- Séméiologie
générale ou traité des
signes et de leur valeur dans les
maladies
- contenant les signes fournis par la
considération des fonctions et des
facultés
- Tome II Croullebois Editeur
Paris1817
602p
-
- Les
pandiculations : pages
542-544
-
- Le
bâillement : pages
69-73
- (orthographe
respectée)
-
- Des considérations rapides sur le
mécanisme du bâillement, laissent
facilement entrevoir le degré d'influence
qu'il doit avoir sur l'économie. Quelle
idée ne prendra-t-on pas de son
importance, si l'on réfléchit
à l'état général de
l'économie qui le précède
et qui le termine, et par exemple à
l'espèce de stupeur et d'engourdissement
qui le prépare, au sentiment de lassitude
et de faiblesse qui le devance, et au contraire
à la sensation agréable qui le
suit, au délassement et au
bien-être qu'il procure. C'est dans la
méditation ce ces divers objets, que l'on
retrouve l'indication de la plupart des signes
que l'expérience a attaché au
bâillement.
-
- Nous ne confondrons pas le bâillement
avec les pandiculations, quoique ces deux
mouvements composés de l'économie,
se lient souvent l'un à l'autre. Le
premier, étant une respiration grande,
longue et forte, qui se fait par l'ouverture
extraordinaire et involontaire de la bouche, il
en sera question ici: l'autre, n'étant
qu'une extension en partie volontaire et en
partie forcée des muscles du tronc et des
extrêmités, et par
conséquent qu'une modification de
l'irritabilité, il en sera parlé
plus loin.
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- Il ne faudrait pas confondre le
bâillement que produisent la paresse,
l'ennui, la fatigue, le froid ou la chaleur,
l'assoupissement, le sommeil, et même la
simple vue d'un homme qui bâille, avec le
bâillement qui a lieu dans les maladies.
Le praticien n'oubiera cependant pas que,
même durant l'état de santé,
le bâillement peut être un des
prodromes de la maladie en général
: «Oscitatio et pandiculatio etsi
spe pigriti saltem signa sunt, aut
ex imaginatione proficiscuntur; interdûm
tamen a causâ morbifica ortum habent et
morborum instantium sunt prsagia
(Sennert)».
-
- Le bâillement précède
l'invasion des fièvres en
général (Hippocrate
de Flatibus) , et spécialement
l'invasion de l'accès dans les
fièvres intermittentes; la
fréquence, aussi bien que
l'intensité de ce mouvement laissent
prévoir d'avance la durée et la
violence du spame et du froid
fébriles.
-
- Les bâillemens fréquens, suivis
de larmoyement et de pandiculations, sont les
signes précurseurs des fièvres
éruptives. Oscitationes febrese
ruptionnum prcedunt.
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- J'ai observé très souvent les
bâillemens avec sternutation, aux
approches des fièvres catarrhales que
nous voyons régner si fréquemment
d'une manière épidémique
dans la capitale : «Haud rar
quoque est observationis, in iis qui in
catarrhales incassuri sunt febres, frequentiorem
plenumque contingere oscitationem, imminetatis
jam insultus febrilis
prnuncuatricem» (Büchner
dissertatio de oscitatione ut signo in morbis.
Halae 1758).
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- Les bâillemens ont lieu assez souvent
aux approches des fièvres bilieuses,
ainsi que l'a observé le docteur Alberti
(Michel. Alberti dissertatio de oscitatione.
Halæ Magdeburg 1737).
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- C'est une chose très commune que de
voir les femmes grosse éprouver des
bâillemens incommodes et même
douloureux, tant par leur fréquence que
par leur intensité.
-
- Les dérangemens considérables
des époques menstruelles amènent
aussi des bâillemens très-forts. Je
trouve dans Riedlin l'observation suivante : une
demoiselle de 22 ans, à la suite d'un
retard de règles, devint asthmatique, au
point qu'on désespérait de sa vie.
La respiration reprit son naturel, et la malade
fut atteinte de bâillemens si
considérables, que la mâchoire
inférieure en fut plusieurs fois
luxée. Les anti-spasmodiques
remèdièrent à cet accident;
mais la malade ayant bu un peu de vin, il lui
survint un rire convulsif qui cessa en
même temps que l'excitation que le vin
avait provoquée (Riedlini Lineæ
medicæ anni 1695).
