- BÂILLEMENT,
s.f. oscitatio, action de bâiller :
on fait dériver ce mot de balare,
bêler. Le bâillement consiste dans
une grande inspiration qui se fait lentement et
ordinairement avec écartement
considérable des mâchoires, et qui
est suivie d'une expiration prolongée,
souvent accompagnée d'un bruit sourd. On
croit généralement qu'il est
occasionné par un embaras de la
circulation pulmonaire : cette opinion, qui
n'est appuyée sur aucun fait positif, ne
manque cependant pas de vraisemblance: en effet,
presque toutes les causes qui déterminent
le bâillement coïncident avec une
certaine débilité de tout le
système, qui paraît très
propre à produire l'embaras dont nous
parlons; ces causes sont l'ennui, l'envie de
dormir, la fatigue, la faim, le malaise qui
précède l'invasion de certaines
fièvres intermittentes, etc.
-
- Les animaux que l'ont met sous le
récipient de la machine pneumatique, ceux
qu'on place dans un air non respirable,
bâillent à plusieurs reprises avant
de perdre la vie : les ftus qu'on tire
vivans du sein de leur mère par
opération césarienne,
bâillent également : enfin il
paraît qu'une altération quelconque
dans le tissu pulmonaire peut donner lieu
à fréquens bâillemens. Dans
beaucoup de cas, ce phénomène
semble plutôt lié à
l'état de l'esomac qu'à celui des
poumons qui ne sont affectés, en quelque
sorte, que d'un manière sympathique;
c'est ainsi qu'une digestion laborieuse ou une
simple douleur d'estomac, quelle qu'en soit la
cause, est accompagnée de
bâillemens répétés :
cet accident peut aussi être purement
spasmodique, comme on l'observe chez les femmes
affectées d'hystérie, ou chez les
individus qui sont sujets aux maladies
convulsives.
-
- Le bâillement est, jusqu'à un
certain point, un acte involontaire : on peut
bien surmonter l'action des muscles qui tendent
à abaisser la mâchoire, en
contractant leurs antagonistes; on peut
modérer l'expiration qui le temine et
prévenir le bruit dont elle est
accompagnée; mais la longue inspiration
qui, à proprement parler, constitue le
bâillement, ne peut être
réprimée, sans doute parce que le
diaphragme, qui en est l'agent, reçoit en
partie ses nerfs du système des
ganglions, ainsi que M. Roux l'a fort bien
remarqué. Bichat soupçonnait que
l'objet de cet acte involontaire était de
renouveler plus complètement l'air
contenu dans les poumons qu'il ne l'est dans une
inspiration ordinaire, et de donner lieu, par
là, à une une plus grande
absortion d'oxygène.
Le bâillement peut devenir si
fréquent et si opiniâtre qu'il
constitue une véritable maladie; tel est
le cas qui a été rapporté
par Bellenand dans le Journal de
Médecine. La jeune personne qui en est le
sujet éprouvait, depuis près d'un
an, un goût extraodinaire pour la pain, et
en faisait, pour ainsi dire, son unique aliment,
lorsqu'elle fut attaquée d'un
bâillement si fréquent, qu'elle
semblait ne fermer la bouche que pour la rouvrir
immédiatement après. Une tisane et
une potion antispasmodiques ne produisirent
aucun effet; un laxatif diminua la force et la
fréquence des bâillements, et ils
disparurent presque entièrement à
la suite d'un vomitif que l'état de la
langue semblait d'ailleurs indiquer; mais ils
revinrent peu de jours après au
même degré; on
réitéra alors le vomitif; la
secousse fut plus fortte que la première
fois, et la jeune malade guérit sans
récidive. Cet exemple peut servir
à éclairer le traitement, non
seulement du bâillement spasmodique, mais
en général des affections
nerveuses.
PANDICULATION,
s. f., pandiculatio, On appelle ainsi un
mouvement violent et gradué d'extension
du tronc et des membres au moyen de la
contraction successive, et soutenue pendant
quelque temps, des muscles extenseurs de ces
parties. Ce mouvement, en partie volontaire, et
en partie indépendant de la
volonté, a été souvent
confondu avec le bâillement qui
l'accompagne et le suit fréquemment, mais
avec lequel il n'a néanmoins que des
rapports assez éloignés, puisque
le bâillement est un
phénomène appartenant
entièrement à la respiration,
tandis que les pandiculations sont uniquement le
résultat de l'action musculaire. Ce qui a
pu donner lieu de confondre ces deux
phénomènes, vient de ce que l'un
et l'autre ont souvent lieu dans les mêmes
circonstances et sont déterminés
par le même besoin que la nature ressent
de réveiller l'action des divers organes,
ralentie par une cause quelconque.
