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Biograhies de neurologues
 
Nouvelle Iconographie de La Salpêtrière
 
 L'histoire des neurosciences à La Pitié et à La Salpêtrière J Poirier
The history of neurosciences at La Pitié and La Salpêtrière J Poirier
 
 
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 Encephalitis lethargica
Its sequelae and treatment
von Economo C
1931
Translated by KO Newman
London: Oxford University Press
 
Influenza RNA not detected in archival brain tissues from acute encephalitis lethargica cases or in postencephalitic Parkinson cases
McCall S, Henry JM, Reid AH, Taubenberger JK
J Neuropathol Exp Neurol
2001; 60; 11; 1121-2
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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 mise à jour du
19 juin 2003
Revue Neurologique
n°5, mai 1928
 
Mouvements involontaires de la face et de la tête, à allure de spasmes rythmiques, survenant chez un malade atteint d'encéphalite léthargique
Octave Crouzon et Paul Ducas 1928
Cinquante ans de sommeil O Sacks

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encephalite
G... est âgé de 19 ans. Il est employé aux PTT comme télépgraphiste. Il vient consulter pour un mouvement particulier qui lui fait ouvrir d'une façon permanente la bouche.

En effet, quand on l'examine, on est immédiatement frappé par son attitude très spéciale, la bouche ouverte, la tête animée de mouvements. Ceux-ci sont très spéciaux et on peut les décrire de la façon suivante :

En premier lieu, on note un abaissement de la mâchoire inférieure, avec contraction des muscles masticateurs. La bouche ainsi ouverte prend une forme de 0 très allongé. Les muscles du menton tirent la lèvre inférieure en bas et la déforment en gouttière. Il reste ainsi dans cette position pendant quelques secondes, présentant des mouvements des muscles péribuccaux et des masticateurs. Puis la bouche se referme assez rapidement, dans une détente et ou voit réapparaitre les fossettes et les plis péribuceaux. Cette fermeture ne dure qu'un moment très court.Elle est suivie très vite d'un nouveau mouvement d'abaissement de la mâchoire. Fermeture et ouverture de la bouche vnit ansi se répéter dans un cycle rythmé, l'ouverture étant la plus longue. L'ensemble a l'aspect d'un bâillement involontaire prolongé et répété.

Mais ces mouvements ne sont pas isolés. Ils s'accompagnent d'une élévation de la tête qui se fléchit sur la nuque par une série de secousses progressives, dans un mouvement qui rappelle la roue dentée et qui amène la tête en hyperextension complète. Les muscles postérieurs de la nuque sont contractés formant deux masses saillantes qui surmontent les sablières anatomiques. Les sterno-cléido-mastoïdiens, se tendent et semblent s'opposer au mouvement. On voit leurs tendons faire saillie au-dessus de la clavicule et du sternum. Quand le mouvement est arrivé à sa limite, il y a comme une détente et la tête est ramenée en hyperflexion. Cette flexion et cette extension se répètent d'une facon continue, à allure rythmique et donnent à la tête l'impression de hocher perpétuellement.

Ces deux variétés de spasmes s'effectuent simultanémentet semblent difficiles à dissocier. Cependant plusieurs hochements se produisent sans que la bouche se ferme. La tête étant en hyperflexion, la bouche a tendance à se fermer tandis qu'elle s'ouvre plus dans l'hyperextension. Enfin l'ouverture de la bouche peut persister isolée pendant plusieurs minutes.

Ces mouvemerts peuvent être modifiés par la volonté et l'émotion. En effet, au début de l'examen, se sentant surveillé, le malade n'arrive pas à les diminuer, au contraire; la bouche reste plus longtemps ouverte et à ce moment on peut même noter des mouvements, de reptation de la langue, qui se tord autour de son axe longitudinal. Au bout d'un certain temps, ayant plus d'assurance. il peut cependant par la volonté les arrêter. Mais cet arrêt ne dure que quelques minutes et il lui est difficile d'empêcher complètement les oscillations de la tête.

Certaines influences extérieures, telles que la parole etl 'écriture, les modifient ; quand il parle, pendant les premières paroles, les mouvements sont arrêtés; maibrusquement l'ouverture de la bouche se produit à nouveau. Quand il écrit, il tient la tête en flexion et ainsi ne présente que des oscillations légères mais l'ouverture de la bouche est peu modifiée. Par aontre, la marche n'a aucune influence.

Les mouvements volontaires sont également susceptibles d'arrêter ces spasmes lui demande-t-on de serrer très fort un objet, dès que la contraction des muscles du bras et de l'avant-bras se produit, les spasmes cessent. Ils se reproduisent, aussitôt les muscles relâchés.

Enfin certains gestes qu'on peut rapprocher des gestes antagonistes décrits dans le torticolis spasmodique, ont également le même rôle. En appuyant l'index sur le menton il peut maintenir sa bouche fermée, saps exercer une pression forte. Mais les oscillations de la tête, bien que moins amples, persistent. Cette inhibition est beaucoup plus nette quand il appuie sa tète sur le poignet, le bras étant fléchi, le coude appuyé suz- la cuisse. Cette attitude a été prise spontanément par lui pour rester au repos.

Enfin si, dans l'hyperextensioa de la tête, la fermeture de la bouche n'est pas possible, dans l'hyperflexion prolongée, les oscillations s'arrêtent et la bouche reste fermée.

On se trouve donc en présence de mouvements involontaires susceptibles d'être modifiés par tout un ensemble de circonstances et qui, quoique discontinus, sont soumis à une sorte de rythme. Les mouvements d'extension et de flexion de la tête sont plus rapides que ceux d'ou~erture et de fermetuie de la bouche. Ils surviennent par périodes à l'allure de 20 par minute environ mais cessent pendant de véritables poses pour reprendre ensuite.

