fois dans la même cage, s'asseoir l'un en
face de l'autre et ouvrir alternativement la
gueule; et cette action sembla
fréquemment se terminer par un
véritable bâillement. M.
Bartlett pense que chacun des deux animaux
souhaitait montrer à l'autre qu'il
était pourvu d'une denture terrible, et
il a sans aucun doute raison. Comme il
m'était un peu difficile d'ajouter foi
à la réalité de ce
bâillement de défi, M. Bartlett
se mit alors à provoquer un vieux babouin
et le fit entrer dans une violente
colère, et le singe agit ainsi presque
immédiatement. Certaines espèces
de macaques et de cercopithecus" se comportent
de cette même manière. Comme Brehm
l'a observé chez les babouins qu'à
a gardés vivants en Abyssinie, les singes
de cette espèce montrent également
leur colère d'une autre façon: ils
frappent le sol d'une main, « comme un
homme en colère tape du poing sur la
table ». J'ai vu les babouins du jardin
zoologique faire ce geste; mais parfois celui-ci
ressemblait plutôt à la recherche
d'une pierre ou d'un autre objet dans leur
litière de paille.»