-
- Jetés alors dans une sorte d'inertie
et de torpeur, ils ont besoin, pour en sortir,
d'un effort extraordinaire, d'une sorte de
secousse qui, pour les muscles, constitue la
pandiculation. Aussi les pandiculations, en
faisant cesser l'état plus ou moins
pénible où se trouve le
système musculaire, en exprimant le sang
qui y a séjourné, sont-elles
accompagnées d'une sensation
agréable et de bien-être
général.
-
- Quand on examine le mécanisme des
mouvements qui ont lieu dans les pandiculations,
on voit que la colonne vertèbrale est
fortement redressée et portée en
arrière; la tête se renverse et
reste fixée sur la colonne
vertèbrale par la contraction
simultanée des muscles du cou; les
muscles de la face deviennent le siège de
contractions qui augmentent graduellement et
lentement; les muscles inspirateurs dilatent la
poitrine à un degré
considérable et déterminent alors
le bâillement; les membres
thoraciques se portent en arrière et en
haut en se développant graduellement; les
membres inférieurs commencent
également à s'étendrent,
mais d'une manière moins
remarquable.
-
- Les pandiculations dans l'état de
santé sont, le plus souvent, produites
par la lassitude, l'ennui, l'envie de dormir,
à laquelle on s'efforce de
résister, le réveil en sursaut,
etc.; circonstances qui toutes sont
accompagnées du ralentissement de la
circulation du sang, d'un certain degré
de stagnation de ce fuide dans le tissu des
diverses parties, la contraction
générale des muscles paraissant
avoir ici pour effet de communiquer un nouveau
degré d'activité aux mouvemens
circulatoires dans ces mêmes
régions. Dans l'état de
santé, les pandicuations trop
fréquentes sont souvent l'annonce et le
symptôme précurseur des
maladies.
-
- Les pandiculations précèdent
souvent les accès d'hystérie,
d'hypochondrie et de manie. Elles sont presque
toujours un des symptômes du début
des fièvres, et surtout des accès
de fièvres intermittentes.
-
- Dans le cours des maladies, les
pandiculations sont toujours d'une augure
favorable: elles semblent en effet annoncer ou
déterminer une répartition
égale, uniforme des forces nerveuse et
circulatoire entre tous les organes; aussi
sont-elles particulièrement avantageuses
dans les cas où la maladie consiste dans
une contraction vicieuse de ces forces sur un
organe quelconque, comme dans les phlegmasies
internes, les maladies nerveuses, les
fièvres ataxiques, etc.
-
- Enfin, dans le commencement de la
convalescence, les pandiculations peuvent encore
se mettre au nombre des symptômes heureux
et qui tendent à en assurer la marche.
Cependant elles sont moins avantageuses quand
elles deviennent alors trop fréquentes et
trop prolongées: elles font
connaître la difficulté
qu'éprouve la nature à
rétablir les mouvemens de la vie dans
leur type naturel, et peuvent par
conséquent faire craindre une
rechute.
-
Cette
édition monumentale de 60 volumes
in-8° (35.000 pages), parue de 1812
à 1822, est le premier dictionnaire
médical encyclopédique du XIXe
siècle, avant ceux de Jaccoud
(1864-1886) et Dechambre
(1864-1889). Elle est l'uvre de
Charles-Louis-Fleury Panckoucke
(1780-1844), fils d'un célèbre
imprimeur-libraire de l'Ancien Régime qui
abandonna en 1807 la carrière de
secrétaire de la présidence du
Sénat pour se consacrer à de
grandes entreprises d'éditions.
Sa première publication fut ce
Dictionnaire des sciences
médicales, pour lequel il fit appel
aux plus grandes signatures de l'époque,
comme les Alibert, Pinel, Esquirol,
Laënnec, Desgenettes ou Larrey. En plus de
4.000 notices et un peu plus de 200
illustrations, ce dictionnaire tente de faire la
synthèse du savoir médical de
l'époque, à la naissance de la
clinique et de l'anatomo-pathologie. Il
rencontra un grand succès commercial qui
arrondit la fortune de son promoteur et assura
une large promotion de la pensée
médicale française. (cf la
BIUM)
Charles-Louis-Fleury
Panckoucke
- (biographie par Paul
Dupont, Panckoucke, 1853)
« Charles-Louis-Fleury Panckoucke est
né à Paris, le 23 décembre
1780. Il avait dix-sept ans quand il perdit son
père, Charles-Joseph Panckoucke, qui,
comme lui, fut un imprimeur distingué.