Enfin, il faut noter qu'ils disparaissent complètement pendant la nuit sous l'influence du sommeil. Ces troubles très apparents et qui attirent d'emblée l'attention s'accompagnent cependant d'autres symptômes.

La voix du malade est troublée ; elle est comme fatiguée, sur un timbre bas, monotone, presque chuchotée. Toutes les paroles sont prononcées distinctement mais avec un débit ralenti. S'il peut chanter, il est cependant obligé de rester sur un registre bas et sa voix ne peut s'élever et ne peut atteindre les notes aiguës.

Lorsqu'on l'examine, ou remarque, en plus, de gros troubles qui atteignent la bouche, de petites secousses rythmiques des paupières, très intermittentes, plus marquées quand celles-ci sont baissées et sans synergie avec les spasmes décrits. La bouche ouverte, on voit des mouvements discrets de lalangue qui se tord et se promène le long de, la face interne des arcades dentaires.

Mais il existe surtout des signes d'hypertonie; en effet si, quand il marche, ses bras se balancent bien, si ses mouvements dans l'ensemble ont très souples, on s'aperçoit cependant qu'au niveau des membres supérieurs, il est plus ralenti. Il conserve es attitudes plus longtemps que normalement. Les muscles de la nuque et du bras ne sont pas entièrement relâchés dans les positions de repos, les réflexes de posture soilt nettement exagérés, surtout, à gauche, au niveau du biceps et on observe de ce côté le phénomène de la roue dentée. Il n'y a pas de tremblements.

Devant cet ensemble symptomatique, on est amené à rechercher s'il n'existe pas, dans les antécédents du malade, une encéphalite. On trouve alors qu'il a été hospitalisé, il y a 4 ans, aux Enfants-Malades dans le service du Pr Nobécourt pour de l'insomnie suivie de crises léthargiques avec diplopie. Sorti de l'hôpital, il semblait complètement guéri et reprenait son travail. Mais deux ans après, progressivement, il se sentait moins éveillé. Sa torpeur était telle qu'à chaque instant il avait tendance it s'endormir. Puis apparaissaient les mouvements d'extension et de flexion de la tête, qui, au début, étaient isolés. Ce tic s'augmentait et six mois après se compliquait des mouvements de la bouche. Il s'apercevait de plus que sa salive s'écoulait et était secrétée en quantité plus abondante. Sa voix se modifiait, il parlait plus lentement, sur un ton plus grave et moins fort. Il éprouvait des troubles aussi de la déglutition. Il déclare que maintenant les gros morceaux. en particulier le pain, restent comme accrochés et arrêtés au niveau de son œsophage. Pour boire, il est obligé d'avaler par petites gorgées. Plus récemment, ce tableau s'est compliqué encore par l'apparition de crampes au niveau des mains.Quand il ferme son sac de facteur, sa main droite se crispe, les doigts en flexion; il ne peut l'ouvrir spontanément, et est obligé de s'aider de sa main gauche pour écarter ses doigts.

Ces troubles allant en progressant, il s'est décidé à consulter.

Par ailleurs; l'examen complet du malade ne montre rien d'important. Dans ses antécédents familiaux; rien de notable, ona fait pratiquer dans le serviceun examen radioscopique afin d'examiner le fonctionnement de son diaphragme et de son œsophage. Il n'existé, aucun spasme. Même quand il a la bouche ouverte, les mouvements diaphragmatiques se font normalement. Il avale facilement la bouillie bismuthée qui passe sans arrêt.

Nous nous trouvons donc en présence d'un malade qui. à la suite d'une encéphalite, a vu s'installer toute une série de spasmes atteignant la main, l'oesophage et les muscles du larynx mais dont les plus importants intéressent les muscles de la nuque, du cou et de la face. Il s'agit là de mouvements involontaires, calmés par certaines conditions, inhibés complètement par le sommeil. Ils présentant une allure rythmique très nette. Ils persistent depuis deux ans, et évoluent de façon simultanée avec un syndrome parkinsonien qui, bien que fruste, est nettement caractérisé par une hypertonie des muscles du bras et de la nuque, une exagération des réflexes de posture et le phénomène de la roue dentée.

Il nous semble donc que l'on peut rapprocher ces mouvements des spasmes rythmiques et du syndrome excito-moteur décrits dans les suites de l'encéphalite par M. Krebs et Mlle G. Levy et par MM. Laignel-Lavastine et P. George. (Syndrome excito-moteur cervico facial avec paralysies oculaires d'origine encéphalitique. Société de Neurologie, mai 1926, R. N. no 5.) Leur modification par certaines attitudes et certains gestes antagonistes les rapprochent, d'autre part, du torticolis spasmodique.

 
Leur intérêt nous semble résider dans leur siège un peu particulier, intéressant surtout les muscles des régions dépendant du vago spinal. Cette topographie n'est pas fréquente. Mais, d'autre part, nous nous demandons si l'attitude très spéciale qu'ils donnent au malade et qui ressemble à celle provoquée par le bâillement ne peut pas être rapprochée de l'ouverture permanente de la bouche que l'on peut observer chez certains parkinsoniens. Et, au sujet de l'évolution de ces troubles, on peut soulever la question de savoir si elle ne se fera pas dans ce sens et si à ces spasmes ne pourra pas succéder une attitude permanente réalisant ainsi l'aspect clinique fréquent dans la maladie de Parkinson.
 
 
 
 
Baron Constantin von Economo1876 - 1931
 

Sleep as a problem of localisation von Economo 1930 - pdf

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