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- Hchster, cité par Riedlin,
rapporte l'observation d'une fille de 14 ans qui
n'avait pas encore été
règlée, et qui, tous les jours
à quatre heures après-midi,
éprouvait des bâillemens
très fréquens, très
pénible, et suivis de divers accidents
morbifiques (Hchstetteri rar. observ. med.
decades sex. dec.4. obsrv.9, p447).
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- Dans les affections spasmodiques et
nerveuses, le bâillement est l'indice de
la cessation du spasme; quelquefois, cependant,
les bâillemens annoncent l'invasion de ces
mêmes maladies nerveuses ou du moins
certaines. Cela est particulièrement vrai
pour l'épilepsie que j'ai vue plusieurs
fois sûrement annoncée par des
bâillemens plus ou moins fréquens.
Hoffmannen avait fait la remarque dans un cas
particulier : «Post quemdam languorem et
brevem oscitationem protinùs ger
omnium nescius concidit, etc.»
-
- Les bâillemens sont un signe des
embarras gastriques et des congestions
vermineuses; ils précèdent
quelques fois l'apoplexie, très souvent
les accès d'histéricie et
d'hypochondrie, et presque toujours la
syncope.
-
- En général, le
bâillement est un signe mortel toutes les
fois qu'il existe un grand épuisement des
forces dans les maladies aigües; par
exemple, chez les femmes qui sont en travail
d'enfantement, et même durant les maladies
aiguës des femmes en couches.
-
- La fréquence des bâillemens
chez les enfants en bas âge, est le
résultat de l'accroissement rapide du
corps; il est presque toujours salutaire.
-
- Les bâillemens précèdent
la syncope.
-
- Les
pandiculations : pages
542-544
-
- Une distenion successive de tous les muscles
avec une sensation agréable assez
ordinairement suivie de bâillement,
constituent les pandiculations.
-
- C'est à tort que presque tous les
séméiologistes ont confondu le
bâillement avec les pandiculations. Le
bâillement est bien évidemment un
acte de la respiration, et les pandiculations
sont incontestablement le produit de l'action
musculaire, de l'irritabilité. Ces deux
opérations de la vie sont sans doute
fréquemment unies ensemble, et elles
offrent, comme induction
séméiotique, de nombreux
rapprochemens; mais ce ne sont pas là des
raisons suffisantes pour les confondre.
-
- Dans les pandiculations, la tête et le
cou s'élèvent, et restent
solidement fixés par l'action
combinée des muscles qui les unissent,
surtout postérieurement. Les muscles de
la colonne vertébrale et des
différents points de la poitrine, se
développent; la cavité thorachique
prend une extension considérable. De
plus, nous jetons les bras de côté
et en arrière, et nous les tenons ainsi
fortement étendus. Nous allongeons enfin
les extrêmités inférieures;
en sorte qu'il se produit réellement une
augmentation d'action considérable dans
tout le sytsème musculaire, et par la
suite une excitation souvent salutaire.
-
- Les pandiculations sont presque toujours un
mouvement critique que la nature
détermine pour faire cesser un spasme,
soit partiel, soit universel, et pour produire
une plus juste et plus égale distribution
des mouvemens et des forces sur les divers
points de l'économie.
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- Une grande lassitude, l'envie de domir qu'on
ne peut satisfaire, l'ennui que l'on supporte
long-temps, le réveil en sursaut, causent
souvent des pandiculations.
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- Dans l'état de santé, les
pandiculations fréquentes deviennent un
des prodromes généraux des
maladies.
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- Les pandiculations précèdent
les accès de fièvres
intermittentes, les attaques de manie,
d'hystéricie, d'hypochondrie.
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- Aux approches des convalescences, les
pandiculations sont un signe
très-avantageux; mais si elles se
prolongent et si elles persistent avec trop
d'opiniatreté, on doit craindre une
rechute.
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- Dans le cours des maladies, les
pandiculations sont toujours salutaires; elles
constatent l'état favorable des forces
vitales et la résistance que la nature
oppose à l'action de la maladie.
-
- Les pandiculations deviennent surtout dans
les maladies nerveuses, dans les phlegmasies
internes, et toutes les fois que l'on a à
craindre une vicieuse concentration des
mouvemens et des forces sur un des points de
l'économie.
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- Les pandiculations, dans le principe des
fièvres malignes, diminuent
singulièrement les craintes
attachées à ces maladies.
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