Peu après, nonobstant sa jeunesse, il fut
nommé secrétaire de la
présidence du sénat, fonctions
qu'il abandonna en 1807, pour se livrer, comme
son père, à de grandes entreprises
d'imprimerie et de librairie.
Sa première opération fut le
Dictionnaire des sciences
médicales, auquel travaillaient les
Alibert, les Marc, les Pinel, les Larrey, etc. :
vaste répertoire, en 60 vol. in-8°,
où sont analysées les
misères de la nature humaine et les
moyens les plus efficaces d'y
remédier.
Encouragé par le succès de
cette première entreprise, il enrichit
bientôt après la botanique d'un
ouvrage précieux , la Flore
médicale, dont une partie des peintures
est due an talent remarquable de Mme
Panckoucke.
Ce dernier ouvrage fut suivi de la Biographie
médicale, et d'un Journal
complémentaire des sciences
médicales.
Après 1815, M. Panckoucke publia son
grand ouvrage des Victoires et Conquêtes
des Français, monument national
destiné à consoler nos braves par
le spectacle de leurs anciennes vertus
guerrières, et à perpétuer
la mémoire de leurs exploits.
La Description de l'Égypte, histoire
complète de notre expédition et de
l'Égypte elle-même, en 26 volumes
in-8°, accompagnés de 887 planches,
suivit de près la publication des
Victoires et Conquêtes, ainsi que le
Barreau français, contenant tous les
chefs-d'oeuvre de l'éloquence judiciaire
en France. Ces publications, d'un ordre
élevé, furent couronnées
par une entreprise colossale, la traduction des
auteurs latins, avec le texte en regard.
Les travaux littéraires de M.
Panckoucke ont contribué également
à sa réputation. Ses études
classiques étaient à peine
terminées, qu'il prononça, sous le
titre de l'Influence des lois sur la morale, un
discours qui fut accueilli favorablement et
inséré, sur la demande de M.
Lanjuinais, an Bulletin de l'Académie de
législation.
Bientôt après, il publia un
petit ouvrage, intitulé : Études
d'un Jeune homme.
En 1801, il fit paraître un opuscule
sous ce titre : De l'exposition, de la prison,
de la peine de mort, avec cette épigraphe
: Point d'humiliation, point de
désespoir, point de sang.
Dès 1803, M. Panckoucke avait
donné des fragments de la Vie d'Agricola.
En 1824, il publia une traduction
complète de la Germanie, avec un nouveau
commentaire extrait de Montesquieu et des
principaux publicistes, et, en 1827, l'Ile de
Staffa et sa grotte basaltique, grand in-folio,
avec carte et planches; enfin, la traduction des
Oeuvres complètes de Tacite, ouvrage
adopté par le conseil de l'instruction
publique.
Comme imprimeur, M. Panckoucke ne fut pas
au-dessous de sa réputation
littéraire et de la
célébrité qu'il
s'était acquise comme éditeur.
En 1827, il présenta à
l'exposition des produits de l'industrie une
magnifique édition latine des Oeuvres
complètes de Tacite, en 4 volumes
in-folio, tirée seulement à 80
exemplaires. A cette occasion, M. Panckoucke
reçut la médaille d'or
décernée par le jury d'exposition.
Il fut décoré en 1826 et
élevé plus tard au grade
d'officier de la Légion d'honneur.
Il était associé correspondant
de la société des Antiquaires
d'Edimbourg, de la société de
l'Ouest, des Académies
d'archéologie de Rome et de Naples, de la
société de Géographie et de
plusieurs autres corps savants.
-
- Charles-Louis Panckoucke est mort laissant
une grande fortune. Son fils, M. Ernest
Pauckoucke, gère aujourd'hui l'imprimerie
que lui a léguée son père.
Il est propriétaire du journal officiel
le Moniteur universel, et auteur d'une
traduction estimée des Fables de
Phèdre, et de plusieurs parties de la
Bibliothèque latine-française,
dont il a été un des
collaborateurs.»
-
-
- L'encyclopédie
méthodique Vicq d'Azyr
1782-1832
- Dictionnaire des sciences
médicales 1812-1822 Charles-Louis-Fleury
Panckoucke
- Dictionnaire
de médecine Béchet ed.
Adelon
1821
- Dictionnaire
de médecine et de chirurgie pratiques
ou "Andral" 1829
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